Cannes 2016 : William Friedkin, maître de la violence et du malaise
Pour la 69e édition du Festival de Cannes, William Friedkin est l'invité de l'annuelle "leçon du cinéma". A cette occasion, le réalisateur va revenir sur sa carrière, ses inspirations, ses films et sa manière de travailler. Un cinéaste qui s'est révélé être maître dans l'art de choquer le public à travers plusieurs de ses films les plus controversés.
En 1973, William Friedkin, auréolé de l'oscar du meilleur réalisateur pour "French Connection", investit les salles avec son horrifique film d'horreur, "L'exorciste". Avec du recul, les effets spéciaux qui accompagnent la séance d'exorcisme de la petite Robbie, possédée par le diable, prêtent à sourire, mais à l'époque les séances étaient ponctués de cris, de malaises et souvent les spectateurs en faisaient des cauchemars. Car ce qui compte pour le réalisateur, ce n'est pas tant de montrer des images d'horreur, que d'instaurer un sentiment d'anxiété, de malaise. Les cris de la petite fille sont autant insupportables pour la mère, jouée par Ellen Burstyn, que pour le spectateur. Même si à l'époque, les critiques sont partagées, le film est considéré comme un classique du genre et l'American Film Institute le classe en 3e position parmi les meilleurs thrillers de tous les temps, derrière "Les dents de la mer" et Psychose".
La chasse, une enquête dans le milieu gay sado-masochiste
Après deux échecs ("The Sorcerer" et "Têtes vides cherchent coffres pleins"), William Friedkin décide de retourner au polar avec une enquête dans les milieux gays à tendance SM. "La Chasse" est très controversée dès sa sortie, en 1980, avec des scènes de meurtres étouffantes pour les spectateurs. Mais c'est la représentation de la communauté homosexuelle, très stéréotypée et crue, qui va choquer le public. Le réalisateur filme les scènes de drague comme si c'était un documentaire. Son personnage principal, l'enquêteur Steve Burns, est plein de doute et vite dépassé dans sa chasse au serial killer. Le film est très mal accueilli lors de sa sortie, l'obsession du réalisateur de toujours vouloir transgresser les codes du genre, se retourne contre lui.
Bug, la paranoïa poussée dans ses derniers retranchements
William Friedkin est très loin des grands succès de ses débuts, mais il retrouve une seconde jeunesse à la fin des années 2000. Avec "Bug", le réalisateur opère un savoureux mélange d'horreur et de drame. Son personnage principal, interprété par Michael Shannon, un brin paranoïaque, croit avoir des insectes sous sa peau. Ses hallucinations le poussent à bout et le spectateur avec. Le réalisateur fait, comme pour "L'exorciste", un incroyable travail sur la bande-son pour créer un climat d'angoisse et de suspense qui font sauter le spectateur dans son fauteuil, au moindre son strident.
Killer Joe, une effusion de violence physique et psychologique
Regonflé à bloc par les critiques enthousiastes, l'Américain revient en 2012 et délivre un de ses films les plus choquants, "Killer Joe" avec Matthew McConaughey. Ce dernier joue un policier, qui est un tueur à gages à ses heures perdues, engagé par un jeune homme pour tuer une mère de famille. Le film complètement amoral, avec cet homme qui veut tuer sa propre mère pour empocher son assurance-vie, va dans sa dernière demi-heure délivrer un huis clos terrifiant et violent. Dans la peau de ce tueur à gages sadique, qui va se déchaîner tant physiquement que psychologiquement sur les autres personnages, Matthew McConaughey trouve un de ses plus grands rôles.
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