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Cannes 2015 : Woody Allen face à la Shoah et à un homard…
La programmation du jour met face à face trois films aux antipodes les uns des autres. L'événement reste le nouveau Woody Allen, "L'homme irrationnel", avec Joaquin Phoenix et Emma Stone. S'il dirige pour la première fois Phoenix, Woody reprend son actrice de "Magic in Moonlight". Deux films sont par ailleurs en compétition, le "barré" "The Lobster" et le très âpre "Fils de Saul", sur la Shoah...
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Woody se confie ?
En choisissant Joaquin Phoenix comme interprète de "L'homme irrationnel", Woody Allen fait appel à un des meilleurs acteurs de sa génération. Cette rencontre est un événement en soit. Ce rôle d'un prof de philosophie en pleine crise existentielle amoureux d'une de ses étudiantes fait indiciblement écho au cinéaste. Faut-il y voir une identification, une confidence de la part du new-yorkais ? Le film est à Cannes hors compétition, mais il est le fait du jour et justifie la prestigieuse montée des marches de 19H00, reléguant la compétition en seconde zone.La compétition est occupée par deux films très différents : "Le Fils de Saul" du Hongrois László Nemes, qui concourt pour la Palme et la Caméra d'or, comme premier film, et "The Lobster" du Grec Yorgos Lanthimos avec un très beau casting : Colin Farrell, Rachel Weisz, Léa Seydoux et Ben Whishaw.
Polémique ?
Thierry Frémaux avait fait montre d'une rare faute de délicatesse en présentant, lors de la conférence de presse du Festival, "Le Fils de Saul", comme un film pouvant faire polémique, puisque traitant de la Shoah. Le moins que l'on puisse dire, c'est que les commentaires à la sortie de la projection de presse de jeudi étaient très hostiles au film, sans toutefois vouloir faire polémique. Les récriminations reposaient plus sur l'ostentation du cinéaste à vouloir faire un film d'auteur, très formel, sur le sujet, qui traite des "kapos" d'Auschwitz, que sur son fondement. Du moins, en voilà un mal parti…L'Ofni
Quand à "The Lobster" (trad : le homard") de Yorgos Lanthimos, c'est le film Ofni (objet filmique non identifié) du Festival. Une parabole sur le mariage forcée, où dans une société futuriste, les personnes sont obligées de trouver l'âme sœur sinon elles seront transformées dans l'animal de leur choix… Voilà de quoi distraire les festivaliers, avec son sujet loufoque et son casting de choix.
Thierry Frémaux avait eu des mots mieux choisis en présentant le film, disant que c'était un long métrage dont "on ne comprenait pas tout, mais…". Ce qui recoupe les mots de Godard : "L'important n'est pas que l'on comprenne, mais que cela soit beau". Tout est dit.
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