Cet article date de plus de neuf ans.
Cannes 2015 : coup de jeune sur la sélection officielle
Est-ce la première présidence de Pierre Lescure au Festival de Cannes, qui succède à Gilles Jacob, toujours est-il que la sélection officielle du 68e Festival de Cannes, présentée au côté du directeur artistique Thierry Frémaux, a comme un petit goût de renouveau, même si des habitués comme Gus Van Sant, Nanni Moretti ou Jia Zhangke (prix du scénario pour "A Touch of Sin" en 2013) sont présents.
Publié
Mis à jour
Temps de lecture : 13min
Seuls 90% de la sélection officielle définitive ont été présentés jeudi 16 avril, comme cela devient de plus en plus l'habitude chaque année. Ainsi seulement 16 films de la compétition officielle ont été annoncés, sur la vingtaine prévue. Même chose pour la sélection Un certain regard, avec pour l'instant 14 sélectionnés, ainsi que les Hors compétition qui pourraient encore s'enrichir.
Ce retard est dû, selon Thierry Frémaux, à la technologie du numérique. Explication : aujourd'hui les films qui ne sont pas finalisés en janvier peuvent l'être en mars, grâce à cette nouvelle technologie. Donc les films terminés arrivent de plus en plus tard et ne figurent pas forcément dans la première sélection arrêtée.
Les Français en compétition
Si elle n'est pas complète, la sélection des films français en compétition comporte pour l'instant quatre films, dont deux réalisés par des femmes, ce qui est une première.
"Marguerite et Julien" de la Française Valérie Donzelli, avec Jérémie Elkaïm et Anaïs Demoustier, repose sur un scénario de Jean Gruault qui a beaucoup collaboré avec François Truffaut. Le sujet traite de l'amour entre un frère et une soeur, et devait initialement être mis en scène par Truffaut dans les années 70. C'est l'adaptation d'un fait divers, l'histoire de Julien et Marguerite de Ravalet, frère et soeur, exécutés en 1603 pour adultère et inceste. "Mon Roi" de Maïwenn, avec Vincent Cassel et Emmanuelle Bercot, est une histoire d'amour passionnelle et compliquée d'un couple. La réalisatrice avait créé la surprise en 2011 en recevant le Prix du jury pour "Polisse".
Jacques Audiard revient à la compétition après "Un prophète" (Grand prix 2009) et "De rouille et d'os" (en compétition en 2012, reparti bredouille). "Dheepan" retrace le drame sur fond de choc des cultures librement inspiré des "Lettres Persanes" de Montesquieu. Il livre un regard sur la société française d'un réfugié sri-lankais débarqué dans une cité de banlieue parisienne. Sujet social également pour Stéphane Brizé avec "La Loi du marché", interpété par Vincent Lindon. Le réalisateur de "Mademoiselle Chambon" raconte l'histoire de Thierry, qui, après 18 mois de chômage, commence un nouveau travail d'agent de sécurité dans un hypermarché, où on lui demande d'espionner ses collègues. L'Italie en force
Pas moins de trois films italiens sont en compétition cette année, ce qui n'est pas arrivé depuis des lustres.
En premier lieu, "Mia Madre" de l'Italien Nanni Moretti (Palme d'or en 2001 avec "La Chambre du fils") interprété par Margherita Buy, John Turturro et le réalisateur. Moretti est un habitué de la Croisette où il était venu la dernière fois en 2011 avec "Habemus Papam". Autre habitué, mais plus récent, Matteo Garrone, qui a reçu deux Grand prix par le passé (pour "Gomorra" en 2008 et "Reality" en 2012), présente "The Tale Of Tales", avec Salma Hayek et Vincent Cassel. Premier film en anglais et en costumes du réalisateur, il s'agit d'une libre adaptation des contes du XVIIe siècle de l'auteur italien Giambattista Basile. Dernier italien en lice, Paolo Sorrentino, en compétition en 2013 avec "La Grande Belezza", reparti bredouille, mais Oscar du meilleur film étranger aux Oscars 2014. Le réalisateur avait également reçu le Prix du jury cannois en 2008, pour "Il Divo". Dans "La Giovinezza", il s'offre un casting de choc : Michael Caine, Harvey Keitel, Rachel Weisz et Jane Fonda. Le film suit l'histoire de deux vieux amis, un réalisateur et un compositeur de musique à la retraite, en vacances dans les Alpes, pour une cure de jouvence. Le reste de l'Europe
"The Lobster" du Grec Yorgos Lanthimos avec Colin Farrell, Rachel Weisz et Léa Seydoux, a été qualifié par Thierry Frémaux de "film dont on ne comprend pas tout, mais dont la forme différente participe des qualités". Film potentiellement à scandale, il retrace le parcours de personnes ordinaires enfermées dans un hôtel et qui doivent trouver un partenaire en 45 jours, faute
de quoi ils seront transformés en animal… Dans "Son of Saul", le Hongrois Laszlo Nemes évoque en 1944, un prisonnier hongrois forcé à travailler dans un des crématoriums d'Auschwitz, où il tente de sauver des flammes le corps d'un garçon qu'il prend pour son fils. Un premier film qui interroge sur la représentation au cinéma de la Shoah.
"Louder Than Bombs" est réalisé par le Norvégien Joachim Trier, qui avait présenté "Oslo, 31 août" à Un certain regard en 2012, une libre adaptation du "Feu follet" de Drieu la Rochelle. Il réunit cette fois un beau couple d'acteurs, Gabriel Byrne et Isabelle Huppert, complété par Jesse Eisenberg. L'Histoire d'un drame familial, vu par les points de vue d'une femme et d'un homme, évidemment différents. L'Asie toujours présente
Régulièrement en compétition à Cannes depuis 1993, où il reçut le Prix du jury pour "Le Maître de marionnette", le Taïwanais Hou Hsiao-Hsien revient cette année avec "The Assassin" qui retrace le parcours d'une meurtrière sous la dynastie Tang (618-907) en Chine. "Moutains May Depart", du Chinois Jia Zhangke, raconte, à travers un film scindé en trois différentes périodes, l'évolution de la société chinoise. Prix du scénario pour "A Touch of Sin" en 2013 (toujours interdit en Chine) et Lion d'Or à Venise pour "Still Life", le réalisateur explore toujours la société chinoise sous un angle à chaque fois renouvelé.
"Our Little Sister" du Japonais Hirokazu Kore-Eda est l'adaptation d'un célèbre manga. Il reçut le prix du Jury en 2013 pour "Tel Père, tel fils".
Les Anglo-saxons
Partie "anglo-saxonne" et non plus traditionnellement "américaine", puisque seuls deux films sont en provenance des Etats-Unis cette année, dont l'un est signé par un Québécois, et que le seul film battant sous pavillon britannique est réalisé par un Australien.
On se réjouit de revoir Gus Van Sant en compétition, après sa magnifique Palme d'or de 2003 avec "Elephant" et son Prix du 6oe anniversaire en 2007 pour "Parnoïd Park". Il revient avec "The Sea of Trees" interprété par Matthew McConaughey et Naomi Watts. L'histoire d'une rencontre entre un Américain et un Japonais dans "la forêt des suicides" au Japon, où convergent les hommes en détresse qui veulent mettre fin à leurs jours. "Sicario" du Canadien Denis Villeneuve, avec Emily Blunt et Benicio Del Toro, traite des cartels. L'auteur d'"Incendies" et de "Enemy" signe un thriller se jouant dans la zone frontalière s'étendant entre les Etats-Unis et le Mexique, un territoire de non-droit où les trafiquants de drogues internationaux imposent leur pouvoir. Enfin, l'Australien Justin Kurzel (le très dur "Les crimes de Snowtown") signe une nouvelle adaptation de "Macbeth" d'après Shakespeare, après Orson Welles et Roman Polanski. Le film fera l'événement puisque le rôle titre est tenu par Michael Fassbender et celui de Lady Macbeth par Marion Cotillard. Quelque 1854 films ont été visionnés par le comité de sélection cette année, pour n'en retenir qu'une cinquantaine toutes sections officielles confondues (Compétition, Un Certain regard, Hors compétition, Séances de minuit et Séances spéciales). Il en manque encore une petite dizaine qui arriveront ces prochains jours, pour avoir une sélection complète.
Les films hors compétition
Le film d'ouverture est à de rare exception près toujours hors compétition. C'est le cas cette année avec "La Tête haute", de la Française Emmanuelle Bercot, interprété par Catherine Deneuve et Benoît Magimel. Thierry Frémaux a tenu à illustrer avec ce film cette sélection 2015, en la plaçant sous le signe de "la nouveauté, de l'hypothèse et du risque". En effet, d'habitude, le film d'ouverture est plutôt glamour, ou "mainstream" ("Grace", "Gatsby le magnifique", "Moulin rouge"…), en ouvrant le Festival sur un film d'auteur, cette 68e édition veut marquer sa différence.
Le côté plus populaire des festivités sera notamment assuré par la projection en première mondiale du "Mad Max: Fury Road", de George Miller, qui reprend sa trilogie légendaire depuis le début (ce que l'on appelle un "reboot"). Le film, avec Tom Hardy et Charlize Theron (belle montée des marches) sort en salles le jour même de sa projection cannoise, le 14 mai. Woody Allen, qui refuse toujours de figurer en compétition, ne sera pas non-plus sur les marches, mais présentera son nouvel opus, "Irrationnal Man", avec Joaquin Phoenix et Emma Stone. Il y raconte la relation tumultueuse entre un professeur de philosophie en pleine crise existentielle et sa jeune étudiante, dans une université de province. "Vice-Versa" est le dernier film d'animation des studios Pixar/Disney, signé Pete Docter, qui avait déjà vu "Là-haut" projeté Hors compétition en 2009. Le film se déroule dans le cerveau d'une petite fille, où cinq émotions sont au travail : Joie, Colère, Peur, Dégoût et Tristesse. "Le Petit Prince" de Mark Osborne ne se veut pas une adaptation fidèle du conte de Saint-Exupéry. L'histoire d'une petite fille qui rencontre un aviateur, excentrique et facétieux que le Petit Prince va réunir. Une relecture du célèbre ouvrage en animation. Les séances spéciales voient quatre films en émergence.
"Asphalte", de Samuel Benchetrit, aligne à son générique Isabelle Huppert, Gustave Kerven et Valeria Bruni Tedeschi. Ils sont réunis dans un immeuble HLM où l'ascenseur ne cesse de tomber en panne, entraînant des rencontres inopinées entre les habitants.
On ne sait pas grande chose de "Oka", de Souleymane Cissé qui, par le passé, est venu à Cannes en compétition avec "Waati" en 1995, a remporté le Prix du jury en 1987 avec "Yeelen" et a présenté à Un certain regard "Le Vent" en 1982.
"A Tale Of Love And Darkness", de Nathalie Portman, voit la première réalisation de l'actrice projeté à Cannes. Elle est l'interprète principale de son film qui retrace le destin d'un homme, notamment son éducation à Jérusalem durant la création de l'Etat d'Israël. Enfin, "Amnesia", voit le retour de Barbet Schroeder sur la Croisette. Il donne le rôle principal à Marthe Keller, dans cette histoire où Jo, un jeune DJ de Berlin, débarque à Ibiza pour se mettre le pied à l'étrier dans la musique Techno. Il y rencontre Marthe, violoncelliste qui à laissé tombé son instrument et qui se laisse emporté dans l'univers de Jo. A cette occasion Thierry Frémaux a indique que "More" (1969) de Schroeder pourrait être projeté dans le cadre de Cannes Classique. Le film de clôture est quant à lui toujours en attente, mais Thierry Frémaux a assuré qu'il traitera d'une sujet environnemental.
Expectatives
Reste encore pas mal de films en attente, sur lesquels Pierre Lescure et Thierry Frémaux n'on voulu rien dire. Notre liste sera donc enrichie au fil des prochains jours.
Quand au jury, si l'on sait qu'il est présidé par Joel et Ethan Coen, leurs jurés seront dévoilés la semaine prochaine. On parle de Sophie Marceau, mais les rumeurs vont bon train dans les couloirs cannois. Sur le papier cette 68e sélection est plutôt alléchante, prometteuse de découvertes et de surprises. Résultat des courses à partir du 13 mai avec un palmarès annoncé le 24. Lambert Wilson a été désigné, comme l'an dernier, maître de cérémonie, Pierre Lescure promettant plus de spectacle que d'habitude lors de l'ouverture et de la clôture.
Ce retard est dû, selon Thierry Frémaux, à la technologie du numérique. Explication : aujourd'hui les films qui ne sont pas finalisés en janvier peuvent l'être en mars, grâce à cette nouvelle technologie. Donc les films terminés arrivent de plus en plus tard et ne figurent pas forcément dans la première sélection arrêtée.
Les Français en compétition
Si elle n'est pas complète, la sélection des films français en compétition comporte pour l'instant quatre films, dont deux réalisés par des femmes, ce qui est une première.
"Marguerite et Julien" de la Française Valérie Donzelli, avec Jérémie Elkaïm et Anaïs Demoustier, repose sur un scénario de Jean Gruault qui a beaucoup collaboré avec François Truffaut. Le sujet traite de l'amour entre un frère et une soeur, et devait initialement être mis en scène par Truffaut dans les années 70. C'est l'adaptation d'un fait divers, l'histoire de Julien et Marguerite de Ravalet, frère et soeur, exécutés en 1603 pour adultère et inceste. "Mon Roi" de Maïwenn, avec Vincent Cassel et Emmanuelle Bercot, est une histoire d'amour passionnelle et compliquée d'un couple. La réalisatrice avait créé la surprise en 2011 en recevant le Prix du jury pour "Polisse".
Jacques Audiard revient à la compétition après "Un prophète" (Grand prix 2009) et "De rouille et d'os" (en compétition en 2012, reparti bredouille). "Dheepan" retrace le drame sur fond de choc des cultures librement inspiré des "Lettres Persanes" de Montesquieu. Il livre un regard sur la société française d'un réfugié sri-lankais débarqué dans une cité de banlieue parisienne. Sujet social également pour Stéphane Brizé avec "La Loi du marché", interpété par Vincent Lindon. Le réalisateur de "Mademoiselle Chambon" raconte l'histoire de Thierry, qui, après 18 mois de chômage, commence un nouveau travail d'agent de sécurité dans un hypermarché, où on lui demande d'espionner ses collègues. L'Italie en force
Pas moins de trois films italiens sont en compétition cette année, ce qui n'est pas arrivé depuis des lustres.
En premier lieu, "Mia Madre" de l'Italien Nanni Moretti (Palme d'or en 2001 avec "La Chambre du fils") interprété par Margherita Buy, John Turturro et le réalisateur. Moretti est un habitué de la Croisette où il était venu la dernière fois en 2011 avec "Habemus Papam". Autre habitué, mais plus récent, Matteo Garrone, qui a reçu deux Grand prix par le passé (pour "Gomorra" en 2008 et "Reality" en 2012), présente "The Tale Of Tales", avec Salma Hayek et Vincent Cassel. Premier film en anglais et en costumes du réalisateur, il s'agit d'une libre adaptation des contes du XVIIe siècle de l'auteur italien Giambattista Basile. Dernier italien en lice, Paolo Sorrentino, en compétition en 2013 avec "La Grande Belezza", reparti bredouille, mais Oscar du meilleur film étranger aux Oscars 2014. Le réalisateur avait également reçu le Prix du jury cannois en 2008, pour "Il Divo". Dans "La Giovinezza", il s'offre un casting de choc : Michael Caine, Harvey Keitel, Rachel Weisz et Jane Fonda. Le film suit l'histoire de deux vieux amis, un réalisateur et un compositeur de musique à la retraite, en vacances dans les Alpes, pour une cure de jouvence. Le reste de l'Europe
"The Lobster" du Grec Yorgos Lanthimos avec Colin Farrell, Rachel Weisz et Léa Seydoux, a été qualifié par Thierry Frémaux de "film dont on ne comprend pas tout, mais dont la forme différente participe des qualités". Film potentiellement à scandale, il retrace le parcours de personnes ordinaires enfermées dans un hôtel et qui doivent trouver un partenaire en 45 jours, faute
de quoi ils seront transformés en animal… Dans "Son of Saul", le Hongrois Laszlo Nemes évoque en 1944, un prisonnier hongrois forcé à travailler dans un des crématoriums d'Auschwitz, où il tente de sauver des flammes le corps d'un garçon qu'il prend pour son fils. Un premier film qui interroge sur la représentation au cinéma de la Shoah.
"Louder Than Bombs" est réalisé par le Norvégien Joachim Trier, qui avait présenté "Oslo, 31 août" à Un certain regard en 2012, une libre adaptation du "Feu follet" de Drieu la Rochelle. Il réunit cette fois un beau couple d'acteurs, Gabriel Byrne et Isabelle Huppert, complété par Jesse Eisenberg. L'Histoire d'un drame familial, vu par les points de vue d'une femme et d'un homme, évidemment différents. L'Asie toujours présente
Régulièrement en compétition à Cannes depuis 1993, où il reçut le Prix du jury pour "Le Maître de marionnette", le Taïwanais Hou Hsiao-Hsien revient cette année avec "The Assassin" qui retrace le parcours d'une meurtrière sous la dynastie Tang (618-907) en Chine. "Moutains May Depart", du Chinois Jia Zhangke, raconte, à travers un film scindé en trois différentes périodes, l'évolution de la société chinoise. Prix du scénario pour "A Touch of Sin" en 2013 (toujours interdit en Chine) et Lion d'Or à Venise pour "Still Life", le réalisateur explore toujours la société chinoise sous un angle à chaque fois renouvelé.
"Our Little Sister" du Japonais Hirokazu Kore-Eda est l'adaptation d'un célèbre manga. Il reçut le prix du Jury en 2013 pour "Tel Père, tel fils".
Les Anglo-saxons
Partie "anglo-saxonne" et non plus traditionnellement "américaine", puisque seuls deux films sont en provenance des Etats-Unis cette année, dont l'un est signé par un Québécois, et que le seul film battant sous pavillon britannique est réalisé par un Australien.
On se réjouit de revoir Gus Van Sant en compétition, après sa magnifique Palme d'or de 2003 avec "Elephant" et son Prix du 6oe anniversaire en 2007 pour "Parnoïd Park". Il revient avec "The Sea of Trees" interprété par Matthew McConaughey et Naomi Watts. L'histoire d'une rencontre entre un Américain et un Japonais dans "la forêt des suicides" au Japon, où convergent les hommes en détresse qui veulent mettre fin à leurs jours. "Sicario" du Canadien Denis Villeneuve, avec Emily Blunt et Benicio Del Toro, traite des cartels. L'auteur d'"Incendies" et de "Enemy" signe un thriller se jouant dans la zone frontalière s'étendant entre les Etats-Unis et le Mexique, un territoire de non-droit où les trafiquants de drogues internationaux imposent leur pouvoir. Enfin, l'Australien Justin Kurzel (le très dur "Les crimes de Snowtown") signe une nouvelle adaptation de "Macbeth" d'après Shakespeare, après Orson Welles et Roman Polanski. Le film fera l'événement puisque le rôle titre est tenu par Michael Fassbender et celui de Lady Macbeth par Marion Cotillard. Quelque 1854 films ont été visionnés par le comité de sélection cette année, pour n'en retenir qu'une cinquantaine toutes sections officielles confondues (Compétition, Un Certain regard, Hors compétition, Séances de minuit et Séances spéciales). Il en manque encore une petite dizaine qui arriveront ces prochains jours, pour avoir une sélection complète.
Les films hors compétition
Le film d'ouverture est à de rare exception près toujours hors compétition. C'est le cas cette année avec "La Tête haute", de la Française Emmanuelle Bercot, interprété par Catherine Deneuve et Benoît Magimel. Thierry Frémaux a tenu à illustrer avec ce film cette sélection 2015, en la plaçant sous le signe de "la nouveauté, de l'hypothèse et du risque". En effet, d'habitude, le film d'ouverture est plutôt glamour, ou "mainstream" ("Grace", "Gatsby le magnifique", "Moulin rouge"…), en ouvrant le Festival sur un film d'auteur, cette 68e édition veut marquer sa différence.
Le côté plus populaire des festivités sera notamment assuré par la projection en première mondiale du "Mad Max: Fury Road", de George Miller, qui reprend sa trilogie légendaire depuis le début (ce que l'on appelle un "reboot"). Le film, avec Tom Hardy et Charlize Theron (belle montée des marches) sort en salles le jour même de sa projection cannoise, le 14 mai. Woody Allen, qui refuse toujours de figurer en compétition, ne sera pas non-plus sur les marches, mais présentera son nouvel opus, "Irrationnal Man", avec Joaquin Phoenix et Emma Stone. Il y raconte la relation tumultueuse entre un professeur de philosophie en pleine crise existentielle et sa jeune étudiante, dans une université de province. "Vice-Versa" est le dernier film d'animation des studios Pixar/Disney, signé Pete Docter, qui avait déjà vu "Là-haut" projeté Hors compétition en 2009. Le film se déroule dans le cerveau d'une petite fille, où cinq émotions sont au travail : Joie, Colère, Peur, Dégoût et Tristesse. "Le Petit Prince" de Mark Osborne ne se veut pas une adaptation fidèle du conte de Saint-Exupéry. L'histoire d'une petite fille qui rencontre un aviateur, excentrique et facétieux que le Petit Prince va réunir. Une relecture du célèbre ouvrage en animation. Les séances spéciales voient quatre films en émergence.
"Asphalte", de Samuel Benchetrit, aligne à son générique Isabelle Huppert, Gustave Kerven et Valeria Bruni Tedeschi. Ils sont réunis dans un immeuble HLM où l'ascenseur ne cesse de tomber en panne, entraînant des rencontres inopinées entre les habitants.
On ne sait pas grande chose de "Oka", de Souleymane Cissé qui, par le passé, est venu à Cannes en compétition avec "Waati" en 1995, a remporté le Prix du jury en 1987 avec "Yeelen" et a présenté à Un certain regard "Le Vent" en 1982.
"A Tale Of Love And Darkness", de Nathalie Portman, voit la première réalisation de l'actrice projeté à Cannes. Elle est l'interprète principale de son film qui retrace le destin d'un homme, notamment son éducation à Jérusalem durant la création de l'Etat d'Israël. Enfin, "Amnesia", voit le retour de Barbet Schroeder sur la Croisette. Il donne le rôle principal à Marthe Keller, dans cette histoire où Jo, un jeune DJ de Berlin, débarque à Ibiza pour se mettre le pied à l'étrier dans la musique Techno. Il y rencontre Marthe, violoncelliste qui à laissé tombé son instrument et qui se laisse emporté dans l'univers de Jo. A cette occasion Thierry Frémaux a indique que "More" (1969) de Schroeder pourrait être projeté dans le cadre de Cannes Classique. Le film de clôture est quant à lui toujours en attente, mais Thierry Frémaux a assuré qu'il traitera d'une sujet environnemental.
Expectatives
Reste encore pas mal de films en attente, sur lesquels Pierre Lescure et Thierry Frémaux n'on voulu rien dire. Notre liste sera donc enrichie au fil des prochains jours.
Quand au jury, si l'on sait qu'il est présidé par Joel et Ethan Coen, leurs jurés seront dévoilés la semaine prochaine. On parle de Sophie Marceau, mais les rumeurs vont bon train dans les couloirs cannois. Sur le papier cette 68e sélection est plutôt alléchante, prometteuse de découvertes et de surprises. Résultat des courses à partir du 13 mai avec un palmarès annoncé le 24. Lambert Wilson a été désigné, comme l'an dernier, maître de cérémonie, Pierre Lescure promettant plus de spectacle que d'habitude lors de l'ouverture et de la clôture.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.