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Cannes 2014 : une sélection officielle V.I.P

Gilles Jacob a présidé jeudi matin pour la dernière fois la conférence de presse du Festival de Cannes, avant de passer le flambeau à Pierre Lescure l'année prochaine, au côté de Thierry Frémaux, son délégué général. 18 films sont pour l'instant programmés dans la compétition officielle, un 19e devant être annoncé prochainement pour cette 67e édition du 14 au 25 mai prochain.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 13min
Gilles Jacob, président du Festival de Cannes, et Thierry Frémaux, son délégué général, le jour de l'annonce de la sélection officielle, le jeudi 17 avril 2014

Thierry Frémaux a tout d'abord rendu hommage à Gilles Jacob pour son travail à la tête du Festival depuis 2001, et créateur de la section Un certain regard en 1978, alors qu'il était Délégué général du Festival. Il a ensuite défini ce qu'il a appelé "la démocratie cannoise" consistant à permettre à quiconque ayant réalisé un film de plus d'une heure de le soumettre au comité de sélection.

Le délégué général a ensuite égrainé la longue liste des 49 films en provenance de 28 pays différents composant cette sélection officielle, répartie en cinq catégories : la compétition officielle, les films hors compétition, Un certain regard, les séances de minuit et les séances spéciales. S'y ajoute cette année, la Célébration des 70 ans du journal Le Monde avec le film d'Yves Jeuland, "Les Gens du Monde".
Gilles Jacob, président du Festival de Cannes, et Thierry Frémaux, son délégué général, annoncent la sélection officielle devant l'affiche de la 64e édition, le jeudi 17 avril 2014
 (MUSTAFA YALCIN / ANADOLU AGENCY)
Le retour des palmés
La section reine du Festival est particulièrement gâtée cette année, avec, comme à l'habitude le retour d'"habitués", mot qui hérisse Thierry Frémaux et de nouveaux venus.

Parmi les premiers, on ne présente plus les frères Dardenne qui reviennent sur la Croisette avec "Deux jours, une nuit", après leurs Palmes d'or pour "Rosetta" (1999), "L'Enfant" (2005) et leur Grand prix pour "Le Gamin à vélo" (2011). La sortie du film est programmée au 21 mai et voit Marion Cotillard dans le rôle principal au côté de Fabrizio Rongione et d'Olivier Gourmet, des habitués du duo belge. A connotation sociale,  "Deux jours, deux nuits" voit Sandra aidée de son mari essayer de convaincre, le temps d'un week-end, ses collègues à renoncer à leur prime pour garder son emploi. Thierry Frémaux a qualifié le film de "Western belge", Gilles Jacob lançant "ce n'est pas 'Le Train sifflera trois fois', mais "Le Train sifflera une fois" !
Fabrizio Rongione et Marion Cotillard dans "Deux jours, une nuit" de jean-Pierre Dardenne et Luc Dardenne
 (Christine Plenus )
Ken Loach (Palme d'or avec "Le vent se lève" en 2006, et Prix du jury en 2012 avec "La Part des Anges") est quant à lui de retour pour la 12e fois avec "Jimmy's Hall". Il adapte l'histoire vraie d'un communiste irlandais émigré aux Etats-Unis en 1909, puis revenu au pays, activiste politique indésirable et déporté en 1933 aux USA, cas unique en Irlande.
Prix de la mise en scène en 1993 pour "Naked", Palme d'or en 1996 pour "Secrets et mensonges", Mike Leigh est bien récompensé de ses efforts pour être parvenu à réaliser son biopic sur le peintre paysagiste britannique J.M.W. Turner. Tout simplement titré "Mr. Turner", il retrouve pour la cinquième fois son acteur Timothy Spall dans le rôle principal.
Timothy Spall dans "Mr. Turner" de Mike Leigh
 (Simon Mein/Thin Man Films)
Bons baisers du Canada
Lui aussi a quasiment son rond de serviette sur la Croisette, mais n'a jamais remporté la Palme. "Crash" avait tout de même décroché en 1996 le Prix spécial du Jury et il a été président du jury en 1999 : David Cronenberg présentera "Maps to the Stars", avec John Cusack, Robert Pattison, Julianne Moore et Mia Wasikovska. Le film évoque la famille Weiss, dynastie hollywoodienne, obsédée par la célébrité. Une "vision critique de nos sociétés médiatiques", selon Thierry Frémaux.
Son compatriote et ami Atom Egoyan, également habitué de Cannes (cinq fois en sélection officielle), Grand prix pour "De beaux lendemain" en 1997, foulera le tapis rouge avec "Captives".  Le sujet : huit ans après la disparition de Cassandra, ses parents et la police relancent l'enquête, suite à l'émergence d'indices troublants.
Ryan Reynolds dans "Captives" de Atom Egoyan
 (ARP Sélection)
Encore en provenance du Canada, mais de la Belle province, le talentueux Xavier Dolan, fait partie de la compétition officielle avec "Mommy", où une mère se voit confier la garde d'un enfant difficile qui a fait le tour des institutions. Dolan a déjà été sélectionné deux fois à Un certain regard ("Les Amours imaginaires", "Laurence Anyways") et une autre à la Quinzaine des réalisateurs ("J'ai tué ma mère"). Le passage d'Un certain regard à la compétition est un classique que mérite grandement le jeune Québécois (25 ans) qui vient de sortir en salle un formidable "Tom à la ferme".

Les Français
Jean-Luc Godard revient dans la compétition, après avoir été sélectionné six fois par le passé dans la sélection officielle, avec "Adieu au langage", sur un scénario original de sa plume, dont on ne sait rien pour le moment, sinon qu'il a été tourné en 3D, et est interprété par de jeunes acteurs peu connus : Héloïse Godet, Zoé Bruneau et Kamel Abdeli.
Jean-Luc Godard sur le tournage de "Adieu au langage"
 (Wild Bunch Distribution)
Habitué du Festival, Bertrand Bonello a déjà fait quatre fois le voyage à Cannes, où en 2003 il était en compétition officielle avec "Tiresia", et en 2012 avec "L'Apollonide (Souvenirs d'une maison close)". Il est présent cette année avec "Saint-Laurent", le deuxième biopic sur le célèbre créateur de mode, qui, un temps, fut pressenti comme film d'ouverture du Festival. Il a été depuis remplacé par "Grace de Monaco", la biographie filmée de la célèbre princesse, signé Olivier Dahan, avec Nicole Kidman.
Gaspard Ulliel sur l'affiche de "Saint Laurent" de Bertrand Bonello
 (EuropaCorp)
Encore un pilier du Festival : Olivier Assayas, six fois présent à Cannes, avec trois films projetés en compétition : "Les Destinés sentimentales" (2000), "Demonlover" (2002) et "Clean" (2004), "Carlos étant projeté hors compétation en 2010. Il montera les marches avec "Sils Maria", où une comédienne interprète à vingt ans de distance les deux rôles opposés d'une même pièce, cette situation la mettant face à ses doutes. Avec Juliette Binoche, Kristen Stewart et Daniel Brûl.
Juliette Binoche dans "Sils Maria" d'Olivier Assayas
 ( © Les films du Losange)
Toujours côté français, Michel Hazanavicius est de retour, après son triomphal "The Artist" (prix d'interprétation pour Jean Dujardin en 2011), avec "The Search", interprété par son épouse Bérénice Bejot. Le film suit deux histoires parallèles, où lors du conflit russo-tchétchène entre 1999 et 2000, une infirmière d'une organisation humanitaire recueille un garçon tchétchène, pendant qu'un jeune soldat russe vit les vicissitudes des combats.

Japon, Turquie, Mauritanie et Etats-Unis
Après sa Caméra d'or en 1997 ("Suzaku") et son Grand prix en 2007 pour "La Forêt de Mogari", la japonaise Naomi Kawase revient avec "Still the Water". Elle prolonge sa thématique écologique en explorant l’écosystème de l’île Amami Oshima, de l'archipel nippon, entourée de coraux d’où sa famille est originaire. Naomi Kawase expose le cycle de la vie, de la mort et de la reproduction à travers l’histoire de Ten, adolescent de quatorze ans et de son amie Kyoko.
La réalisatrice japonaise Naomi kawase
 ( © D.R. )
Aimé des jurys cannois (Grand prix pour "Uzak" en 2003, Prix de la mise en scène 2008 pour "Les Trois singes", Grand prix 2011 pour "Il était une fois en Anatolie"), le turc Nuri Bilge Ceylan est de retour avec "Sommeil d'hiver", un drame familial où l'ennui fait remonter les rancœurs entre un comédien à la retraite, sa femme et la sœur de cette dernière. Pourvu que l'ennui au centre de ce film de 3h15 ne se propage pas dans la salle…
Le réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan
 ( © D.R. )
L'Afrique revient régulièrement à Cannes et sera présente avec le film du Mauritanien Abderahmane Sissako, Prix du jury Un Certain Regard en 1993 pour "Octobre" et premier prix dans la même sélection pour "En attendant le bonheur" en 2002. Il concourra sous bannière franco-turque avec "Tombouctou" (ex "Le chagrin des oiseaux"). Il revient sur le conflit ethnique au Mali, à travers cette ville de rencontre, historique et mystérieuse, par le passé symbole de tolérance entre les différentes communautés.
Le réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako
 (© LDM Productions )
Premier film américain de la compétition, "The Homesman" de Tommy Lee Jones, devant et derrière la caméra, avec Hillary Swank, Meryl Streep, James Spader, William FFichtner et John Lithgow, est un western. En 1855, trois femmes ayant perdu la raison sont chassées de leur village, et confiées à une pionnière forte et indépendante. Sur leur route vers l'Iowa, elles sauvent la vie d'un vagabond rustre, avec lequel elles s'associent pour affronter les dangers de leur périple.
Le second film en provenance des Etats-Unis est "Foxcatcher", de Bennett Miller ("Truman Capote", "Le stratège") qui vient pour la première fois à Cannes. Le film retrace l'histoire vraie de John du Pont, un riche amateur de sport qui a bâti sur son domaine un centre d'entraînement de lutte olympique. Sa vie a basculé en 1996, quand il tua le champion olympique David Shultz, plaidant la schizophrénie, mais écopant de 30 ans de prison. Avec Channing Tatum, Anthony Michael Hal, Mark Ruffalo, Steve Carell et Vanessa Redgrave.
Premières cannoises
L'Italie est représentée par la deuxième femme en compétition, Alice Rohrwatcher, qui projettera "Les merveilles" avec Monica Bellucci et la sœur de la réalisatrice Alba Rohrwatcher.  Une jeune fille vit avec ses sœurs et son père en symbiose avec la nature, jusqu'à ce qu'un jeune garçon débarque et bouleverse sa vie.
Monica Bellucci
 (ELVIS BARUKCIC / AFP)
L'Amérique du Sud est également représentée avec le film argentin de Damian Szifron "Relatos Savajes" ("Wild Tales"), produit par Pedro Almodovar. Un film à sketches, où se mêlent comédie, thriller et fantastique, dont la tonalité, selon Thierry Frémaux, évoque le surréalisme.

Enfin, la Russie a un film en compétition avec "Léviathan" d'Andrei Zvyagintsev, fable où le destin croisé de personnages projeté dans un monde imaginaire est prétexte à une évocation de la condition humaine, où s'amalgament politique, pouvoir, religieux et amour, avec Vladimir Vdovichenkov, Elena Lyadova et Leksey Serebryakov.

Survol des autres catégories
Hormis le film d'ouverture, "Grace de Monaco" déjà évoqué, sont projetés hors compétition "Coming Home" qui voit le retour sur la Croisette de Zhang Yimou et de Gong Li dans une évocation du traumatisme de la Révolution culturelle en Chine, et "Dragons 2" qui fête les 20 ans du studio d'animation Dreamworks.
Le film de clôture du Festival n'est quant à lui pas encore déterminé et devrait être annoncé la semaine prochaine.

Parmi les Séances de minuit, retenons "The Target", thriller coréen particulièrement relevé par sa violence, selon Thierry Frémaux, ainsi que "The Rover" de l'Australien David Michôd, avec Robert Pattison. Le cinéaste avait beaucoup impressionné avec son premier long métrage "Animal Kingdom" en 2010. Son nouveau film voit un misanthrope, réfugié seul dans le bush australien, attaqué par un gang qui lui vole sa voiture. Il va être aculé à faire équipe avec un de ses agresseurs, blessé et abandonné par les siens.
Parmi les séances spéciales figure le film collectif (Jean-luc Godard, Isild Lebesco, Aïda Begic…) "Les Ponts de Sarajevo", et "Caricaturistes – Fantassins de la démocratie" de Stéphane Valloatto , autour de l'exposition de caricaturistes de par le monde qui avaient exposé leurs dessins l'an dernier à Cannes.

L'importante sélection Un certain regard, forte de 19 films, voit la présence des Français Pascale Ferran et Mathieu Amalric, l'Américain Ryan Gosling et l'Allemand Wim Wenders.

"La Chambre bleue", de et avec Mathieu Amalric et Léa Drucker, est l'adaptation du roman policier éponyme de Georges Simenon, récit d'un amour adultérin virant au crime.
Mathieu Amlaric et Stéphanie Cléau dans "La Chambre bleue" de Mathieu Amalric
 (© Alfama Films (ex-Alma Films) )
"Bird People" de Pascale Ferran, que l'on attendait plus dans la compétition officielle, avec Anaïs Demoustier et Roschdy Zem, conte la rencontre improbable entre un ingénieur américain qui décide de changer le cours de sa vie, et une femme de ménage.
Anaïs Demoustier dans "Bird People" de Pascale Ferran
 ( © Carole Bethuel )
"How to Catch a Monster", premier film de Ryan Gosling ("Drive"), est un thriller fantastique avec l'étoile montante irlandaise Saoirse Ronan (vue dans "The Grand Budapest Hotel") et Eva Mendes. Le film voit une mère et ses deux enfants projetés dans un monde fantastique jusqu'à une mystérieuse ville sous-marine.  
Ryan Gosling tient le rôle principal de "Only God Forgives", un film très violent et esthétisant. 
 (Space Rocket Nation, Gaumont & Wild Bunch)
Le cinéaste allemand Wim Wenders fera son retour sur la Croisette avec "Le Sel de la terre", un documentaire sur le grand photographe brésilien Sebastiao Salgado.
Wim Wenders et Julano Ribeiro Salgado dans "Le Sel de la terre"
 (DR)
"Party Girl", premier film écrit et réalisé par Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis, fera l'ouverture de la sélection. Il "parcourt l'existence d'Angélique, 60 ans, entraîneuse dans un bar de nuit, qui aime encore la fête et les hommes mais qui, devenue la doyenne, se sent en fin de course".
Angélique Litzenburger dans "Party Girl" de Claire Burger, Samuel Théis et Marie Amachoukeli
 (Pyramide Distribution)

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