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Cannes 2014 : émerveillement devant "Le Conte de la Princesse Kaguya"
"Le Conte de la Princesse Kaguya" de Isao Katahata était projeté dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs. Produit par les célèbres studios Ghibli, il reprend une célèbre légende japonaise. Une minuscule princesse découverte dans un bambou est élevée par un couple de paysans. Devenue une magnifique jeune femme elle sera convoitée par tous les nobles, jusqu'à l'Empereur lui-même. Magnifique.
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"Le Conte de la Princesse Kaguya" (Kaguya-hime no monogatari) film d'animation japonais d'Isao Takahata produit par les studios Ghibli. 2h17. Sortie française le 25 juin 2014. La minuscule princesse découverte dans une tige de bambou par un pauvre paysans japonais et ramenée à la maison va se changer en un très beau bébé à la croissance étonnament rapide. En une saison, la petite fille va se muer en une très belle jeune femme. Elle aime la nature et se prend d'amité pour les autres enfants de la région. Mais les parents qui ont, entre temps, découvert un trésor dans une autre tige de bambou décident d'offrir à leur princesse un avenir digne de sa beauté.
Ils l'emmènent vivre à la capitale où tous les nobles la convoitent sur la foi de la seule réputation de sa beauté. L'Empereur lui-même décide d'en faire l'une de ses épouses. Mais le destin de la Princesse Kaguya n'est pas sur la terre et bientôt, elle va devoir rejoindre la Lune d'où elle était arrivée. Pour son retour quatorze ans après son dernier film, Isao Katahata a choisi d'adapter un conte du Xe siècle. Cette fois encore son film sort quasiment en même temps qu'une oeuvre de Hayao Miyazaki. En 1988, Katahata sortait "Le tombeau des lucioles" quand son compère dans la fondation du studio Ghibli présentait "Mon voisin Totoro". Miyazaki vient cette année de sortir "Le vent se lève".
L'image proposée par Katahata conserve le crayonné des esquisses. A l'opposé des grosses machineries animées qui bombardent le spectateur d'effets spéciaux en 3D soulignés par une bande son assommante (Dragons 2, présenté cette année à Cannes par exemple), "Le conte de la Princesse Kaguya" reste traditionnellement dessiné et filmé en deux dimensions. Il résulte de ces choix à la fois minimalistes et ambitieux une véritable oeuvre d'art. Les deux heures dix-sept que dure ce film paraissent beaucoup moins longues que l'heure quarante du Dreamworks sus-nommé. Comme toute légende ancienne, celle-ci est née il y a plus de dix siècles, elle porte des notions beaucoup plus profondes qu'une simple histoire de princesse qui ne veut pas céder à ses soupirants. Dans les films des studios Ghibli, le rapport à la terre, à la nature et au cosmos reste déterminant. Les images de nature au printemps ou en hiver, le rendu de la pluie ou des animaux et spécialement des oiseaux nous conduisent dans le monde des oeuvres des calligraphes et des estampistes japonais. La finesse de Katahata (comme celle de Miyazaki) reste d'offrir un spectacle d'émerveillement visuel et sonore en racontant une histoire qui trouvera un écho en chacun des spectateurs puisqu'elle touche aux fondamentaux.
"Le Conte de la Princesse Kaguya" a déjà sa place parmi les meilleurs films d'animation japonais, au même titre que "Le tombeau des Lucioles" signé du même Katahata en 1988.
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