Mort d'Alain Delon : le douloureux crépuscule d'une légende du cinéma

Un accident vasculaire cérébral (AVC), suivi d'un hématome sous-dural aigu, a marqué le début du déclin de l'acteur en 2019.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le comédien français Alain Delon au Festival de Cannes, le 19 mai 2019. (ANTONIN THUILLIER / AFP)

"Plus que la mort, j'ai peur de l'impotence, j'ai peur de la maladie (...) Je souhaite mourir sans m'en apercevoir." Voici ce que confiait déjà Alain Delon à 45 ans, comme le rapporte l'émission "Beau geste" de France 2. L'acteur, mort dimanche 18 août à l'âge de 88 ans, a vécu un douloureux crépuscule, passant ses dernières années dans son domaine de Douchy (Loiret), gravement malade et placé sous curatelle renforcée par la justice.

Un accident vasculaire cérébral (AVC) suivi d'un hématome sous-dural aigu, à l'été 2019, a marqué le début du déclin de l'acteur. Il avait alors 83 ans. Le comédien souffrait en outre d'un lymphome de type B, un cancer du système lymphatique. Opéré à la Pitié-Salpêtrière, à Paris, il est resté trois semaines en soins intensifs, avant de se reposer dans une clinique en Suisse.

La légende du cinéma n'a plus fait d'apparitions publiques ensuite, donnant de rares nouvelles sur des photos de famille postées par ses enfants sur les réseaux sociaux. Il s'était toutefois déplacé, béquille à la main, en compagnie de son fils Anthony, pour le dernier hommage à Jean-Paul Belmondo, en septembre 2021. Il continuait également d'adresser chaque année à l'AFP un hommage aux femmes de sa vie disparues, aux dates de leurs anniversaires.

"Parfois il est là, parfois ailleurs"

La chute s'est accélérée à l'été 2023, sur fond de graves dissensions entre ses enfants et sa dame de compagnie, Hiromi Rollin, à ses côtés dans sa propriété de Douchy-Montcorbon, à 120 km au sud de Paris. Des plaintes sont alors déposées par les enfants d'Alain Delon pour des faits de violences sur personne vulnérable et abus de faiblesse, visant Hiromi Rollin. S'ensuivront des mois de querelles juridiques et médiatiques entre Anouchka, Anthony et Alain-Fabien Delon, les trois enfants de l'acteur, autour de sa prise en charge, en Suisse ou en France, avant que la justice ne prenne la main et mandate début 2024 un médecin pour évaluer son état de santé, toujours plus dégradé.  

En janvier, son fils Anthony décrit Alain Delon "affaibli" et ne supportant plus "de se voir comme ça, diminué". "Il parle peu, ça le fatigue ou bien ça l'énerve quand on le fait répéter, car sa voix n'est plus toujours placée, je veux dire audible", développe Anthony Delon. "Parfois il est là, parfois ailleurs, il y a des jours avec et des jours sans (...) Il se rend compte, et il oublie, se réfugie dans ses pensées. La majeure partie du temps, on ne sait pas vraiment ce qui se passe dans sa tête", poursuit son frère Alain-Fabien.

"C'est moi qui ai vécu, pas un être factice"

Huit mois avant sa mort, bénéficiant de lourds traitements, Alain Delon est placé "sous sauvegarde de justice" par un juge des tutelles. Le magistrat désigne un mandataire judiciaire qui doit assister l'acteur "pour son suivi médical" et sur le choix des soignants concernés. Au printemps, la mesure est convertie en "curatelle renforcée", un palier supplémentaire qui le prive de la liberté totale de gestion de ses biens, et permet de prendre certaines décisions sur sa prise en charge médicale. La mesure est qualifiée "d'excessive" à l'époque, du côté de sa fille Anouchka Delon. "Il n'a pas perdu la tête", il "regarde l'actualité, il s'exprime", affirme alors son avocat,Frank Berton.

En avril, il a lui-même signé la préface d'un livre qui lui était consacré, Alain Delon, Amours et Mémoires, de Denitza Bantcheva. "L'amour m'a toujours porté à me dépasser", écrit le comédien dans ce livre, où il confie avoir voulu "être le meilleur, le plus beau, le plus fort". Alain Delon s'était aussi confié en 2018, sur le plateau de l'émission "Thé ou café" de France 2, au sujet de l'épitaphe qu'il aimerait voir gravée sur sa pierre tombale :"J'ai aimé souvent. Je me suis trompé quelquefois. Mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui".

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