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Affaire Polanski : la procédure d'extradition définitivement close en Pologne

La Cour suprême de Pologne a refusé mardi de rouvrir la procédure d'extradition vers les Etats-Unis contre le cinéaste franco-polonais Roman Polanski, poursuivi par la justice américaine pour le viol d'une mineure en 1977.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Roman Polanski à Chanceaux-près-Loches en août 2016
 (Guillaume Souvant / AFP)

La décision rejetant le pourvoi en cassation introduit par le ministre polonais de la Justice Zbigniew Ziobro met définitivement fin à la procédure d'extradition entamée en 2014 à la demande de la justice américaine. "Je me réjouis de cette décision qui met un terme à une procedure  ubuesque", a déclaré Me Hervé Temime, l'avocat de Roman Polanski.
 
Roman Polanski , 83 ans, n'est pas venu à l'audience où sa présence n'était pas requise. Ses avocats l'ont immédiatement informé de la décision par texto,  a indiqué l'un d'entre eux. "Il est à Paris, en train de tourner un film", a dit Me Jerzy Stachowicz. "C'est clos en Pologne, en Suisse, en France, on espère que ce sera clos un  jour aux Etats-Unis", a-t-il ajouté.
 
La Cour "rejette le pourvoi en cassation", a déclaré le président de la  séance, le juge Michal Laskowski. Il a expliqué que la Cour avait décidé de soutenir la décision du tribunal de Cracovie qui avait déjà refusé l'extradition de Polanski  en 2015, et de repousser l'argumentation de Zbigniew Ziobro.

Si le pourvoi avait été accepté, Polanski n'aurait plus pu aller en Pologne

Il a souligné qu'une décision sur la cassation ne concernait pas le fond de l'affaire, mais uniquement la régularité de la procédure judiciaire. Il a toutefois relevé que "38 années se sont déroulées depuis l'événement en question, que la partie lésée a publiquement pardonné à Roman Polanski , que ce dernier lui a versé le dédommagement qu'elle réclamait".
 
"Depuis tout ce temps, Roman Polanski  n'a eu aucun conflit avec la justice, depuis plus de vingt ans il mène une vie familiale stable, il travaille et c'est un citoyen polonais âgé de 83 ans. Mais ces circonstances n'ont pas  d'importance légale fondamentale", a encore dit le magistrat.
 
Si la Cour suprême avait accepté le pourvoi, l'affaire aurait été renvoyée devant un tribunal pour être rejugée.
 
Même dans cette dernière hypothèse, et même si le tribunal en question se  prononçait pour son extradition, Polanski ne risquerait pas d'être mis par la  police polonaise dans un avion pour les Etats-Unis, car il vit en France, un pays qui n'extrade pas ses ressortissants. Mais il ne pourrait plus retourner en Pologne.

La victime a demandé l'abandon des poursuites

En 1977, en Californie, Roman Polanski, à l'époque âgé de 43 ans, avait été poursuivi pour avoir violé Samantha Gailey (aujourd'hui Geimer), 13 ans. Après 42 jours de prison, puis sa libération sous caution, le cinéaste qui avait plaidé coupable de "rapports sexuels illégaux" avec une mineure s'était  enfui des Etats-Unis avant l'annonce du verdict, craignant d'être lourdement condamné, malgré un accord conclu avec la justice américaine.
 
La ligne de défense de ses avocats polonais consistait à démontrer que la demande d'extradition n'était pas fondée, compte tenu de cet accord et du temps  passé par Polanski en prison en Californie, puis en 2009-2010 en résidence  surveillée en Suisse. Ce dernier pays a refusé son extradition demandée par les  Etats-Unis.
 
Samantha Geimer a réclamé à plusieurs reprises l'abandon définitif des poursuites, voulant tourner la page une fois pour toutes.

Un pourvoi dans le sens de la politique qui vise les élites libérales

Le pouvoir conservateur polonais avait rouvert en mai la procédure d'extradition de l'artiste, contestant ainsi une décision du tribunal de deuxième instance de Cracovie qui avait tranché en faveur du réalisateur le 30  octobre 2015.
 
Son initiative semblait s'inscrire dans l'orientation générale du  gouvernement populiste de Droit et Justice (PiS) qui déclare mener une oeuvre d'assainissement du pays en prenant pour cible les élites libérales.
 
Dans son pourvoi en cassation, le procureur général, qui est aussi ministre de la Justice dans le gouvernement populiste de Droit et Justice (PiS), a  reproché au tribunal de Cracovie d'avoir "renoncé à élucider suffisamment" certaines circonstances légales en vigueur aux Etats-Unis et "jugé de manière  sélective et trop unilatérale en faveur de Roman Polanski ".
 
Né en France de parents polonais, l'auteur de "Rosemary's Baby" et de "Chinatown" vit en France avec son épouse, l'actrice Emmanuelle Seigner, mais se rend souvent en Pologne. Il n'est jamais retourné aux Etats-Unis, pas même  pour recevoir l'Oscar du meilleur réalisateur en 2003 pour "le Pianiste".

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