Qui est Jean-Claude Arnault, le photographe français accusé d'agressions sexuelles en Suède ?
Face au scandale, le Nobel de littérature 2018 ne sera annoncé qu'en 2019. Un fait rarissime dans son histoire. Au cœur de l'affaire, ce Français de 71 ans.
Une "nouvelle affaire Weinstein". Accusé de viols, d'agressions sexuelles ou de harcèlement sexuel par dix-huit femmes, Jean-Claude Arnault a contraint la fondation Nobel à reporter d'un an l'annonce du prix de littérature 2018. Un événement très rare, qui s'est produit cinq fois en plus d'un siècle d'histoire. Et au centre de ce scandale qui éclabousse les milieux littéraires, on retrouve cet influent Français de 71 ans.
Un Français bien installé à Stockholm
Né à Marseille en 1946, Jean-Claude Arnault est un photographe qui s'est expatrié en Suède, où il vit depuis une quarantaine d'années, rapporte Closer. Il s'est fait une place dans les hautes sphères culturelles en créant, en 1989, un centre du nom de "Forum-Nutidsplats für kultur", réputé pour être un haut-lieu de la culture locale où se donnent conférences et concerts.
Celui qui est également régisseur de théâtre est marié à la poétesse Katarina Frostenson, membre du jury du célèbre prix suédois. Depuis le scandale qui touche son mari, Katarina Frostenson, s'est mise en retrait de l'institution – elle ne peut, comme ses pairs, être remplacée de son vivant.
"Le 19e académicien"
Jean-Claude Arnault est décrit comme quelqu'un d'une très grande influence auprès de l'Académie suédoise. Citée par L'Express, la journaliste à l'origine du scandale, Matilda Gustavsson, décrit : "Pour mesurer son influence, il suffit de savoir qu'il était considéré par certains comme le 19e membre de l'Académie Nobel, qui en compte 18."
Une influence qui ne lui apportait pas que du prestige. Il bénéficiait en effet de généreuses subventions de l'institution pour son Forum. Problème : il est aujourd'hui rattrapé par la justice pour ces subventions qui violent les règles de l'Académie sur les conflits d'intérêts, puisque l'épouse académicienne du photographe possédait elle-même la moitié des parts du lieu.
L'Académie lui a en outre proposé de gérer un appartement parisien située rue du Cherche-Midi, dont elle est propriétaire. Plusieurs des femmes qui accusent aujourd'hui Jean-Claude Arnault décrivent d'ailleurs cet appartement dans leurs témoignages.
Le "Weinstein" de la fondation Nobel
Mais depuis l'automne 2017, moment où le scandale a éclaté, le Français tombe de son piédestal. Accusé par 18 femmes de violences ou de harcèlements sexuels, il a désormais un surnom : "Jean-Kladd", comprenez "Jean-Crade" en suédois.
En novembre dernier, la secrétaire perpétuelle de la fondation, Sara Danius, a révélé que les victimes présumées de Jean-Claude Arnault faisaient partie du petit monde où l'ancien photographe était si influent. Cette dernière précise qu'il avait "harcelé et agressé des académiciennes, des femmes d'académiciens, ainsi que certaines de leurs filles et des salariées de l'académie suédoise". C'est à certaines d'entre elles qu'il aurait d'ailleurs révélé les noms des futurs lauréats du Nobel, dans le simple but de les impressionner, assure Matilda Gustavsson dans le Dagens Nyheter (article payant, en suédois).
Depuis, Sara Danius, ainsi que cinq autres membres (sur 18), ont démissionné. Une partie de l'enquête préliminaire ouverte contre le Français a été classée sans suite pour cause de prescription ou faute de preuves. Il s'agit de viols et d'agressions présumés commis en 2013 et 2015. Les faits non classés n'ont pas été divulgués à ce jour.
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