"House of Cards", "Tout l'argent du monde"... Ces films et séries bouleversés par les scandales sexuels à Hollywood
Dans le sillage des centaines de plaintes déposées contre Harvey Weinstein, les accusations pleuvent sur des grandes figures du cinéma américain... Entraînant l'abandon de superproductions dont le budget atteint des millions de dollars.
Depuis les révélations sur le producteur Harvey Weinstein dans le New York Times et le New Yorker il y a plus d'un mois, l'omerta qui régnait sur Hollywood a volé en éclats de manière spectaculaire. Il ne se passe pas une semaine sans qu'un producteur, acteur ou réalisateur ne soit visé par une ou plusieurs sordides accusations de harcèlement sexuel ou de viol. Mais elles compromettent tous les projets impliquant, de près ou de loin, les hommes accusés. Franceinfo en liste les principaux.
Accusations contre Harvey Weinstein : défections en série, "The Romanoffs" sauvé
Sans surprise, celui par qui la parole s'est libérée est devenu un paria d'Hollywood. Exclu de l'Académie des Oscars, forcé à démissionner de sa propre société, exclu à vie du syndicat des producteurs d'Hollywood : pour Harvey Weinstein, la position d'indétrônable producteur semble désormais bien loin, à mesure que les témoignages s'accumulent à son encontre. A ce jour, près d'une centaine de femmes l'accusent de harcèlement ou d'abus sexuels. En conséquence, les projets liés à la titanesque Weinstein Company prennent l'eau de toutes parts.
Alors qu'Oliver Stone avait d'abord estimé que le producteur était victime d'un "système de justiciers", il a finalement fait volte-face en se retirant de leur projet commun : une série autour de la prison de Guantanamo. Mais l'un des projets les plus ambitieux de Harvey Weinstein était celui de David O. Russell (American Bluff, Happiness Therapy), qui mûrissait une série policière pour laquelle les studios de Weinstein avaient réuni 160 millions de dollars.
Julianne Moore et Robert De Niro étaient pressentis pour les rôles principaux. Cette série devait être coproduite par les studios Amazon, mais la société de production a préféré mettre fin à sa collaboration avec Weinstein. "Avec la débâcle Weinstein et un autre problème chez Amazon, tout le monde a torpillé" le projet, a reconnu l'actrice dans l'émission "Watch What Happens Live with Andy Cohen".
En revanche, Amazon maintient le tournage de sa série intitulée The Romanoffs, dont la production avait déjà commencé depuis plusieurs mois en partenariat avec la Weinstein Company. Cette anthologie en huit épisodes, consacrée à des individus se croyant descendants des Romanov, implique notamment Isabelle Huppert. Elle se poursuit, mais sans les fonds de Weinstein puisqu'Amazon leur en a racheté les parts. Annoncée pour 2018, la série est réalisée par Matthew Weiner, créateur et producteur exécutif de Mad Men.
Accusations contre Kevin Spacey : fin de "House of Cards", urgence pour Ridley Scott
C'est du jamais-vu dans l'histoire de Hollywood. A quelques semaines de la sortie du dernier blockbuster de Ridley Scott, Tout l'argent du monde, l'ensemble des scènes impliquant Kevin Spacey vont être supprimées. Après les multiples accusations d'agressions sexuelles dont le comédien fait l'objet, Ridley Scott a décidé de refaire tourner en urgence toutes les séquences où il apparaissait. C'est Christopher Plummer, acteur initialement pressenti pour le rôle, qui va remplacer Kevin Spacey au pied levé. D'après le Hollywood Reporter (en anglais), il s'agit d'une décision unilatérale de Scott, en accord avec la société de production du film.
D'après Deadline (en anglais), cette décision a été approuvée par l'ensemble de l'équipe et du casting du film, dont Mark Wahlberg et Michelle Williams. Le "pure player" affirme que ceux-ci voulaient éviter que la sortie du film, prévue pour le 22 décembre aux Etats-Unis (le 27 dans les salles françaises), ne soit entachée par le scandale entourant Kevin Spacey. Ce dernier n'avait tourné que huit à dix jours pour ce film, mais il tenait un rôle-clé. Il y incarnait John Paul Getty, l'industriel américain milliardaire qui refusa de payer la rançon pour son petit-fils, John Paul Getty III, kidnappé à l'âge de 16 ans, à Rome, en 1973. Ridley Scott est bien déterminé à maintenir la date de sortie du film, pour permettre à l'équipe de concourir pour les Oscars.
Cette décision, historique, survient après celle de Netflix, qui a mis un terme définitif à sa série-phare House of Cards après la première accusation portée contre Kevin Spacey. La série s'arrêtera donc l'été prochain, à l'issue d'une sixième et dernière saison... sans Frank Underwood. En effet, le 3 novembre, Netflix a annoncé écarter l'acteur de toutes ses productions. Le long-métrage qu'il coproduit sur l'écrivain américain Gore Vidal ne sera pas non plus diffusé sur la plateforme. Une annonce faisant suite aux nombreux témoignages d'employés sur le tournage de House of Cards, recueillis par CNN, et qui font état d'une "ambiance toxique" sur le plateau due au comportement de "prédateur" de Spacey.
Accusations contre Brett Ratner : écarté du "Chardonneret", doutes sur "Wonder Woman 2"
Depuis le 1er novembre, le réalisateur vedette Brett Ratner est sous le feu des accusations de huit femmes, dont les actrices Olivia Munn et Natasha Henstridge. Dans une tribune publiée dans le Los Angeles Times (en anglais), elles rapportent des faits de harcèlement sexuel, de conduite inappropriée et, pour l'une d'entre elles, d'agression sexuelle.
Parmi les dérives décrites, Olivia Munn (Magic Mike, The Newsroom) relate une scène où le réalisateur se serait masturbé devant elle. L'actrice Natasha Henstridge affirme, elle, avoir subi une fellation forcée, au début des années 1990, alors qu'elle n'avait que 19 ans. Des accusations démenties par le réalisateur de 48 ans.
Mais cela n'a pas convaincu les studios Warner Bros. Le jour de la publication de la tribune, ils ont annoncé qu'ils prenaient leurs distances vis-à-vis du réalisateur de X-Men : l'affrontement final ou Rush Hour, et sa société RatPac Entertainment, qui a signé un contrat de cofinancement avec Warner Bros. Brett Ratner est ainsi écarté de l'adaptation du best-seller Le Chardonneret de Donna Tartt, pourtant très attendue. Selon Page Six (en anglais), l'actrice Gal Gadot menace aussi de ne pas rempiler pour le second opus de Wonder Woman si Brett Ratner en reste le producteur.
Selon la même source, l'avenir du contrat entre la Warner et RatPac, s'élevant à 450 millions de dollars, semble lui aussi menacé. Signé en 2013, il doit prendre fin en mars 2018, mais aucune annonce n'a encore été faite quant à une prolongation. Enfin, la direction du magazine Playboy, qui avait engagé Brett Ratner pour un biopic sur son ex-fondateur Hugh Hefner, mort le 27 septembre, a indiqué qu'elle suspendait le projet.
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