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Accusations de harcèlement sexuel : la brouille entre Björk et Lars von Trier en trois actes

Dimanche, la chanteuse et comédienne islandaise a fait état de son expérience catastrophique avec "un réalisateur danois" qu'elle accuse de harcèlement sexuel sur le tournage d'un film. 

Article rédigé par franceinfo
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Le réalisateur Lars von Trier et l'actrice Björk, le 21 mai 2000, lors de l'attribution de la Palme d'or au film "Dancer in the Dark", à Cannes. (PASCAL GUYOT / AFP)

La polémique a éclaté dans le sillage de l'affaire Harvey Weinstein. Dimanche 15 octobre, alors que de nombreuses actrices témoignent des agressions ou du harcèlement sexuels dont elles ont fait l'objet au cours de leur vie professionnelle, la chanteuse Björk fait, à son tour, part de sa triste expérience. 

La star islandaise prend soin de ne pas nommer celui qu'elle accuse de lui avoir fait de multiples avances insistantes. Mais le réalisateur danois Lars von Trier est sorti de son silence en se défendant de tout geste déplacé, relançant un échange d'accusations par médias interposés initié... dix-sept ans plus tôt.   

Acte 1. Björk révèle avoir été harcelée 

C'est sur Facebook que Björk choisit de se confier, dimanche 15 octobre. Dans un post, elle assure avoir été "inspirée par les femmes qui ont pris la parole en ligne, pour évoquer [son] expérience avec un réalisateur danois."  Si elle ne nomme pas directement celui qu'elle accuse de harcèlement sexuel, il n'est pas compliqué de mettre un nom sur ce personnage. La brève carrière au cinéma de l'artiste ne comprend qu'un seul film sous la direction d'un réalisateur danois, la comédie musicale Dancer in the Dark, de Lars von Trier, en 2000 (le film a remporté la Palme d'or à Cannes).

"J'ai pris conscience que le fait qu'un réalisateur puisse toucher et harceler ses actrices à volonté et que l'institution du cinéma le permette était universel", écrit la chanteuse. Elle rappelle qu'à l'époque où elle s'essaye au cinéma, elle est "en position de force dans le monde de la musique et jouit d'une indépendance durement gagnée". Et précise être originaire "du pays [l'Islande] qui se rapproche le plus de l'égalité entre les sexes". "Comme je repoussais à maintes reprises le réalisateur, il boudait et me punissait et donnait à son équipe l'impression que j'étais la personne à problèmes", raconte-t-elle, dénonçant une "équipe d'une dizaine de personnes qui a permis et... encouragé" son attitude.

Dans les interviews qu'elle a données à l'époque de la promotion du film, Björk revenait en effet avec amertume sur cette expérience, jurant aux Inrockuptibles qu'elle ne jouerait plus jamais dans un film : "De tous les points de vue, cette expérience a été catastrophique pour moi. Me retrouver sur un plateau, entouré de centaines de personnes, jour après jour, quel cauchemar ! Chaque matin, je me réveillais et ils étaient là, sous mon nez, tous...", livrait-elle, en 2000. 

Acte 2. Lars von Trier se défend

Dès le lendemain de la publication de ce post accusateur, Lars von Trier s'est défendu dans les pages du quotidien danois Jyllands-Posten. "Ce n'était pas le cas", répond-il aux accusations de harcèlement sexuel. "Mais le fait est que nous n'étions vraiment pas amis", ajoute-t-il.  

Le producteur Peter Aalbaek Jensen, associé à Lars von Trier pour de nombreux films dont Dancer in the dark, affirme au journal que lui et le metteur en scène "sont les victimes". "Cette femme était plus forte que nous deux et notre société mis ensemble. Elle dictait tout et était sur le point de faire capoter un film à 100 millions de couronnes" (13,4 millions d'euros), assure-t-il. De son côté, la chanteuse expliquait, en 2000, s'être battue pour défendre sa vision artistique. 

Acte 3. Pour accréditer son propos, la chanteuse donne des détails 

Au troisième jour de cet échange d'amabilités, Björk précise ses accusations, affirmant, toujours sans nommer le réalisateur, que ce dernier l'avait caressée et embrassée contre son gré à plusieurs reprises durant un tournage. Selon elle, il était "tactile" et "l'étreignait", toujours contre son gré devant l'équipe de tournage, raconte la chanteuse dans un nouveau post Facebook énumérant six situations dont elle a été victime.

"Après deux mois, je lui ai dit de cesser de me toucher, il a explosé et a cassé une chaise devant tout le monde sur le plateau, comme quelqu'un qui a toujours été autorisé à caresser ses actrices, puis nous sommes tous rentrés chez nous", poursuit-elle, précisant la nature des faits qu'elle rapporte. Elle ajoute avoir subi "des propositions sexuelles constamment gênantes, paralysantes, chuchotées et non consenties, en décrivant les scènes" qu'il fantasmait. Björk revient également sur une nuit durant laquelle son harceleur aurait menacé d'entrer dans sa chambre depuis son balcon, avec "une intention clairement sexuelle", la poussant à se réfugier dans une autre chambre. 

Enfin, la chanteuse dénonce "les mensonges racontés à la presse par son producteur et selon lesquels j'étais une personne difficile."  Pour mémoire, une source anonyme avait à l'époque raconté au magazine britannique Q que, prise de fureur, la chanteuse avait déchiré et tenté de manger son T-shirt. Et Björk d'en profiter pour clarifier : "Je n'ai jamais mangé de T-shirt et, d'ailleurs, je ne suis pas sûre que ce soit possible."

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