"Résidence Autonomie" : bienvenue chez les seniors, dans un roman graphique bouleversant d’Éric Salch
Quand tout va mal, restent l’humour, l’ironie bienveillante et l’empathie pour ne pas désespérer. Et il en faut pour lire ce puissant témoignage sur le sort des seniors, anglicisme pudique qui désigne les personnes âgées, dans une résidence spécialisée. C’est l’anti-chambre des Ehpad, des mouroirs diront certains, "le purgatoire avant l'enfer". Pour rédiger Résidence Autonomie (éditions Dargaud), Éric Salch s’est appuyé sur l’expérience de Marc, un ami envoyé du jour au lendemain par Pôle Emploi s’occuper des seniors sans aucune formation. Pour Marc, c’est juste un "job cool, deux nuits par semaine à être payé pour dormir". Très vite, il découvre la réalité de son travail, après une formation express de trois jours. C’est loin d’être un long fleuve tranquille.
Cachez ce miroir !
Marc affronte donc un univers inconnu jusque-là, pour vivre des moments cocasses, voire hilarants pour certains comme le fameux embouteillage dans l’ascenseur, mais aussi des drames, des situations tragiques, des amitiés… et constater qu’il fait le travail d’un infirmier. Un travail prenant, usant et frustrant. Il découvrira qu’il faut parler fort et s’il n’arrive pas à se faire entendre, parler encore plus fort. Toujours plus fort, plus haut. Les pensionnaires sans être grabataires ont souvent perdu toute autonomie. Éric Salch tend un miroir à la société. Avec son trait particulier, il montre, sans chercher à démontrer, ce que vit une partie de la population. Et ce qui attend peut-être certains d’entre nous. Ici, ce n’est pas la vieillesse qui est un naufrage mais plutôt le système de leur prise en charge et de leur accompagnement.
Avec Résidence Autonomie, on rit, on s’émeut, on se révolte et… on réfléchit. Est-ce ainsi que les personnes vieillissent ou sont censées vieillir ? En suivant le quotidien de Marc, on entre comme par effraction chez des personnages qui, au fil des planches, deviennent de plus en plus attachants, de plus en plus proches. Avec son graphisme original et son utilisation de couleurs, Éric Salch rend cette réalité plus tangible et plus supportable. Résidence Autonomie, roman graphique essentiel. Éric Salch, auteur inspiré. Coup de cœur.
"Résidence Autonomie", Éric Salch, Dargaud, 24 euros
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