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Mort de Nikita Mandryka : le journaliste Jean-Pierre Dionnet regrette "un être de paradoxe qu'il ne fallait pas toujours prendre au sérieux"

Nikita Mandryka était à l'origine de la revue L'Echo des Savanes.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le dessinateur Nikita Mandryka en 1971 ( à gauche) et l'une de ses bandes dessinées, "Le concombre masqué : la vérité ultime" ( 2012).  (AFP / FRANCEINFO)

L'auteur de bande dessinée Nikita Mandryka, créateur du personnage comique le Concombre masqué, est mort à 80 ans. Il avait reçu le Grand Prix de la Ville d'Angoulême en 1994 et le Prix du patrimoine du Festival d'Angoulême en 2005 pour son personnage du Concombre masqué, légume un peu dingue et philosophe. "C'était un être de paradoxe qu'il ne fallait pas toujours prendre au sérieux", a expliqué sur franceinfo Jean-Pierre Dionnet, producteur, scénariste, journaliste et éditeur de bande dessinée. Il a fondé le magazine Métal hurlant dans lequel Nikita à a collaboré dans les années 1970.

franceinfo : Quelle place occupe-t-il dans l'histoire de la bande dessinée ?

Jean-Pierre Dionnet : Une place immense. Il invente un des grands personnages de la bande dessinée d'humour absurde, il invente l'Echo des savanes et c'est lui seul qui en a l'idée. Il va vouloir lancer trois journaux dont un qui s'appelle Metal Hurlant, c'est lui qui a trouvé le titre. Comme il va se casser la gueule, il dira : "allez faire Metal Hurlant sans moi". L'Echo des savanes, il va le porter à bout de bras. Ensuite, il va devenir rédacteur en chef de Pilote, Charly, etc. Après, il va revenir au concombre pendant très longtemps. C'était un être de paradoxe qu'il ne fallait pas toujours prendre au sérieux.

De la BD végétale

Comment définiriez-vous son style ?

On ne va pas dire que c'est de la bande dessinée vegan, ce serait un peu exagéré, mais c'est quand même quelqu'un qui a décidé que ses héros seraient des légumes. C'est-à-dire que le héros principal est un concombre masqué comme Zorro et son meilleur ami est un chou-rave. Ses pires ennemis s'appellent les trompe-la-mort et ressemblent à Donald Trump.

Comment l'avez-vous connu ?

Je l'ai découvert assez jeune dans le journal Vaillant où il signe Kalkus et où il fait déjà le concombre masqué. Ensuite, je vais le retrouver à Pilote où il va être le grand dessinateur d'humour absurde. Ensuite, il va s'emberlificoter avec René Goscinny parce qu'il tient beaucoup à une histoire de jardin zen. Goscinny lui demande où est le gag et il répond qu'il n'y a pas de gag. Alors il va aller voir Bretecher, Gotlib, et ils vont créer l'Echo des savanes. C'est un journal qui au final est tenu par Mandryka tout seul. Bretecher livre ses planches, Gotlib livre ses planches et Mandryka commence à faire le concombre et plein d'autres petites histoires dans tous les sens.

"C'est tellement évident que le concombre est son père."

Jean-Pierre Dionnet

à franceinfo

D'où lui est venue l'idée du concombre masqué ?

Il disait qu'il ne savait pas pourquoi il faisait le concombre masqué. Moi, je sais très bien. Nikita Mandryka est le fils d'un amiral de la flotte du Tsar qui à Odessa va s'en aller et va échapper à l'insurrection Potemkinienne. Son père va ensuite passer sa vie comme gardien d'un phare de Bizerte en Tunisie. Le phare de Bizerte c'est le petit château du concombre masqué. C'est tellement évident que le concombre est son père.

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