Mort de Moebius : la tristesse
Jean-Claude Mézières, créateur de la série BD "Valérian et Laureline" qui était à l'Ecole des Arts appliqués avec Moebius quand ils avaient 15 ans : "C'était un fou de dessin. Il passait sa vie sur le papier. J'ai toujours jalousé son habileté... Quand nous étions à l'école et qu'il nous montrait son carnet de croquis, on savait. On savait qu'il avait ce talent, cette intuition géniale, dans la tête et jusqu'au bout des doigts".
Frank Margerin, auteur de la série "Lucien" le rebelle à la banane : "Jean était un génie du dessin mais surtout un ami. C'est une immense perte, et pas que pour le petit monde de la BD. Jean aimait plus que tout dessiner et maîtrisait totalement son art, il avait toujours sur lui un petit carnet dans lequel il +griffonnait+ de purs chefs-d'oeuvre avec une facilité déconcertante. Le regarder dessiner était un bonheur !"
Loustal "C’est grâce à lui qu’on a pu faire de la bande dessinée transformée en une lecture adulte, au niveau du graphisme comme du scénario. Il était un pur génie du dessin, dans le réalisme comme la création personnelle. Même si j’ai ensuite noué des liens proches avec lui, même si nous organisions des sessions de dessins ensemble, dans nos ateliers respectifs, avec François Avril et Mattotti, je me souviendrai toujours d’une date: le n°1 de "Metal Hurlant", le choc graphique d’"Arzak", alors que j’étais étudiant aux Beaux Arts."
Joann Sfar sur son compte twitter : "On existe grâce à Moebus".
Lorenzo Mattotti : "Il a ouvert la possibilité de faire sortir des choses impossibles, de donner forme à un monde personnel. On pouvait enfin concrétiser ces choses qu’on avait en nous, ces images de l’inconscient universel qu’on n’osait dessiner, et que le cinéma n’avait pas encore rendu visibles."
Gilles Ratier, secrétaire général de l'Association des critiques et journalistes de BD (ACBD): "Toute la profession est sous le choc, totalement effondrée, même si on savait qu'il était gravement malade".
Benoît Mouchart, directeur artistique du festival international de la BD d'Angoulême: "La France perd l'un de ses artistes les plus connus au monde: au Japon, en Italie, c'est une star. Moebius a influencé la BD mondiale et son influence sur le cinéma américain est également monumentale".
"Je pèse mes mots: Moebius restera dans l'histoire du dessin au même titre que Dürer ou Ingres. C'était un artiste dont la dimension dépassait de très loin l'univers de la BD, un Maître comme on le dit en peinture, qui a créé une école et cherché toute sa vie à déconstruire son propre style, à se réinventer".
"Jamais Manara, Enki Bilal, Hermann ou Juillard ne dessineraient comme ils le font si Moebius n'avait pas existé".
François Boucq, grand nom français de la bande dessinée, "artiste de l'année" en 1998 à Angoulême: "J'ai perdu un très bon pote. J'ai une vénération particulière pour son travail dans le cadre de la BD et du dessin en général. C'était un maître du dessin réaliste, dont il estimait que c'est l'aristocratie du dessin. Il avait aussi un réel talent humoristique, qu'on devine à l'occasion dans ses ouvrages de science-fiction... et dont il faisait encore largement preuve à l'égard des ses infirmières quand je l'ai vu il y a quinze jours, sur son lit d'hôpital".
Le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand, grand fan de BD: "Il y avait celui qui, sous son propre nom, ou celui de Gir, a créé la merveilleuse série western Blueberry, depuis longtemps entrée dans le panthéon des grands classiques de la BD. Et il y avait un autre Jean Giraud, aussi talentueux mais très différent du premier, qui se faisait appeler Moebius, nom venu d'ailleurs, comme d'une autre galaxie".
L'ancien ministre de la Culture Jack Lang: "Moebius est un des grands qui domine la scène mondiale d'un art qui a pris en France une place et un élan considérable. il a été dans les années 70 et 80 l'homme phare de cet art (...) avec une oeuvre colorée, éclectique et protéiforme. Il est sans doute l'un des plus géniaux créateurs d'arts graphiques".
Les Editions Dargaud rappellent que "celui qui fut l'un des plus grands artistes de la bande dessinée mondiale avait commencé dans les pages de l'hebdomadaire Pilote en 1963: Blueberry, cosigné avec Charlier, restera pour des millions de lecteurs de toutes générations l'archétype de ce que la grande BD d'aventure peut produire de plus fascinant".
"Mais il était bien plus qu'un créateur de génie, c'était un homme remarquable et passionné, attentif aux autres, voulant leur faire partager son imaginaire foisonnant".
François Hollande, candidat socialiste à la présidentielle : "Après Giraud, l'oeil voit le monde autrement". Le candidat PS à la présidentielle François Hollande a exprimé samedi sa "tristesse" à l'annonce du décès du dessinateur de bande dessinée Jean Giraud, "avant tout un artisan de rêves".
"Son oeuvre a forgé le regard et l'imaginaire de plusieurs générations de lecteurs de bande dessinée, mais aussi de dessinateurs, de graphistes, de cinéastes", déclare François Hollande dans un communiqué."Du lieutenant Blueberry, aux traits épurés héritier de la ligne claire, à l'univers singulier d'Arzach ou du Garage hermétique, Giraud, alias Gir, alias Moebius, a bâti un monde de couleurs et de formes à nul autre pareil, aux frontières du réel et des terres inventées, de la science-fiction et de la métaphysique, du dessin et de la poésie", ajoute-t-il.Pour lui "après Giraud, l'oeil voit le monde autrement".
Paulo Coelho sur son compte Twitter : "Ton corps est mort ce jour mais ton travail reste plus vivant que jamais". "Le grand Moebius est mort aujourd'hui, le grand Moebius est encore vivant" a écrit sur son compte twitter l'écrivain brésilien Paulo Coelho, dont Moebius avait illustré le roman "L'Alchimiste", en 1995.
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