Mangas : avec "Evol", Atsushi Kaneko veut dire aux adolescents "qu'une multitude de chemins s'offrent à eux"
"Le monde change en mal", estime le mangaka. "Il était temps pour moi d'exprimer plus franchement ma colère, d'exprimer ce que j'avais à l'intérieur de moi."
L'histoire commence par le suicide, le même jour, de deux jeunes filles et d'un garçon déçus par le monde dans lequel ils vivent. Mais leur tentative échoue et lorsqu'ils reprennent connaissance à l'hôpital, ils découvrent qu'ils ont obtenu d'étranges "pouvoirs" qui normalement sont un héritage familial. Une opportunité pour eux, qui ne veulent plus de ce monde, et sont prêts à tout détruire.
"Evol" est le résultat d'une faute d'orthographe commise par l'un de ces trois jeunes qui voulait taguer le mot anglais "evil" (le mal). Une manière pour lui d'affirmer son envie de détruire le monde.
De manière générale, l'univers d'Atsushi Kaneko est ultra-violent. "Cet appétit pour la destruction a été le moteur de ma création." La plupart du temps, il met en scène des adolescents qui se battent contre les contraintes imposées par la société.
Dans ce manga, Atsushi Kaneko aborde de nombreux problèmes de société et différents thèmes comme le racisme, l'homophobie, le règne par la violence. "J'ai cherché à identifier les problèmes liés au mal-être des adolescents, des problèmes connus, pour mieux toucher le lecteur." Il s'agit de difficultés qu'il y a "non seulement dans la société japonaise, mais aussi dans de nombreux pays à mon avis."
Les super-héros de Evol, Lightning Volt et Thunder Girl, ne ressemblent pas à ceux que l'on a l'habitude de voir. S'ils ont le costume, ils ont malheureusement tendance à toujours donner raison au maire véreux de la ville d'Hiragi afin de faciliter ses affaires. "Cette idée de mal qui se répand simultanément dans le monde est en lien avec ce que je sentais au niveau politique, notamment, comme une ombre sombre qui planait sur le monde."
Contrairement à ses autres titres, Evol a un style plus épuré, les cases sont moins remplies et le mangaka laisse place au ressenti. "J’ai essayé de faire évoluer mon trait, mais c’est aussi ma manière de raconter une histoire sur laquelle j’ai principalement travaillée. Ici j’ai voulu apporter quelque chose de différent. Sur Evol, j’ai notamment beaucoup travaillé sur l’attitude que peuvent avoir les personnes atteintes par une maladie ou un mal-être. Je voulais que l’on puisse identifier leur problème rien qu’en les voyant." Pari réussi. Dans certaines planches, on ressent tout de suite le mal être de ces jeunes alors qu'il n'y a pas ou peu de dialogue.
Avec Evol, Atsushi Kaneko avait envie "de transmettre (son) sentiment de sympathie envers les jeunes, leur dire qu'ils ne sont pas seuls et qu'ils ne sont pas les seuls à souffrir." Le mangaka veut leur montrer "qu'une multitude de chemins s'offrent à eux."
L'auteur a confiance dans la jeunesse actuelle pour changer les choses. "À titre personnel, j'ai l'impression que les jeunes d'aujourd'hui ont plus conscience des problèmes qui les entourent et qu'ils ont un point de vue" sur ces sujets. Ce qui n'était pas forcément autant le cas avant.
Evol, d'Atsushi Kaneko, est publié chez Delcout/Tonkam
Merci à Sébastien Ludmann pour la traduction.
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