Lucky Luke devient sentimental dans "Choco-Boys", dessiné par une figure de la BD gay
L'auteur et dessinateur de BD allemand Ralf König s'empare de l'univers de Lucky Luke et plaide avec humour pour l'acceptation de la différence.
Quand le dessinateur et scénariste allemand Ralf König, connu pour ses BD gays et star dans son pays, s'approprie l'univers de "l'homme qui tire plus vite que son ombre" créé par Morris, Lucky Luke devient sentimental. À découvrir dans Choco-Boys, qui vient de paraître chez Dargaud / Lucky Comics.
König, 61 ans, a derrière lui une longue oeuvre, l'une des rares qu'exporte l'Allemagne dans la BD, où il plaide avec un humour bienveillant pour l'acceptation de la différence.
"Une histoire romantique entre deux cow-boys"
Chez Dargaud, on avait demandé à l'auteur de ne pas redonner au personnage de Morris le goût de la cigarette et de ne pas le rendre homosexuel. Mission accomplie. "Lucky Luke a 75 ans cette année, ça serait bizarre qu'il devienne gay tout d'un coup", reconnaissait Ralf König en septembre dans Libération (réservé aux abonnés). Son Lucky Luke ne fait que prendre en grippe les machistes et moralisateurs qui terrorisent le Far West. Pour son personnage, toutes les histoires d'amour ont droit de cité.
"La violence, les fusillades qu'on voit dans les westerns, ce n'était pas mon sujet. Je voulais raconter une histoire romantique entre deux cow-boys", explique Ralf König. Ou plutôt une bromance entre deux "choco-boys" puisque la mission de ces garçons-vachers consiste à garder des bovins importées de Suisse par un industriel du chocolat pour paître dans une vallée verdoyante au milieu des étendues arides.
Le scénario, conçu comme un vaste flash-back, n'est qu'un prétexte à une foule de quiproquos. S'en mêlent les Dalton, Calamity Jane ou encore un collectionneur d'autographes appelé "Djem Lesstar" (sans ressembler à Jeremstar).
Lucky Luke reste un cow-boy solitaire
Certes, on n'a jamais vu le "poor lonesome cow-boy" (pauvre cow-boy solitaire) en couple avec une femme. Mais il ne se laisse pas aller davantage ici et garde sa part de mystère. Quand un cow-boy lui demande au coin du feu : "T'en as déjà pincé pour quelqu'un, Luke?", il donne un seul nom, féminin. "Une fois ! Y a longtemps ! Joannie Molson !" Les connaisseurs reconnaîtront là un personnage de l'enfance de Lucky Luke, dans la série Kid Lucky.
Ralf König lui-même est arrivé dans la série par amour : son compagnon travaille pour l'éditeur allemand de Lucky Luke. "J'en ai parlé comme ça en passant, en disant que je me lancerais bien dans un projet comme celui-là. Tout en ayant pleinement conscience de mes limites parce que l'univers du western ne m'est pas familier", se souvient-il au micro de l'AFP.
Et alors que l'idée, évoquée de proche en proche, enthousiasmait tout le monde, les débuts ont été compliqués. L'auteur ne parvenait pas à trouver la bonne distance avec un Morris dont il avait été grand fan dans son enfance. "J'ai fini par comprendre qu'il fallait que je dessine la scène comme moi je voulais la dessiner. Une fois que j'ai fait ça, j'ai pris beaucoup de plaisir".
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