"Justes parmi les nations" : une BD raconte comment un couvent de Nice a caché des enfants juifs lors de la Seconde Guerre mondiale
C'est un lieu chargé d'histoire et de spiritualité, le monastère Sainte-Claire de Nice a permis à des centaines d'enfants juifs d'échapper à la déportation. L'histoire de cette action héroïque est aujourd'hui au cœur de la BD Justes parmi les nations (Éditions Plein Vent).
Un monastère pour sauver les enfants juifs
Durant la Seconde Guerre Mondiale, le réseau Marcel constitue l'un des principaux circuits de résistance pour cacher des enfants juifs de la zone sud. Créé en 1943 par Moussa Abadi et Odette Rosenstock avec l’aide de l’évêque de Nice et des pasteurs protestants, ce réseau a permis de sauver 527 jeunes dans les Alpes-Maritimes entre 1943 et 1945. Ils étaient envoyés en cachette dans ce monastère de la colline de Cimiez auprès des sœurs Clarisse.
Dans la BD Justes parmi les nations, c'est précisément ce sauvetage qui est raconté. 80 ans plus tard, les familles restent très liées aux religieuses du couvent. "Il y a des gens qui viennent et qui se souviennent avoir été cachés ici, on leur fait visiter les lieux et dans leur imagination d'enfants ils avaient d'autres souvenirs", raconte sœur Marie Jean-Baptiste.
Glika Rappaport-Zaleman fut l'une de ces enfants rescapés. Elle évoque l’attention que portaient les sœurs du Couvent des Clarisses aux enfants : "Elles nous demandaient surtout de respecter notre religion, en regrettant de ne pouvoir nous donner du pain azyme alors qu’elles éprouvaient les pires difficultés à trouver une quelconque nourriture. Elles nous demandaient de venir à la messe en s’excusant d’avoir à le faire, uniquement lorsqu’il y avait la visite de sinistrés réfugiés au couvent, cela pour ne pas éveiller les soupçons", raconte-t-elle.
Le couvent a été dénoncé à plusieurs reprises et la Gestapo est venue pour rafler les enfants, mais la mère supérieure a réussi à chaque fois à les cacher. En 1944, alors que le monastère est une fois de plus dénoncé, les religieuses font évacuer les enfants dans une autre institution catholique de la région.
Une BD à la façon d'un documentaire
Dessins et scenario racontent comment le sauvetage s’est organisé avec Monseigneur Rémond et les époux Abadi. Ces derniers faisaient ici un travail de dépersonnalisation. "Le jeune apprenait un nouveau nom et prénom, une histoire familiale totalement inventée de manière à pouvoir passer entre les mailles de tous ceux qui les traquaient", explique le scénariste Eric Stoffel.
Dans l’album Justes parmi les nations, le lecteur découvre l'organisation de la résistance niçoise grâce à un récit minutieux. L'histoire palpitante et documentée plonge le lecteur au cœur des heures sombres de l'histoire de France. "On est allés jusqu'à vérifier la couleur du brassard, l'insigne qu'il y avait sur le brassard, c'est un très gros travail de recherche, on a travaillé à la manière d'un documentaire", précise Yvon Bertorello, co-auteur de la BD Justes parmi les nations.
Depuis soixante-dix ans, à l’initiative du mémorial Yad Vashem qui inscrit dans l’Histoire les noms de millions de juifs victimes de la Shoah, sont honorés aussi les Justes parmi les nations qui ont mis leur vie en danger pour sauver des juifs de la barbarie nazie. Rien qu’en France, ils ont été plus de 4 200 à les cacher à leurs risques et périls.
"Justes parmi les nations" de Yvon Bertorello , Eric Stoffel, Serge Scotto au Scénario et Frédéric Allali , Michel Espinosa aux illustrations. Editions Plein Vent
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