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"Je fais de la poétique de gauche" : l'auteur de BD Pascal Rabaté publie "Sous les galets la plage"

Sa dernière bande dessinée se déroule au début des années 60 mais l'auteur et réalisateur Pascal Rabaté, qui a toujours eu le coeur à gauche, l'a voulue comme "une ode à la jeunesse" actuelle, plus engagée selon lui qu'on ne le dit.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'auteur de BD et réalisateur français Pascal Rabaté, chez lui à Nantes, le 16 février 2022. (LOIC VENANCE / AFP)

Ses livres naissent toujours de questionnements et racontent l'époque, de façon métaphorique. Sa dernière BD, Sous les galets la plage (éditions Rue de Sèvres), se déroule au début des années 60, mais il la considère comme "une ode à la jeunesse" actuelle. Dans cet ouvrage, Pascal Rabaté raconte la rencontre d'un fils de militaire rangé et d'une jeune cambrioleuse qui s'attaquent "à la fois aux maisons et à la morale bourgeoises". "On est à la fin de la guerre d'Algérie. C'est un empire qui s'écroule dans un mensonge: la France a perdu mais ne veut pas perdre la face. Le ras-le-bol des jeunes et mai 68 sont en partie nés de ce mensonge", assure-t-il.

En pleine campagne pour l'élection présidentielle, l'auteur de 60 ans, qui a voté "toute (sa) vie à gauche", s'alarme de voir "certains candidats réécrire l'histoire" ou refuser d'en "tirer des leçons". Rien de l'agace plus que d'entendre les candidats à l'Elysée "vanter la légende du roman national" et réécrire le passé.

La couverture de la bande-dessinée "Sous les galets la plage" de Pacal Rabaté. (EDITIONS RUE DE SEVRES)

Des histoires "à rebours du roman national"

"Quand on entend Eric Zemmour dire que Pétain a protégé les juifs de France ou Valérie Pécresse s'insurger du fait qu'Emmanuel Macron s'excuse pour des crimes commis pendant la guerre d'Algérie, on peut se dire que c'est un monstrueux retour en arrière", soupire M. Rabaté. La candidate LR a regretté à plusieurs reprises ces derniers mois la "repentance à sens unique" du président de la République.

En 2008, Pascal Rabaté illustrait un album dédié à la Communarde Louise Michel. En 2016, il publiait La déconfiture, qui évoque la défaite de l'armée française en juin 1940. Des histoires "à rebours du roman national" qu'il raconte toujours à l'aune de destins particuliers. "J'ai un regard de myope: même dans la grande Histoire, c'est l'individu qui m'intéresse", explique-t-il, interrogé chez lui à Nantes par l'AFP.

En avril, l'auteur qui est aussi réalisateur, sortira son quatrième long-métrage, Les sans-dents, avec Yolande Moreau, François Morel et Gustave Kerven.

"Faire la révolution tant qu'on n'a pas mal aux genoux"

La trame de son dernier livre lui est venue lors d'une balade automnale sur la côte bretonne, à Loctudy. Les résidences secondaires, "toutes vides", n'attendaient "qu'un bon cambrioleur". "Il faut faire la révolution tant que l'on n'a pas trop mal aux genoux", s'amuse le sexagénaire. Il s'agace d'entendre dire que la jeunesse d'aujourd'hui est apathique et refuse "de (se) montrer pessimiste sur son engagement politique".

"Il y a les mêmes aspirations que dans les années 1960. Les jeunes qui triment pour le climat ou ceux de Notre-Dame-des-Landes sont des gens qui voient le commun avant de penser à eux", théorise l'auteur. "Bien sûr, il existe des jeunes généreux et des jeunes cons."

Le dernier ouvrage de Pascal Rabaté s'ouvre sur une citation bien connue de Pierre-Joseph Proudhon - "La propriété, c'est le vol" - et s'achève sur un symbole anarchiste. Quand on lui demande s'il considère cette bande-dessinée comme un livre politique, Pascal Rabaté sourit: "Tout est politique. Mais j'essaye de faire en sorte que tout soit poétique aussi. Alors je fais de la poétique de gauche."

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