Inventeur de gadgets et éternel enfant, Jacques Nicolaou, auteur de la BD "Placid et Muzo", est mort
Jacques Nicolaou, le dessinateur de la bande-dessinée culte "Placid et Muzo", est décédé le 30 mai dernier. Les habitants de son village en Charente-Maritime, où un musée éphémère à sa gloire est installé tous les étés, lui rendent hommage.
C'est le genre d'artiste qui semblait avoir fusionné avec ses personnages tellement il avait passé d'heures à leur donner vie avec son crayon. Décédé le 30 mai, Jacques Nicolaou a été le dessinateur de la BD Placid et Muzo pendant des décennies. Ce n'est pourtant pas lui qui avait créé Placid l'ours paresseux et Muzo le renard sérieux, personnages mythiques qui ont fait les beaux jours du magazine Pif Gadget.
La série avait été créée en 1946 par José Cabrero Arnal (dessin) et Pierre Olivier (texte), avant d'être reprise par Jacques Nicolaou à partir de 1958 et jusqu'à sa mort. Figures emblématiques du journal Pif Gadget, Placid et Muzo ont marqué des générations de lecteurs. Une série qui est devenue culte aussi grâce à la créativité de Jacques Nicolaou. Ce dernier offrait souvent ses derniers bricolages avec le magazine. "Il y a un exemplaire avec des pois sauteurs qui s'est vendu à un million d'exemplaires", rappelle Jean-Marie Deleau, ami du dessinateur et ancien journaliste à TF1.
Un artiste dans sa bulle
C'est dans le petit village de Saint-Georges-de-Didonne en Charente-Maritime que Jacques Nicolaou donnait vie à ce duo animal. Attristés par sa disparition, ses amis se rappellent d'un "grand enfant". "Avec sa BD, on voit un peu comment il agissait. Il était avec ses petits dessins de couleurs, il faisait des caricatures... Il était dans son monde", témoigne Philippe Allaire, le propriétaire du musée éphémère ouvert chaque été dans la commune.
C'est dans une ancienne boucherie du village que les habitants pouvaient venir voir ses dernières planches et venir le rencontrer. "On l'exposait chaque année durant une quinzaine de jours et on faisait un vernissage en invitant ses amis. C'était toujours de la simplicité, de la gentillesse, de la bienveillance".
Il était un peu chagriné quand ils ont relancé un Placid et Muzo sans lui"
Jean-Marie Deleau, ami du dessinateur
Un caractère presque naïf qui ne doit pas faire oublier ce qu'il a apporté à la bande dessinée. "Son travail a été suffisamment impressionnant pour qu'il y ait deux artistes contemporains qui aient pris pour pseudonyme 'Placid' et 'Muzo'", note Jean-Philippe Martin, conseiller technique à la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image d'Angoulême.
Le dessin, jusqu'à la fin
Jusqu'à la fin de sa vie, Jacques Nicolaou a dessiné des gags de Placid et Muzo, même si la série avait été relancée en 2015 par d'autres auteurs dans une nouvelle formule du magazine intitulée Super Pif . "Il continuait tous les matins à dessiner leurs aventures en se réveillant. Ça le faisait rire. Il était un peu chagriné quand ils ont relancé un Placid et Muzo sans lui", confie son ami Jean-Marie Deleau, qui avait l'habitude d'aller manger des gâteaux chez le dessinateur à Saint-Georges-de-Didonne.
Une nouvelle exposition éphémère sera consacrée au dessinateur cet été dans son village de Charente-Maritime. Les gags de l'ours et du renard n'ont pas fini de faire rire ses lecteurs de toujours.
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