Hergé, Franquin, Jacobs, Bilal, leurs BD restent, les prix s'envolent
243.000 euros pour une planche de Franquin de 1956 : "Les pirates du silence", l'une des aventures de Spirou et Fantasio, 147.000 euros pour une planche de Blake et Mortimer "La marque jaune de Edgar P. Jacobs qui battait un autre record avec 62.500 euros pour une planche du "Rayon U" datant de 1944.
Le marché de la BD franco-belge dont font partie ces auteurs est actuellement en pleine forme chez les collectionneurs.
Reportage : S. Ricottier, C. Marchand et P. Fremont
"On a marché sur… l'or"
La planche qui a battu le record de la vente est une double planche parue dans "Le Petit Vingtième" en 1939. Elle montre l'avion de Tintin touché par la DCA (Défense Contre Avions) pendant sa chute. Planche noir et blanc à l'encre de Chine dessinée par Hergé lui-même.Sensible aux bouleversements politiques qui commençaient à agiter gravement l'Europe, Hergé avait choisi de raconter dans "Le sceptre d'Ottokar" une histoire qui opposait un petit pays pacifique et traditionnel des (pseudos) Balkans, la Syldavie, à la belliqueuse Bordurie. Toute ressemblance avec des situations connues n'étant bien entendu pas fortuites, celles-ci contribueront au succès de l'album. "Graphiquement, elle est absolument magnifique, commente Eric Verhoest, expert BD chez Sotheby's qui a assuré la vente, parce qu'on a l'impression que Tintin n'est pas très présent. Il est présent sur deux cases, mais tout le travail d'Hergé est, avec le jeu des projecteurs, avec la trajectoire de l'avion, de montrer que Tintin est en réel danger. A la fin de cette double page, on se demande ce que Tintin est devenu".
Ce qui est une règle de construction chez Hergé qui s'astreignait à bâtir ses scénarios selon un rythme de deux pages (voire une seule quand elles étaient publiées dans un magazine) de façon à ce que la dernière vignette se termine toujours sur un coup de théâtre, une surprise ou un énorme point d'interrogation pour inciter le lecteur à passer sans attendre à la page suivante. Cette technique est aujourd'hui couramment employée par les auteurs de polars ou de thrillers.
"Tintin au pays de l'or jaune"
En octobre une autre planche d'Hergé avait déjà tutoyé les sommets de la notoriété. Ce n'étaient pas les hauteurs du Tibet même s 'il s'agissait de la Chine. C'était une planche du "Lotus bleu" vendue à Hong-Kong à plus d'un million d'euros à un acheteur asiatique.Les BD d'époque, véritable "Trésor de Rackham le Rouge"
Dans "Le trésor de Rackham le Rouge", album précédé par "Le secret de la Licorne", il est question de la recherche d'un trésor. Enfoui, comme il se doit pour un trésor !Si les planches signées Hergé atteignent de telles cotes, c'est peut-être parce qu'elles sont, elles aussi, des trésors enfouis: "Dans les années 30, explique Frédéric Benidis, spécialiste BD chez "Comic con Paris", les BD n'étaient pas faites pour être gardées. On en sortait 50.000 exemplaires. Sur les 50.000, 40.000 étaient jetés à la poubelle juste après lecture. Il en restait 10.000 parmi lesquels beaucoup ont été perdus ou déchirés. La rareté joue énormément, comme dans tous les arts".
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