Le retour de Gaston Lagaffe : les 7 différences avec un album de Franquin
Comme avec ceux qu’on trouve dans le journal de Spirou, nous nous sommes amusés au jeu des 7 différences. Vous connaissez ? Deux images côte à côte et vous devez trouver les erreurs ou les différences. Là, l’exercice porte sur le Gaston de Delaf versus celui de Franquin. Vous pourrez aussi jouer en lisant ce nouvel opus, Le Retour de Lagaffe, en librairie le 22 novembre qui, même s’il fera hurler des grincheux, n’est déjà pas une trahison graphique ou un travail bâclé.
1 Un album made in America
Delaf, de son vrai nom Marc Delafontaine, n’est pas belge comme Franquin. Il est Québécois, il a 50 ans et vit à Sherbrooke, une ville à 50 km de la frontière américaine. C’est de là-bas, à son domicile, qu’il a dessiné et conçu le scénario de ce nouvel album. Il y a passé beaucoup de temps, quatre années, notamment durant la période étrange et pas franchement rigolarde de la pandémie. Il est déjà le dessinateur d’une série humoristique à succès, Les Nombrils, qui paraît chez le même éditeur Dupuis.
2 Un Gaston conçu sur un écran
Franquin dessinait ses planches sur du papier. Delaf est passé à l’ordinateur. Il travaille sur une tablette graphique. Et cela convient bien à l’auteur canadien, grand méticuleux. Il a amassé des milliers de fichiers issus des planches originales de Franquin qu’il a conservés sur l’écran latéral de son ordinateur. Il a ainsi pu "retrouver facilement les références à des objets, personnages, décors ou attitudes", a-t-il confié au journal Spirou. Et d’ajouter : "sur tablette graphique, je peux dessiner en très grand format et adopter une posture de travail qui ménage mon dos !".
3 Un 22e tome qui commence en gags et finit en récit
L’essentiel des albums du Gaston de Franquin est une suite de gags. Delaf s’y plie au début avec, il faut lui reconnaître, un certain brio. Puis il glisse peu à peu, de planche en planche, vers une histoire qui finit en aventure quasi policière. C’est la touche la plus personnelle apportée par Delaf à Gaston. Tout comme sa série Les Nombrils qui a commencé par une suite de gags et se prolonge maintenant au gré des albums en histoire où les caractères des personnages sont plus développés.
4 Après le dernier Franquin, mais toujours seventies
Pas de téléphone portable ou d’ordinateur sur les bureaux de la rédaction de Spirou où travaille (enfin "travaille", c’est beaucoup dire) Gaston. À la lecture de l’album, nous ne faisons pas de saut dans le temps. Gaston commence sa carrière en 1957, mais Franquin a donné corps au personnage autour des années 1970, notamment par la publication des albums. Avec Delaf, nous restons dans cette période, mais le Canadien joue avec astuce sur le retour de Gaston. L’action se situe donc après le dernier album de Franquin et toute la rédaction salue avec peu ou prou d’enthousiasme le revenant. C’est donc une suite sans trahison de temporalité sur le gaffeur de Franquin.
5 Les nouveaux gags objets
Les nostalgiques retrouveront dans l’album le mythique Gaffophone, la boule de bowling, le Gaston en latex, la redoutable boîte du petit chimiste ou la collection d’appeaux. Mais Delaf a eu la bonne idée d’ajouter son lot d’inventions en clin d’œil à notre époque : un vélo électrique, un Aïe-Phone, une glace qui transforme Gaston en Spiderman ou un purificateur d’air à essence !
6 Les nouveaux personnages
Absent des albums de Franquin, l’imprimeur fait son apparition dans ce nouveau tome. La bonne cinquantaine bedonnante, le personnage est un râleur. Un psy aussi pointe son (long) nez et soigne une bonne partie de la rédaction. Delaf fait revenir Fantasio. Franquin l’avait écarté des histoires de Gaston pour ne pas faire sombrer le personnage dans la schizophrénie. D’un côté le Fantasio colérique et rigoriste chez Gaston et de l’autre le Fantasio fantaisiste et distrait dans Les Aventures de Spirou et Fantasio.
7 Et Franquin dans tout ça ?
Même si Delaf ne l'a pas dessiné, il est bien présent dans le récit puisqu’il est question de planches de Franquin égarées. Une mise en abyme que l’auteur belge ne s’est jamais permise. D’ailleurs, Franquin n’a jamais fait apparaître dans Gaston des personnages réels de la rédaction de Spirou à l’exception de Raoul Cauvin, le prolifique scénariste des Tuniques Bleues. Cauvin était à l’époque responsable du laboratoire de reproduction des éditions Dupuis. Delaf le ressuscite dans la même fonction pour ce 22e tome qui est, in fine, un bel hommage à son génialissime créateur.
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