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Et si les héros de BD se présentaient à l’élection présidentielle ? Le candidat Pif le chien, jadis proche du parti communiste

C’est un chien sympathique et populaire. Créé par la presse affidée au parti communiste français, il s’est émancipé pour devenir l’ami de tous sauf peut-être d’Hercule. Mais les chats ne votent pas, alors Pif président ?

Article rédigé par Francis Forget
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
"Pif le Mag", successeur de "Pif Gadget", donne dans son numéro d'avril des consignes de vote très claires. (Pif le Mag)

Plus d’un Français sur deux affirme que les propositions des candidats en faveur du bien-être animal pourraient influencer leur vote à la présidentielle selon un récent sondage Ifop. Pif, l’animal le plus célèbre de la bande dessinée française a donc toutes ses chances.

Je suis allé m’en assurer auprès d’un pifophile de renom, Jean-Luc Muller. Cet auteur et réalisateur est un fin connaisseur de l’univers du chien anthropomorphe et de son magazine qui l’a rendu extrêmement populaire, Pif Gadget. Jean-Luc Muller a réalisé un documentaire sur Rahan et son dessinateur André Chéret. Il a lancé un vaste projet audiovisuel consacré à l'histoire et aux auteurs de Pif Gadget destiné à devenir à terme une source d'archives (www.pif-film.com). En 2019, il a monté l'exposition Pif 50 ans de magie à Blois qui a donné lieu à un catalogue très complet.

"Pif, 50 ans de magie", anthologie illusionniste et pifophile de Jean-Luc Muller. (Jean-Luc Muller)

Pif serait le défenseur des animaux, peut-être même le candidat du parti animaliste ?

Jean-Luc Muller : Pas nécessairement. Pif est le défenseur des nobles causes en général. Les enfants, l’écologie, la lutte contre le racisme, ce sont des thèmes qu’il a défendu à travers de grandes campagnes dont Pif Gadget se faisait l’écho. Il est naturellement concerné par le bien-être animal mais les préoccupations de Pif vont bien au-delà de sa condition animale.

Publié dans L’Humanité, il a été créé par un groupe de presse proche du parti communiste français. Pif pourrait être alors le candidat communiste ?

Jean-Luc Muller : Je crois que Pif est sans étiquette. A ses débuts, en 1948, il est publié dans le quotidien L’Humanité et L’Humanité Dimanche. C’est vrai que dans ces titres, il a pu, par exemple, servir à promouvoir la fête de l’humanité. En 1952, on le retrouve dans le journal pour enfant Vaillant et à partir de 1969, ce journal prendra son nom pour devenir Pif-Gadget. Le passage à la presse spécialisée jeunesse va en quelque sorte le dépolitiser. Il aura un statut protégé qui va l’éloigner de toute idéologie. Le chien Pif, comme la souris américaine Mickey, doit parler à tous les enfants. Le Pif candidat, celui de Pif Gadget, s’adresserait à un électorat plus large que les seuls sympathisants du parti communiste.

Son programme est détaillé dans le numéro d'avril 2022 de "Pif le Mag". "De l'amour, de l'amitié et des câlins pour tous" est une des mesures phare du projet pifien. (Pif le Mag)

Se réclamer du peuple, beaucoup de candidats le font. Mais est-ce que Pif ne serait pas le plus légitime à être ce candidat du peuple ?

Jean-Luc Muller : Dans son premier gag imaginé par le dessinateur espagnol José Cabrero Arnal, Pif pique un os. C’est un chien errant. Il vient de la rue et n’a pas de race. Il deviendra ensuite l’animal de compagnie d’une famille française modeste. Incontestablement Pif vient du milieu populaire et connaîtra une très grande popularité. Pif Gadget, qui était un hebdomadaire, sera publié dans les années 70 en moyenne à 450 00 exemplaires. Avec des records à plus d’un million pour certains numéros comme le Pif Gadget des fameux pois sauteurs du Mexique.

Pif proche du peuple et populaire, défenseur des justes causes, il a tout pour être élu, non ?

Jean-Luc Muller : Pif est en plus généreux, n’hésitant pas à se porter au secours des autres, et il est intrépide. Il a un très fort capital de sympathie. Voilà pour les atouts. Ce qui pourrait faire douter les électeurs, c’est son côté parfois un peu candide. Et il peut être facilement remonté quand quelque chose l’énerve. Mais finalement, je ne sais pas ce qu’il ferait d’une telle responsabilité. Il s’est toujours tenu à l’écart des élections à travers son magazine. Je crois que le nom du président de la République n’est jamais apparu dans l’une de ses histoires. Pif est indépendant, je pense qu’il veut le rester.

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