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"Sandman" sur Netflix : une adaptation fidèle et sombre du comics qui mise sur la diversité

Le comics gothique au style "dark fantasy" s’offre une adaptation sur la plateforme californienne. Une série déconseillée aux moins de 18 ans, qui mêle fantastique et questionne sur la nature humaine à travers le regard du Sandman, seigneur du monde des rêves. 

Article rédigé par franceinfo Culture - Margaux Bonfils
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 6min
Tom Sturridge incarne le roi des songes, anti-héros du comics de Neil Gaiman. (@2022 NETFLIX)

Il est peut-être le personnage le plus tourmenté de l’univers DC Comics. Sandman, le roi des rêves, aussi prénommé Dream, est l’anti-héros créé par Neil Gaiman (American Gods, Coraline) en 1989. Une BD à l’univers sombre, parfois horrifique qui est adaptée pour la première fois en série attendue le 5 août sur Netflix. Sandman est incarné par Tom Sturridge (Good Morning England, Irma Vep), il règne sur le royaume onirique depuis la nuit des temps en contrôlant les rêves et les cauchemars des dormeurs. 

Il est l’un des membres des Éternels (The Endless dans la version originale, à ne pas confondre avec ceux de Marvel), une famille qui influence la vie des Hommes, composée de Désir, Désespoir, Destruction, Délire, Destin et la Mort. Un jour, le roi des songes est fait prisonnier sur Terre par un humain, laissant son univers sans contrôle pendant des années. Après sa libération, Dream tentera de retrouver ses pouvoirs et de racheter les erreurs qu’il a pu commettre au cours de sa vie.

Des visuels sublimes

Il faut l’avouer, Sandman en met plein les yeux. Les voyages de Dream dans les rêves des dormeurs donnent lieu à des scènes sublimes, avec des paysages à perte de vue peuplés de créatures fantastiques. On apprécie les choix créatifs assumés parsemés au fil des épisodes, à l’image des costumes et du palais de Désir reconnaissable du premier coup d’œil. Les différents royaumes qu’explore le roi des songes restent fidèles au style gothique du comics, en particulier les enfers, où Gwendoline Christie (Game of Thrones) incarne un Lucifer au visage angélique très réussi.

Dans l’ensemble, les effets visuels sont réussis, malgré un dragon dans les premiers épisodes qui manque de détails. Comme dans la BD, on retrouve le jeu d’ombres et lumières autour du personnage tourmenté incarné par Tom Sturridge. Fidèle à son personnage, il possède un masque massif squelettique qui cache sa peau très blanche, contrastée par des cheveux d’ébène ébouriffés.

Un rythme surprenant

Le rythme de la série peut surprendre au premier abord si on ne connaît pas le comics. Les premiers épisodes suivent une progression classique, le sombre seigneur recherche ses outils dont il a été privé pendant des années. Mais dès le cinquième épisode intitulé 24 heures, Sandman ressemble à une succession des mini-films avec des personnages qui leur sont propres. Ils sont reliés entre eux par la présence de Dream et des Éternels rencontrés à travers différentes époques.

Sur ce point, la série suit scrupuleusement le déroulé de la version papier, en reprenant même parfois intégralement les mêmes dialogues et plans. On devine ici l’influence de son créateur et dessinateur Neil Gaiman, showrunner de la série. Seulement, à l’inverse de la saga, ce changement de rythme est un peu brutal et peut perdre les spectateurs les moins attentifs. Pour les autres, accrochez-vous : il reste encore des belles découvertes à faire dans les derniers épisodes…

Des personnages féminisés 

Les fans remarqueront sans doute quelques entorses de la série au comics, adaptation oblige. Le casting apporte un brin de diversité et plusieurs personnages ont été féminisés, comme Lucifer qui dans la version originale est un être androgyne inspiré de David Bowie. Le bibliothécaire et fidèle bras du maître des songes, Lucien, devient ici Lucienne grâce à l’actrice Vivienne Acheampong. Même chose du côté de l’exorciste John Constantine, devenu Johanna (Jenna Coleman), dans les épisodes prennant place de nos jours.

Le casting apporte une diversité nouvelle qui modernise les comics publiés dans les années 80 sans le trahir pour autant. Toutefois, si la Justice League - l’équipe de super-héros de DC comics - est bien présente dans la bande-dessinée, pas de traces de la ligue dans la série. Il faudra se contenter d’un petit clin d’œil dans le huitième épisode.

Gwendoline Christie incarne un Lucifer aux traits féminins et angéliques. (@2022 NETFLIX)

Des scènes chocs

Pour rappel, la série est conseillée par Netlfix les plus de 18 ans, une décision rarissime pour la plateforme, seule la sulfureuse série Sex/Life possède la même restriction. Cette classification s'explique par le fait que Sandman aborde la nature humaine, à travers ses bons comme ses pires aspects. Certaines scènes peuvent choquer, avec des séquences d’automutilation, de suicides et des cauchemars horrifiques qui restent tout de même dans l’ensemble plus édulcorées que dans sa version papier. Mais la série ne joue pas sur le gore pour le plaisir. Aux côtés du Sandman, le spectateur regarde à la loupe la complexité de l’Homme comme dans un miroir.

Au fil de son voyage, le roi des songes perd de sa froideur et de son égoïsme pour comprendre la nature humaine qu’il côtoie dans son royaume. Sur ce point, même si l’interprétation de Tom Sturridge est bluffante avec sa voix grave sortie d’outre-tombe, il oublie parfois trop vite sa noirceur qui le caractérise.

Sandman, la série dark fantasy adaptée du comic sombre de DC. (NETFLIX)


Sandman
, le 5 août sur Netflix. Déconseillée aux moins de 18 ans.

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