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Charlie Hebdo lance sa version allemande

Angela Merkel assise sur des toilettes, un exemplaire de Charlie Hebdo en main, et le slogan "Charlie Hebdo, le journal qui détend"... C'est l'affiche qu'a choisie l'hebdomadaire satirique pour le lancement jeudi de sa version allemande, sa première expérience hors des frontières françaises.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Affiche pour le lancement de Charlie Hebdo version allemande, novembre 2016
 (Handout / CHARLIE HEBDO / AFP)

La une du Charlie de l'affiche reprend un dessin de Charb paru il y a quelques années, hommage de l'actuel directeur de la publication Riss à son prédécesseur tué dans l'attentat jihadiste qui a coûté la vie à 12 personnes dans les locaux du journal en 2015. "J'ai toujours pensé qu'on pouvait arriver à exporter Charlie Hebdo", raconte à l'AFP Riss, qui a travaillé sur la version allemande pendant plus de six mois.

 "Si on arrive à se fabriquer des lecteurs à l'étranger, on se fabriquera des alliés"

Pourquoi l'allemand plutôt que l'anglais, langue dans laquelle une partie du site est déjà traduit? "On a constaté qu'il y avait une vraie curiosité en Allemagne pour Charlie Hebdo", où l'équipe a été souvent invitée pour des expositions, "à l'inverse, on a rarement été sollicités par la Grande-Bretagne, l'Espagne ou le Portugal" explique Riss. "Beaucoup de gens à l'étranger ont découvert Charlie Hebdo avec le 7 janvier, à travers un événement dramatique, alors que c'est un journal qui est censé faire rire", regrette-t-il.

"Finalement, les gens nous ramènent toujours à ça. C'est vrai que c'est un aspect important de notre identité éditoriale, l'attachement aux liberté de critiquer les religions, mais Charlie Hebdo ce n'est pas que ça", raconte le dessinateur. "Si on arrive à se fabriquer des lecteurs à l'étranger, on se fabriquera des alliés, des gens qui nous aident à diffuser et à faire comprendre ce qu'on est, on ne sera plus les seuls à faire ce travail", espère-t-il.

Culture française du dessin

Une équipe d'environ 12 personnes travaille sur la version germanophone, basée des deux côtés du Rhin dans une répartition qui n'a pas été dévoilée. Une rédactrice en chef allemande a été recrutée à Paris où elle est installée pour superviser l'adaptation et faire le lien entre les deux cultures. Pour des questions de sécurité, la trentenaire a préféré adopter un pseudonyme, Minka Schneider. Consciente des risques qu'elle court à travailler pour Charlie, c'est l'intérêt du projet et l'accueil de l'équipe qui l'ont convaincue, raconte-t-elle.

"Le plus grand défi, ce n'est pas l'humour allemand, c'est cette culture française du dessin de presse qui n'a pas d'équivalent en Allemagne", estime-t-elle. L'Allemagne compte deux mensuels satiriques, Titanic et Eulenspiegel, mais ils ne sont pas comparables à Charlie, selon la journaliste.

Traductions et contenus spécifiques pour l'Allemagne

Si le premier numéro en allemand sera tiré à 200.000 exemplaires, l'équipe ne s'est pas fixé d'objectifs de ventes. "C'est un test, une expérience pour nous. L'idée c'est de construire un lectorat à l'étranger", indique Riss, pour qui "il y a une dimension universelle dans l'humour de Charlie". "Les ressorts humoristiques peuvent fonctionner sur un esprit allemand, après il faut apprendre à connaître les codes de la vie politique et de la vie culturelle en Allemagne", poursuit-il.

"Charlie Hebdo, c'est un journal un peu extra-terrestre à l'étranger", estime le dessinateur. "Dans l'humour de Charlie, il y a un peu de cynisme et de désillusion aussi. Il y a un peu de pessimisme dans les dessins de Charlie, mais on essaye d'en rire", décrit-il.

La maquette allemande, de 16 pages, reprend la maquette française, avec des traductions de textes et de dessins mais aussi des contenus spécifiquement pour l'Allemagne. Et Riss espère recevoir des contributions de jeunes dessinateurs allemands. Pour le premier numéro, il a réalisé un reportage de quatre pages en Allemagne, qui figurera aussi dans le Charlie français.

Mais les unes ne seront pas les mêmes des deux côtés du Rhin : "On va épargner Fillon aux Allemands", glisse Riss.

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