BD : Blain et Lanzac accros aux Chroniques du Quai d’Orsay
Après Robocop, Diplocop. La guerre au Lousdem est imminente. La France fait entendre sa voix par son éminent Ministre des Affaires Etrangères. Pas question de donner son blanc-seing à une sale guerre. Ça ne vous rappelle rien ? L’Irak. Les USA qui accusent Saddam Hussein de cacher des armes nucléaires ou au moins de tout faire pour s’en procurer. Dominique de Villepin combatif et virevoltant à l’ONU. Abel Lanzac et Christophe Blain ne sont pas là pour refaire l’histoire mais pour ajouter une touche romanesque à cet acte de rébellion contre l’omnipotence américaine. En 2010, le premier tome de Quai d’Orsay avait créé la surprise. Plébiscité par la critique et le public, l’album s’était vendu à 110.000 exemplaires. Finalement, il s’agissait de planter le décor et les personnages en vue de ce deuxième tome plus « réaliste » et tout aussi plaisant.
Ancien de la maison, Abel Lanzac nous fait pénétrer dans les arcanes du Quai d’Orsay par la porte de derrière. Taillard de Worms insaisissable, c’est donc dans son ombre, dans le quotidien d’Arthur Vlaminck, qu’on essaie de suivre ses talons. Ce jeune fonctionnaire est responsable des « langages », la partie visible de l’iceberg : les discours. Un métier toujours sur le fil des mots, à trouver la bonne formule. Avec Villepin, euh Taillard de Worms, l’exercice se révèle de l’art tant les idées, fulgurantes autant que farfelues, fusent à la vitesse d’un Frédéric Lefebvre au sommet de sa forme. « Seul un auteur ayant fréquenté les couloirs du Quai d’Orsay pouvait rendre avec autant de vérité son fonctionnement, explique l’éditeur François Le Bescond. Cette crédibilité est l’une des grandes force de l’album. »
L’autre est dans le style énergique de Christophe Blain. Sa performance est époustouflante. Sous quelques coups de crayons « fumants », son Vorms crève la page. Il est la vie, la passion, la furie. Sa prestance et sa carrure en font un personnage shakespearien jusque sur une plage où le Ministre vient livrer ses cours de diplomatie devant une foule en maillot de bain subjuguée. Et nous avec. « Tout l’enjeu de notre travail consistait à être à la fois juste et romanesque », explique le dessinateur. Avec Lanzac, ils ont trouvé le ton adéquat entre joyeux délire et autocritique. « Les deux albums ont été élaborés dans une atmosphère de folie comparable à celle que nous décrivons, raconte Lanzac. Nous avons travaillé dans une espèce de chaos organisé, reprend Blain. L’exercice du pouvoir procure l’effet d’une drogue dure. J’ai eu l’impression d’être « passé dans la machine », moi aussi ! ». Pour les lecteurs non, ça ne va pas être facile de décrocher…
Quai d’Orsay Tome 2 « Chroniques diplomatiques »
Par Abel Lanzac (scénario) et Christophe Blain (dessins)
Editions Dargaud
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