Avec "Julieta", Almodovar fait du Almodovar, en toute simplicité
On l'avait perdu dans un avion, celui des Amants passagers, une comédie ratée. Pedro Almodovar revient à ses fondamentaux, dans un style sec, sans la moindre fantaisie. Julieta, c'est du Almodovar à l'os, un concentré de son cinéma, identifiable dès la première image. Il suffit qu'une femme au visage tendu, regard caché par des lunettes de soleil, se retourne dans une rue de Madrid pour qu'on reconnaisse le maître du drame sentimental.
Julieta n'a pas revu sa fille depuis une dizaine d'années quand le hasard lui permet de repartir sur sa trace. Après la mort du père, cette adolescente a coupé les ponts avec sa mère. Almodovar déploie ses gammes, il filme les secrets de famille, la douleur de l'abandon, le poids de la culpabilité. Le réalisateur qui nous a fait découvrir tant de belles actrices en accueille deux nouvelles dans son univers, qui jouent Julieta à deux âges de la vie. C'est Adriana Ugarte qui est la jeune femme. Elle décrit la direction d'actrice de "Pedro" : "C'est très fort, très intense. Il ne cherche pas seulement un bon résultat, il cherche un résultat qui te surprenne toi-même ."
Epuré, sans artifice, le langage d'Almodovar gagne en puissance et en émotion. A 66 ans l'homme porte une grande tristesse, mais il nous dit encore qu'il faut vivre avec amour.
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