Aurélie Filippetti, la BD et les médias : retour sur un clash en quatre actes
La ministre de la Culture a violemment pris à partie "Télérama", "Rue89" ou encore "ActuaLitté" sur Twitter. En cause, la reprise de certains de ses propos sur la BD.
Aurélie Filippetti sait manier le "mot-dièse" : #çasuffit, #gardezvosleçons, #malhonneteteintellectuelle, #marredelintox... La ministre de la Culture a violemment pris à partie plusieurs médias sur le réseau social Twitter vendredi 8 février. En cause, la reprise par Télérama, Rue89 ou encore ActuaLitté de certaines de ses déclarations sur la BD, prononcées en marge du festival d'Angoulême. Francetv info déroule un clash en quatre actes.
Acte 1 : l'interview incriminée et sa reprise
Mercredi 6 février, le site spécialisé ActuaBD publie une interview d'Aurélie Filippetti, sobrement intitulée "L'essentiel est que la diversité du marché éditorial de la BD soit conservée". A l'intérieur, se trouvent deux phrases à la portée plus polémique :
- "La bande dessinée est un art populaire et une manière de faire lire les enfants."
- "Non, on ne m’a pas parlé de 'crise de la BD'. Par rapport à l’ensemble de l’industrie du livre, c’est même un secteur qui se porte bien."
Ces deux phrases sont mises en exergue le lendemain par plusieurs médias, dont Télérama, Rue89 et le site spécialisé dans l'édition ActuaLitté, qui publie la tribune d'une auteure de BD, Isabelle Bauthian, intitulée "Non madame Filippetti, tout n'est pas 'extrêmement positif'".
Acte 2 : la colère des auteurs de BD
Dans le sillage d'Isabelle Bauthian, plusieurs auteurs de BD réagissent à ces propos. Sur son blog, la dessinatrice Tanxxx s'adresse à la ministre pour regretter "les poncifs que [celle-ci] align[e] à propos de notre medium, la BD-c’est-rigolo-et-ça-fait-lire-les-enfants-mais-surtout-les-garçons". Et ajoute que "le seul secteur qui se porte bien dans la BD, ce sont éditeurs mainstream, et au prix de contrats absolument scandaleux imposés aux auteurs".
Autres réactions outrées, signalées par le blog Rézonances du Monde.fr : celle de Sandro qui, dans sa Lettre à Mme Aurélie Filippetti, fait part de ses "sentiments" partagés "entre tristesse et colère". Ou encore celle de Maiana Bidegain, réalisatrice du documentaire Sous les bulles, l'autre visage de la bande dessinée, qui publie sur Facebook la copie de son mail salé adressé au ministère.
Acte 3 : la réponse (très) énervée de Filippetti sur Twitter
Vendredi matin, la ministre de la Culture poste une salve de tweets (sept au total) énervés pour répondre à chacun de ses détracteurs. En voici quelques-uns :
@telerama on était habitué à davantage d'honnêteté chez Telerama. Caricature, propos tronqués, malveillance et désinformation #çasuffit
— Filippetti Aurélie (@aurelifil) 8 février 2013
@actualitte au lieu de donner des leçons aux autres, prenez des leçons de journalisme et d'honnêteté intellectuelle
— Filippetti Aurélie (@aurelifil) 8 février 2013
@cherbouquin @actuabd @rue89 quand la mauvaise foi le dispute aux mensonges et aux extraits d'interviews tronqués...
— Filippetti Aurélie (@aurelifil) 8 février 2013
Pour sa défense, la ministre affirme également sur le réseau social que c'est elle "qui [a] relancé les discussions sur le contrat d'édition afin de protéger les auteurs !"
Acte 4 : la mise au point du ministère et de l'auteur de l'interview
Contacté par Rézonances, le conseiller d'Aurélie Filippetti revient sur les conditions de l'entretien accordé par la ministre : "Il a eu lieu lors d'un atelier avec des élèves de CM1 et CM2, dans le cadre du tour de France de l'éducation artistique initié par le ministère de la Culture et qui s'arrêtait à Angoulême. D'où la focalisation sur les enfants lors de l'interview."
Il ajoute qu'"il est reconnu qu'au niveau macroéconomique, la BD est un secteur qui marche bien. Ne se concentrer que sur ces deux phrases et dire que la ministre vit dans le pays des Bisounours est malhonnête."
Quant à Didier Pasamonik, l'auteur de l'interview publiée sur ActuaBD, il donne plutôt raison à Aurélie Filippetti, "la ministre de la Culture qui connaît le mieux la BD de toute l’histoire de la Ve République". Interrogé par Rue89, il indique que "le marché de la BD a progressé de 0,7% en valeur entre 2011 et 2012". Alors, enterrée la hache de guerre ?
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