Visite du Louvre dans la peau d'une personne âgée, pour mieux comprendre les difficultés de ce public
Le dos voûté sur une canne, les yeux plissés, Catherine peine à sortir des pièces de monnaie pour payer son billet d'entrée au Louvre. Cette employée du musée n'est pourtant pas âgée mais elle s'est mise dans la peau d'une femme de 80 ans pour mieux comprendre ce public. Dans le cadre de la Semaine de l'accessibilité, jusqu'au 1er février, le Louvre propose notamment à ses employés de "vivre leurs 80 ans".
"Ça va m'apprendre à être plus patient"
Grâce à un partenariat avec Adhap services, important réseau privé d'aide à domicile, il met à disposition trois combinaisons permettant de se glisser dans la peau d'un octogénaire avec ses limites et ses fragilités. Genouillères et coudières pour limiter les flexions et donner de la raideur, corset pour restreindre la mobilité, poids au niveau des chevilles et des poignets pour engourdir les articulations, casque autour des oreilles pour atténuer l'audition, masque pour réduire le champ de vision et jaunir la vue, et une canne pour compléter l'attirail, Catherine trouve qu'elle n'a pas "fière allure".https://twitter.com/MuseeLouvre/status/826087610804236288
"Est-ce que vous pouvez payer votre ticket d'entrée, s'il vous plaît ?", lui demande un des encadrants d'Adhap services. Son petit porte-monnaie posé sur les genoux, elle s'exécute non sans mal, ses doigts comprimés pour simuler l'arthrose peinant à sortir les pièces. Dix minutes et quelques exercices plus tard - se repérer sur un plan, s'asseoir sur un siège bas, boire dans un gobelet- elle implore en souriant qu'on lui enlève la combinaison. "J'ai l'impression que ça a duré une éternité", souffle la jeune femme, "contente d'avoir retrouvé (son) corps".
Posté sous la grande pyramide avec sa combinaison, Benoît perd ses repères. "Je n'entends rien, je vois mal, parmi la foule c'est déroutant", explique cet agent de la billetterie. Malgré sa grande taille et sa carrure, Benoît dit ressentir "les faiblesses, les douleurs qui peuvent irriter certaines personnes âgées".
"Je comprends mieux ce qu'elles voient, ce qu'elles ressentent, ça va m'apprendre à être plus patient", ajoute-t-il.
"La prise de conscience pour une meilleure compréhension"
Catherine, elle, orientera plus facilement grâce à cette animation "les personnes âgées vers les escalators, les ascenseurs". "Quand on vient au musée on aime flâner, prendre son temps, mais pour les personnes moins mobiles, je conseillerai davantage des trajets courts et directs vers les oeuvres qu'elles veulent voir", précise cette femme qui travaille à l'accueil depuis six ans.Pour Cathy Losson, qui pilote la mission handicap pour les publics au musée du Louvre, le but de la sensibilisation est atteint car il ne s'agissait pas "d'être dans la culpabilisation" mais dans "la prise de conscience pour une meilleure compréhension". "Il y a un côté ludique quand on revêt la combinaison mais elle permet également de s'inclure dans le handicap, de se dire que ça nous concerne tous", explique Mme Losson.
https://twitter.com/damiencacaret/status/826067007804231680
Lancées en 2012 par Adhap services, les simulations visaient à mieux former les professionnels du soin et de l'aide à domicile. L'idée est désormais de les proposer progressivement au grand public et aux aidants familiaux "pour changer le regard des valides sur la dépendance liée à l'âge", indique à l'AFP Damien Cacaret, président de cette structure auvergnate.
Avec quelque 2.200 employés et plus de sept millions de visiteurs par an, le Louvre, musée le plus visité au monde, propose depuis deux ans une Semaine de l'accessibilité avec des ateliers thématiques, des formations mais aussi des visites adaptées.
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