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Vers "un campus planétaire" avec les Moocs, cours gratuits en ligne

Profiter d'un enseignement de haut niveau partout dans le monde, grâce à des cours mis en ligne sur internet, c'est le principe des Moocs (Massive online open course). En France, plus de 88.000 personnes sont déjà inscrites aux 25 Moocs proposés par la plateforme de France université numérique (Fun) du ministère de l'Education.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Cours de Walter Lewin en ligne
 (Capture d'image)

La ministre de l'Enseignement supérieur  Geneviève Fioraso a annoncé mardi le déblocage de 8 millions d'euros pour la  fabrication de cours massifs ouverts en ligne (Moocs) dans les universités et  pour la formation professionnelle. 

Un appel à projets pour 3 millions d'euros sera lancé pour développer des  "fabriques des Moocs" (laboratoires vidéo) dans les campus et 5 millions pour  co-financer des Moocs destinés à la formation professionnelle.

Des cours très en vogue aux  Etats-Unis

Un peu loufoque, la vidéo du cours de  Physique mécanique en ligne du Pr. Walter Lewin montre l'astrophysicien traverser à tout berzingue un amphithéâtre du prestigieux Massachusetts institute of technology (MIT), sur un tricycle bleu propulsé par un extincteur.

D'Inde, d'Irak, d'Espagne ou de Chine, ils sont plus de 2 millions à avoir assimilé le principe de la propulsion par réaction permettant par exemple de faire décoller une fusée, en suivant ce "Mooc" américain - Massive online open course -, un cursus universitaire de haut niveau libre d'accès sur internet et interactif, mêlant vidéos, textes et exercices.

"Les premiers Moocs ont réuni plus d'inscriptions que Facebook la première année"

"Un prof qui fait cours devant des étudiants, c'est vieux comme le monde. Ce qui est révolutionnaire avec les Moocs, c'est le nombre de personnes qui y participent", explique François Taddei, directeur du Centre de recherche interdisciplinaire (Cri) à Paris et titulaire d'une chaire UNESCO en Sciences de l'apprendre.

"Les premiers Moocs ont réuni plus d'inscriptions que Facebook la première année", compare le chercheur. "Aujourd'hui, on peut suivre depuis n'importe où, quelle que soit sa formation, un cours universitaire de la meilleure qualité mondiale et échanger avec d'autres étudiants", ajoute-t-il.

Démocratisation du savoir

En France, plus de 88.000 personnes sont d'ores et déjà inscrites aux 25 Moocs qui seront proposés par la plateforme de France université numérique (Fun) du ministère de l'Education à compter de jeudi. Mais ils sont 1.400 à avoir déjà participé au tout premier Mooc français apparu en 2012, ITypa : "Internet tout y est fait pour apprendre".

Le plus populaire est le Mooc "Du manager au leader" élaboré par le Cnam, auquel se sont inscrits près de 14.000 personnes, suivi par "Philosophie et modes de vie (De Socrate à Pierre Hadot et Michel Foucault) de l'université Paris-Ouest Nanterre La Défense (près de 6.000 inscrits) et "Espace mondial" de Sciences Po Paris (plus de 5.000 inscrits).

Normale Sup et la Sorbonne vont se lancer

Dans l'ensemble, 86% des inscrits se trouvent en France, 7% en Afrique et 5% sur le continent américain. Près de 30 autres Moocs seront lancés courant 2014 sur FUN, par des établissements comme HEC, les Ecoles normales supérieures de Cachan et de Lyon, l'université Paris 1 Panthéon Sorbonne...

Le ministère estime que "le développement des Moocs dans les dix prochaines années redéfinira la carte universitaire internationale". "Le numérique, par les innovations pédagogiques qu'il introduit, est un des outils clés pour démocratiser l'accès à l'enseignement supérieur, pour favoriser la réussite de tous les étudiants" et se former tout au long de la vie. "Aux Etats-Unis, 80% des établissements américains mettent des cours en ligne, contre seulement 3% des universités françaises", souligne le ministère.

"Les Moocs démocratisent l'accès au savoir, alors que la dernière enquête Pisa de l'OCDE a montré que le système universitaire français est le plus inégalitaire du monde développé", souligne François Taddei. Marc Couture, un Québécois de 46 ans, a été le premier à s'inscrire sur un Mooc français. "Je voulais surtout comparer les Moocs français à ceux qui existaient déjà au Canada", explique ce conseiller pédagogique en intégration des technologies de l'Université de Sherbrooke.

Aussi parmi les premières adeptes des Moocs en France, Barbara Sémel, 33 ans, s'est inscrite à pas moins de 16 cours universitaires en ligne, allant de l'Introduction à la sociologie, à l'Histoire en passant par la Gestion de projet et l'Etude des statistiques. "Mais je n'en ai fini aucun !" avoue-t-elle.

 La fin des universités ?

"Potentiellement, les Moocs permettront dans le futur de transformer le monde en un campus planétaire", affirme François Taddei, posant ainsi la question de l'avenir des universités. Toutefois, selon une étude sur le phénomène des Moocs publiée en décembre par la Graduate school of education de l'Université Penn aux Etats-Unis, seulement la moitié des inscrits sur la plus importante plateforme de cours universitaires en ligne (Coursera) ont suivi au moins un cours magistral et seulement 4% d'entre eux sont allés au bout du cursus.

"Le développement des Moocs ne découle pas de raisons philanthropiques liées à la démocratisation des savoirs (...) l'accès au numérique est socialement différencié et l'énorme taux d'abandon contrebalance la facilité d'accès à ces cours", dénonce le Collectif anti-Moocs, créé par trois syndicats étudiants et enseignants après la création d'un Mooc par l'Ecole normale supérieure de Cachan.

"Moocs et enseignements en classe ne sont pas complémentaires. L'avènement des premiers signifie la fin des seconds", selon ce collectif, qui craint une uniformisation des savoirs avec la multiplication des cours de masse en ligne.

Une autre façon d'apprendre

"C'est comme dire que l'imprimerie a mené à l'uniformisation du savoir parce qu'elle a permis la distribution de livres à plus grande échelle", ironise François Taddei. Selon le spécialiste, le développement des Moocs ne se joue pas contre les formes traditionnelles d'enseignement, mais plutôt au profit d'une autre façon d'apprendre et de la recherche sur l'éducation.

"Le marché de l'éducation représente un budget comparable à celui de la santé. La différence, c'est qu'on investit 15 fois plus dans la recherche biomédicale que dans la recherche sur l'éducation, alors que le poids des deux secteurs sur le PIB est pratiquement équivalent", souligne François Taddei.


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