Vente Alain Delon : quand le comédien devient esthète
Des toiles de Nicolas de Staël ou de Pierre Soulages, des toiles aux couleurs rieuses ou plus obscures… L’exposition publique de la collection Alain Delon, qui précède de quelques heures la vente aux enchères qui se tient ce soir, est d'une "qualité rare" pour les connaisseurs qui ont fait le déplacement. A l’hôtel Drouot-Montaigne, dans le 8ème arrondissement, à Paris, pas de néophytes, ou peu, mais des professionnels de l’art. Tous ont en commun d’être des amoureux de la peinture abstraite des années 50. Une période marquée par deux courants : la seconde école de Paris et le mouvement Cobra. La collection du comédien est très resserrée sur la petite dizaine d’années marquées par cette esthétique.
Au total, 40 toiles sont présentées : Alechinsky, Zao Wou-Ki, Vieira da Silva, Manessier, Soulages, de Staël… L’ensemble est estimé entre 4 et 6 millions d’euros.
La vedette avait commencé à acheter des dessins du XVIème et XVIIème siècle dans les années 60. Il était ensuite passé à l’achat de peintures d’artistes du XIXème. Quelques noms trouvaient ses faveurs : Géricault, Delacroix, Millet ou Corot. Il s’était ensuite intéressé à l’abstraction des années 1950.
Selon le galeriste Franck Prazan, expert de la vente, "tous les ingrédients sont réunis pour faire de cette vente un des événements de la rentrée" du marché de l'art: il "y a la qualité des tableaux, le phénomène de collection, de son entité, et évidemment la provenance". Des collectionneurs du monde entier, dont des Russes et des Chinois, ont fait connaître leur intérêt. Le clou de la vente devait être un tableau du peintre canadien Jean-Paul Riopelle, "La vallée de l'oiseau", estimé entre 700.000 et 900.000 euros.
L'acteur, âgé de 71 ans, a choisi de disperser sa collection parce qu'il "préfère régler cela maintenant" et qu'il "déteste les ventes posthumes", courantes lors des successions, a-t-il fait savoir.
Les enchères de ce soir sont dirigées par Arnaud Cornette de Saint, le fils du commissaire priseur ami du comédien. C’est Alain Delon lui-même qui a demandé à Arnaud de "tenir le marteau". Un geste symbolique pour "un passage de relais…"
Eléonor Le Bugle
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