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Trois artistes alchimistes exposent au château de Chaumont-sur-Loire
L'un transforme les ordures en or (le Ghanéen El Anatsui), le second fait rayonner la Lune depuis le coeur d'un tronc d'arbre (le Brésilien Tunga) et le troisième sonde le papier peint délabré des anciens appartements princiers (le Mexicain Gabriel Orozco) : les artistes sont invités à dialoguer avec l'esprit du lieu jusqu'en novembre au château de Chaumont-sur-Loire.
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Le recyclage des déchets de El Anatsui
Sur les trois murs de l'imposante galerie du fenil, dans les communs du château, El Anatsui déploie une fastueuse tapisserie miroitante faite de plus de deux millions de coiffes en aluminium de bouteilles récupérées à la consigne.
L'artiste ghanéen, âgé de 72 ans, a préparé avec son équipe des panneaux d'environ quatre mètres sur six dans son atelier de Nsukka, au sud du Nigeria. Il aura fallu ensuite cinq jours de travail à une dizaine d'étudiants des Beaux-Arts de Bourges (Cher) pour les assembler, sous sa supervision, à Chaumont-sur-Loire.
"Les êtres humains laissent de leur énergie dans les choses qu'ils utilisent, et ces choses ont donc une histoire à raconter", explique l'artiste ghanéen. L'utilisation de matériaux de récupération, dans la grande tradition africaine de recyclage et de détournement d'objets manufacturés usagés, délivre"le message que, si vous prêtez attention aux choses qui ont été jetées, vous verrez qu'elle sont beaucoup plus utiles qu'elles ne semblent", poursuit-il.
Pour lui, les objets mis au rebut ont aussi une "relation avec les lieux". "L'endroit où vous avez votre atelier a une grande influence: les ordures sont différentes à New York...", constate l'artiste, qui souhaite y ouvrir un atelier.
Gabriel Orozco ausculte l'âme des papiers peints fanés
La recherche de l'âme des lieux anime également Gabriel Orozco qui poursuit son expérience sur les papiers peints délabrés dans les anciennes chambres d'amis de la princesse de Broglie, dont le domaine de Chaumont était l'un des rendez-vous incontournables de l'intelligentsia et de l'aristocratie à l'aube< du XXe siècle.
"Les couches de papier peint sont comme les pages d'un livre qui s'effeuille sur les murs. Il en reste un souvenir fantasmagorique, comme des fleurs flottant dans les espaces inhabités du château", avait expliqué l'artiste mexicain en 2014, lors de la 1ère phase de son projet. Invité pour deux années consécutives de la région Centre-Val de Loire, Gabriel Orozco a décidé de donner à ces "fleurs fantômes" une nouvelle dimension avec de grands formats pouvant aller jusqu'à près de 2 mètres sur 2.
Avec son smartphone, l'artiste a pris des photos des tapisseries fanées et en lambeaux, travaillées ensuite sur ordinateur, certains détails étant agrandis ou au contraire réduits, avant d'être reproduites sur toile grâce à une machine spéciale d'impression par jet de peinture à l'huile, selon une technique utilisée dans les années 80 et abandonnée depuis.
Ses tableaux de fleurs géantes invitent à une déambulation fantasmatique dans les anciens appartements des invités du château.
Tunga invite à regarder la Lune au creux d'un arbre
Avec l'installation "Moi, Vous et la Lune" du Brésilien Tunga, l'ancien manège des écuries du domaine prend de son côté des allures d'atelier d'alchimiste: une expérience s'organise autour d'un extraordinaire tronc d'arbre fossilisé dans les tons gris-bleutés déniché en Indonésie.
"D'un bout à l'autre du tronc creux les regards s'échangent, se reflètent, se cristallisent et rayonnent" depuis une coupole placée au sommet de l'installation et figurant l'astre lunaire, explique-t-il.
La Lune transmet ensuite l'énergie vers des miroirs imprécis et des sortes d'alambics mystiques dont l'énergie se condense grâce à d'énormes cristaux de roches. "Ce sont des références archaïques. Nous devons pouvoir fréquenter le passé de la même manière que la modernité", justifie l'artiste.
Expositions d'art contemporain
Centre d'Arts et de Nature
Domaine de Chaumont-sur-Loire
du 4 avril au 1er novembre 2015
Sur les trois murs de l'imposante galerie du fenil, dans les communs du château, El Anatsui déploie une fastueuse tapisserie miroitante faite de plus de deux millions de coiffes en aluminium de bouteilles récupérées à la consigne.
L'artiste ghanéen, âgé de 72 ans, a préparé avec son équipe des panneaux d'environ quatre mètres sur six dans son atelier de Nsukka, au sud du Nigeria. Il aura fallu ensuite cinq jours de travail à une dizaine d'étudiants des Beaux-Arts de Bourges (Cher) pour les assembler, sous sa supervision, à Chaumont-sur-Loire.
"Les êtres humains laissent de leur énergie dans les choses qu'ils utilisent, et ces choses ont donc une histoire à raconter", explique l'artiste ghanéen. L'utilisation de matériaux de récupération, dans la grande tradition africaine de recyclage et de détournement d'objets manufacturés usagés, délivre"le message que, si vous prêtez attention aux choses qui ont été jetées, vous verrez qu'elle sont beaucoup plus utiles qu'elles ne semblent", poursuit-il.
Pour lui, les objets mis au rebut ont aussi une "relation avec les lieux". "L'endroit où vous avez votre atelier a une grande influence: les ordures sont différentes à New York...", constate l'artiste, qui souhaite y ouvrir un atelier.
Gabriel Orozco ausculte l'âme des papiers peints fanés
La recherche de l'âme des lieux anime également Gabriel Orozco qui poursuit son expérience sur les papiers peints délabrés dans les anciennes chambres d'amis de la princesse de Broglie, dont le domaine de Chaumont était l'un des rendez-vous incontournables de l'intelligentsia et de l'aristocratie à l'aube< du XXe siècle.
"Les couches de papier peint sont comme les pages d'un livre qui s'effeuille sur les murs. Il en reste un souvenir fantasmagorique, comme des fleurs flottant dans les espaces inhabités du château", avait expliqué l'artiste mexicain en 2014, lors de la 1ère phase de son projet. Invité pour deux années consécutives de la région Centre-Val de Loire, Gabriel Orozco a décidé de donner à ces "fleurs fantômes" une nouvelle dimension avec de grands formats pouvant aller jusqu'à près de 2 mètres sur 2.
Avec son smartphone, l'artiste a pris des photos des tapisseries fanées et en lambeaux, travaillées ensuite sur ordinateur, certains détails étant agrandis ou au contraire réduits, avant d'être reproduites sur toile grâce à une machine spéciale d'impression par jet de peinture à l'huile, selon une technique utilisée dans les années 80 et abandonnée depuis.
Ses tableaux de fleurs géantes invitent à une déambulation fantasmatique dans les anciens appartements des invités du château.
Tunga invite à regarder la Lune au creux d'un arbre
Avec l'installation "Moi, Vous et la Lune" du Brésilien Tunga, l'ancien manège des écuries du domaine prend de son côté des allures d'atelier d'alchimiste: une expérience s'organise autour d'un extraordinaire tronc d'arbre fossilisé dans les tons gris-bleutés déniché en Indonésie.
"D'un bout à l'autre du tronc creux les regards s'échangent, se reflètent, se cristallisent et rayonnent" depuis une coupole placée au sommet de l'installation et figurant l'astre lunaire, explique-t-il.
La Lune transmet ensuite l'énergie vers des miroirs imprécis et des sortes d'alambics mystiques dont l'énergie se condense grâce à d'énormes cristaux de roches. "Ce sont des références archaïques. Nous devons pouvoir fréquenter le passé de la même manière que la modernité", justifie l'artiste.
Expositions d'art contemporain
Centre d'Arts et de Nature
Domaine de Chaumont-sur-Loire
du 4 avril au 1er novembre 2015
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