Street art : quand les graffeurs dépoussièrent les armoires normandes de nos grands-mères
Le projet a déjà séduit des restaurateurs et hotelliers. Plusieurs armoires sont en cours de rajeunissement.
Laurent Courtier est antiquaire dans l'Eure. Lors du premier confinement, il réfléchit à son occupation en cette période troublée. Il évoque alors avec son ami peintre, Jacques Blézot, le travail artistique des graffeurs. Tous deux décident d'associer les techniques du street art aux armoires normandes.
Provoc' mais respect des traditions
Dans son atelier du Plessis-Hébert (Eure), Jacques Blézot a saisi ses bombes de peinture et ses cartons de pochoir. La cible du moment : une énorme armoire normande peinte en jaune poussin sur laquelle apparaissent les visages de Serge Gainsbourg et de Johnny Hallyday. L'artiste, âgé de 71 ans, customise ce meuble emblématique de la Normandie sans jamais l'outrager. "Je m'arrange toujours pour qu'on voit bien le bouquet et qu'on garde un peu l'esprit de l'armoire. C'est de la provocation qui attire du monde vers nous", souligne-t-il. D'autres street artistes, comme Crey132 ou le Parisien Jo Di Bona ont apposé leur griffe au projet.
L'armoire normande en mode street art
Apparue au XVIIIe siècle, l'armoire normande, n'a plus trop la côte face au marché du design. L'antiquaire Laurent Courtier en a bien conscience. Les réserves de sa boutique de Vernon sont emplies de ce meuble massif et imposant. "Il y a beaucoup de ces armoires qui finissent cassées", constate-t-il. Face à la baisse de la demande, il décide de leur donner une seconde vie et de les mettre entre les mains de graffeurs. "Ça nous permet de les rendre plus modernes et de toucher une clientèle plus jeune", assure-t-il. L'idée fait immédiatement mouche auprès des particuliers qui équipent des chambres d'enfants, mais aussi auprès de professionnels comme un restaurateur qui a redécoré son établissement. Afin de donner une grande visibilité au catalogue, Laurent Courtier créé avec un associé la société Normand Design.
Une fois passée sous les bombes des graffeurs, l'armoire normande devient un modèle unique, il faut compter environ 12 000 euros par pièce. À ce prix, le meuble des maisons de nos grands-mères renouera peut-être avec sa première vocation, celle d'un bien précieux apporté en dot par la mariée.
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