Fin de l'aventure au Bat K13, haut-lieu de la street-culture à Paris
Le quartier est connu pour abriter de nombreuses créations commandées par la mairie. Au 148 rue de Tolbiac, la façade du Bat K13 est facilement reconnaissable avec son immense Santa Muerte ("Notre dame de la Sainte Mort ") qui orne le mur. Jalal est passé par là. En passant le portique de l'immeuble encore intacte, c'est un univers entier dédié à toutes les sortes de création qui s'ouvre.
Reportage France 3 Île-de-France P. Quiers / F. Castaingts / M. Soares / E. Dubos
Le Bat K 13, un lieu dédié à l'Art
Le moindre centimètre carré est utilisé. Cage d'escaliers, couloirs, et évidement, les salles à vivre. Des portraits s'opposent à des animaux haut en couleur et d'autres personnages en tous genres. De nombreux artistes se sont croisés dans cet espace de création et d'échange : des pionniers des années 80-90 en passant par des graffeurs internationaux.On ouvre les portes à tous ceux qui veulent apprendre, aux jeunes du coin qui zonent et qui n'ont rien à faire.
Brice Coudin
Lorsqu'en 2016, Brice Coudin et Wilfried Devaux ouvrent ces lieux, c'est d'abord pour créer un espace d'expression en totale liberté et pour permettre aux jeunes de sortir de la rue. Environ 70 personnes se ressemblaient "dans les bons jours", et des visites gratuites s'organisaient pour voir les chefs d'oeuvres. exposés. Chaque samedi avaient lieu des initiations au graff.Une fin polémique
Seulement, le site appartient toujours à Enedis (ex-ERDF) et ce jusqu'en 2027. La société a engagé une procédure d'expulsion et souhaite récupérer son bâtiment, quitte à le laisser inoccupé. Elle reproche "une entrée par voie de fait, en procédant au forçage de la porte en changeant le verrou de chaque appartement occupé." Les délais très courts pour partir s'expliquent aussi par le fait que la Bat K 13 fasse parti d'un ensemble vaste, où se trouve toujours un poste électrique, pouvant provoquer un "incident mortel".
Wilfried Devaux déplore cette décision, surtout que le lieu avait aussi permis d'héberger des familles en situation de détresse. "Avec le squat, on a récupéré des gens sans domicile, dont deux familles avec des enfants de 5 ans et 7 mois, et 3 réfugiés politiques. Je ne veux pas les laisser tomber." Il pointe aussi le temps laissé pour "se retourner et se reloger." De leur côté, les artistes sont un peu plus fatalistes quant au sort qui est promis aux murs. Quand Tempo du collectif NOK peint, il le fait en sachant "que le mur ne lui appartient plus dès qu'il est terminé". Cependant, il caresse tout de même l'espoir que son graff perdure.
La sentance semble irrévocable malgré tous les soutiens reçus. Les recours sont eux aussi tous épuisés. Alors, quelques jours après l'ordre d'expulsion, les gestionnaires ont toujours l'intention de partir en beauté avec une dernière exposition qui aura lieu au Bat K 13 le 1er septembre. Avant de trouver un nouveau lieu d'exposition.
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