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Anarkia Boladona : le street art au service des droits de la femme

A 31 ans, l'artiste-graffeuse brésilienne Anarkia Boladona consacre son art de la rue au féminisme, aux droits des femmes et à leur défense face au machisme et aux violences conjugales.
Article rédigé par franceinfo - Jacky Bornet (avec AFP)
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Anarkia Boladona donne la touche finale à un de ses graffs à Rio de Janeiro en février 2013
 (CHRISTOPHE SIMON / AFP)
Défendre la femme sur les murs
Considérée aujourd'hui comme la reine du graffiti brésilien, Anarkia Boladona a reçu plusieurs prix internationaux pour des oeuvres réalisées dans une vingtaine de villes comme Toronto, Berlin, Istanbul, Johannesbourg, Washington, New York, Lisbonne, Bogota, ou Prague. Vendredi, Journée internationale de la Femme, elle participera à une table ronde au siège de l'ONU, à New York, sur la violence domestique.
Peint sur un pan de mur, à deux pas du secrétariat à la Condition Féminine au centre de Rio de Janeiro, le visage coloré d'une femme aux lèvres pulpeuses qui verse des larmes de sang attire l'oeil: dans sa chevelure, les mots "Dénonce-le !".
"Tous les jours, de nombreuses femmes meurent victimes de la violence domestique dans le monde", déclare à l'AFP la plus célèbre artiste-graffeuse brésilienne et militante féministe, Anarkia Boladona (littéralement "Anarchie fâchée"), auteur de l'oeuvre.

Elle ne compte plus les graffitis aux couleurs vives qu'elle a réalisés dans le monde, mais tous "sont destinés à faire prendre conscience aux femmes qu'elles ne sont pas la propriété de l'homme", souligne celle qui, en 2010, a crée le réseau "Nami" d'artistes féministes urbaines. "On se sert de l'art comme d'une arme pacifique et d'un instrument de transformation culturelle pour lutter contre le machisme", ajoute-elle.
La liberté de la rue
Née et élevée dans la banlieue pauvre de Rio, de son vrai nom Panmela Castro, elle a figuré en 2012 sur la liste des "150 femmes qui font bouger le monde", établie par l'hebdomadaire américain Newsweek, au côté de la présidente du Brésil, l'ex-guérillera Dilma Rousseff.
Anarkia Boladona devant une de ses oeuvres dans une rue de Rio de Janeiro
 (CHRISTOPHE SIMON / AFP)
"J'ai fait les Beaux Arts, mais ça me semblait factice; trop de règles. C'est dans la rue, avec les graffitis, que j'ai trouvé ma liberté. J'aime le côté éphémère de l'oeuvre. Je choisis le mur, je lui livre mon dessin avec mes personnages et je le laisse aux autres. La rue décide, interagit", explique-t-elle.
A Rio, elle a organisé une grande exposition à Barra da Tijuca (zone ouest) et les activistes du réseau Nami doivent réaliser ce 8 mars une grande fresque sur le mur d'une école.
Nova York, 2012 - Gabriela Libélula
 ( Panmela Castro Arte & Cultura 2013)
Avec son réseau Nami, Anarkia Boladona travaille "in situ" dans des dizaines de favelas de Rio "pour ouvrir les yeux des femmes sur leurs droits". Pour elle, le premier pas consiste à "dénoncer les violences dont on est victime, et pas seulement les violences physiques mais psychologiques aussi".
C'est la raison pour laquelle, elle ajoute souvent sur ses graffitis : "Appelez le 180", le numéro de téléphone d'aide aux femmes victimes de violence domestique au Brésil.
Pour parvenir à dénoncer son agresseur, il faut déjà que la femme se libère et c'est un long chemin à parcourir, selon Anarkia qui avec son réseau Nami, enseigne aux femmes leurs droits par le biais de petites pièces de théâtre. Après, elles les invite à s'exprimer avec les bombes de peinture sur les murs de la favela.

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