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A Berlin, 165 artistes urbains investissent une ancienne banque pour deux mois

A Berlin, depuis quelques jours, la queue s'allonge pour accéder à une ancienne banque devenue un temple du street art mondial sur la Kurfürstendamm (Berlin-Ouest). 165 artistes ont investi "The Haus" (La Maison), un bâtiment désaffecté de 10.000 m2 et 5 étages promis à la démolition. Résultat : une galerie éphémère foisonnante de propositions artistiques à voir jusque fin mai.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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L'artiste Kimo Von Rekowski dans une des 80 pièces de la galerie "The Haus" fin mars 2017.
 (Christophe Gateau / AFP)

Une galerie éphémère

"Nous allons exposer deux mois et ensuite tout disparaîtra à jamais", s'enthousiasme Joern Reiners, du collectif de street-artistes Die Dixons, à l'origine de ce projet baptisé The Haus (la Maison) mais aussi The Berlin Art Bang, et qui attire depuis début avril des centaines de visiteurs.
 
Promis à la destruction, le vaste bâtiment berlinois gris et austère de cinq étages doit laisser la place à un complexe immobilier de luxe comme il s'en construit beaucoup dans ce quartier du centre de Berlin-Ouest. Mais en octobre 2016, un collectif d'artistes urbains berlinois a su convaincre les promoteurs immobiliers de donner une dernière vie artistique à cet ensemble de 10.000 m2 et de 80 pièces.

Un objet dans la galerie d'art éphémère "The Haus" à Berlin, 2017.
 (Christophe Gateau / AFP)

 

Variété des propositions artistiques

Résultat, une multitude de fresques colorées et d'installations dans une étourdissante variété de styles se sont répandues du sol au plafond, une concentration exceptionnelle dans le domaine du street art. Et ce dans une ville déjà connue comme étant l'un des centres européens du tag, du pochoir, du collage et du trompe-l'oeil.

Chacun des 165 artistes venus de 17 pays, s'est vu attribuer un espace: un couloir, une petite remise ou des toilettes. Libre à lui d'en faire ce qui lui plaît, "même de le détruire" si bon lui semble, "du moment que cela surprend ceux qui verront le résultat final".

Là, une gigantesque paire de jambes semble avoir transpercé un plafond. Ici, des petites annonces recouvrent la totalité d'une pièce. Plus loin, une chambre est plongée dans le noir et c'est à la lampe torche qu'on en découvre la composition artistique. 
 
"Nous avons trouvé ici un espace pour que ces artistes puissent donner vie à une vision, sans avoir à penser à la partie commerciale, à combien ils devraient faire payer, ils peuvent vraiment se concentrer sur leur art, l'expérimenter", explique l'organisateur Joern Reiners. "C'est l'essence de ce projet, et ce qui le rend différent des autres". 
Un buste de Nefertiti rose dans une pièce de "The Haus" à Berlin.
 (Christophe Gateau / AFP)

 

Pas de photos autorisées pour renforcer l'expérience immersive

Jusqu'au-boutiste dans l'approche de l'éphémère, les organisateurs ont voulu proposer une expérience immersive aux visiteurs, qui seront les seuls dépositaires de la mémoire des oeuvres. La prise de photos est en effet prohibée et les visiteurs sont priés de laisser leur téléphone portable dans leur sac. Quant aux  journalistes, ils doivent se contenter de plans serrés, aucune prise de vue d'ensemble n'étant autorisée.

Le public semble apprécier cet appel à vivre l'art au présent, qui plus est gratuitement. Lors du week-end d'ouverture début avril, la queue s'étirait au loin dans la rue. "Ca vaut le coup, il y a encore plus de variété que ce que j'imaginais et bientôt il n'y aura plus rien... donc c'est maintenant ou jamais", s'emballe Juliana Lang, une visiteuse qui a dû patienter une demi-heure. 
 
L'artiste allemande Anne Bengard, qui a peint un homme à la bouche écartelée crachant au sol de faux billets de banques, dit avoir été inspirée par la philosophie du projet centré sur la rencontre du public avec l'oeuvre. "Cette manière de faire est géniale: chaque personne qui veut voir doit venir en personne".
 
Que le fruit de son travail soit réduit dès juin prochain à l'état de gravats ne la dérange pas non plus. "C'est la première fois que je peins à l'intérieur d'une banque, et c'est plutôt cool de se dire que, bientôt, ça n'existera plus, que personne ne l'achètera, que c'est juste là, ici et maintenant".

L'artiste Kimo Von Rekowski sur un lit de bombes de peinture à "The Haus".
 (Christophe Gateau / AFP)

 


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