Speedy Graphito, première rétro dans un musée pour le pionnier du street-art
La cinquantaine passée, Speedy Graphito – de son vrai nom Olivier Rizzo – garde une allure quasi-juvénile. Même si la houppette est un peu plus clairsemée, le regard, lui, est toujours pétillant et curieux. On a du mal à croire que l’artiste occupe déjà depuis plus de trois décennies la scène artistique française et mondiale.
D’où l’intérêt de cette rétrospective au Touquet, la première consacrée à Speedy Graphito dans un musée français (en 2012, la Galerie Polaris à Paris avait retracé son parcours artistique de 1987 à 2012).
A cette occasion, l’artiste a passé quatre jours sur place pour réaliser une fresque monumentale sur le pignon d’un bâtiment du Touquet situé rue de Londres, une œuvre qui s’inspire de l’esprit de la ville.
Reportage : C. Sala / N. Haberer / F. Defrance
Pionnier de l'art urbain
Passionné très tôt par le dessin et la création, (de 14 à 19 ans, il dessine des décors de théâtre), Speedy Graphito passe par l’Ecole d’arts appliqués Estienne pour apprendre les techniques. C’est là qu’il rencontre les futurs membres du groupe X-Moulinex qui recouvre les passages piétons de pochoirs pour créer des tableaux rythmés par les rayures des bandes.
Mais Speedy Graphito travaille aussi en solo reproduisant sur les murs aux pochoirs, les tableaux qu’il réalise dans son atelier. Il inscrit même son numéro de téléphone pour que les gens puissent l’appeler et dire ce qu’ils pensent de ses fresques ! A l’époque, le street-art en est à ses balbutiements, les artistes sont peu nombreux mais très soudés (Jérôme Mesnager, Blek le rat, le groupe VLP, Epsylon Point...) et essaient d’organiser des expositions collectives.
Une notoriété rapide
La reconnaissance arrive finalement assez vite : en 1985, Speedy Graphito est retenu pour réaliser l’affiche de la Ruée vers l’art, une opération organisée par le Ministère de la culture et qui rend tous les musées gratuits pendant un mois. A partir de là, sa notoriété décolle et les galeries lui ouvre leurs portes.
Dans la foulée, il réalise l'animation des tours de la Défense pour le concert de Jean-Michel Jarre en 1986, l’identité graphique extérieure de la Halle Saint Pierre à Paris, ou encore la création du logo pour la mission spatiale Altaïr.
La rue, et après...
Mais à la fin des années 80, Speedy Graphito décide d’arrêter de créer dans la rue. "Tout le monde se mettait à faire des images dans la rue, et je ne voyais pas l’intérêt de surcharger. Et je suis parti vivre à la campagne, où j’ai vécu d’autre choses" raconte l’artiste sur le site artistikrezo.com. Speedy Graphito investit alors d’autres supports de création (peinture, sculpture, installation, photo, vidéo...) s’interrogeant sur la société de consommation en détournant des figures qui font partie de la culture populaire : les héros de Disney, les images publicitaires, les jeux vidéos...
Un procédé qui lui permet d’aborder sous une apparente légèreté des sujets parfois graves, ce que Speedy Graphito, qui se décrit comme un "DJ des arts plastiques" définit comme un "art joyeux et profond."
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