Sur les traces d'Auguste Rodin à Paris
S'il est célébré dans le monde entier pour ses sculptures, Auguste Rodin n'était pas tout à fait destiné à l'art. Ce génie, né en 1840 à Paris dans un milieu modeste (et qui s'éteint en 1917 à Meudon), aura croisé les plus grands artistes de son époque.
La série réalisée par Geneviève Faure, Nedim Loncarevic, Yves Zysman et Valérie Jonnet de France 3 Paris permet d'en savoir un peu plus sur l'itinéraire parisien du géant de la sculpture moderne. Il y a "Le Penseur", "Le Baiser", "Les Danaïdes" ou encore "Les bourgeois de Calais", autant d'oeuvres magistrales que l'on associe immédiatement à Rodin. Mais avant d'être un maître, le jeune Auguste a dû se battre pour devenir Rodin.
Dans son ouvrage "Avec Rodin" (Fayard), l'écrivain Maryline Desbiolles tisse le récit de sa vie en arpentant le Paris qu'il a traversé.
Il a raté trois fois l'école des Beaux-arts, non pas qu'il n'était pas doué, mais il était trop !
A Paris, le musée Rodin concentre la plus grande partie de l'oeuvre du maître mais c'est surtout "La Porte de l'Enfer" qui résume à elle seule toute sa carrière.
Certaines oeuvres conçues pour la Porte de l'enfer vont devenir ensuite autonomes, c'est ce que nous appelons "Les évadés de la Porte"
Catherine Chevillot - Conservatrice du patrimoine et directrice musée RodinUn musée à son nom
Situé dans le 7e arrondissement de Paris, le musée Rodin est un hôtel particulier célèbre dans la capitale. En 1908, l'Hôtel de Biron accueille de nombreux artistes dans ses murs. Parmi eux, le sculpteur qui loue quatre pièces au rez-de chaussée pour y installer ses ateliers. Il s'y trouve si bien qu'il refuse catégoriquement de quitter le domaine, pourtant vendu à l'Etat.
Je donne à l’Etat toute mon œuvre plâtre, marbre, bronze, pierre, et mes dessins ainsi que la collection d’antiques que j’ai été heureux de réunir pour l’apprentissage et l’éducation des artistes et des travailleurs. Et je demande à l'Etat de garder en l'hôtel Biron qui sera le musée Rodin toutes ces collections, me réservant d'y résider toute ma vie.
Auguste RodinDe la polémique à la reconnaissance
Le musée est officiellement inauguré en 1919. Il dispose de l'intégralité de l'oeuvre de Rodin dont la fameuse statue "L'âge d'Airain". Cette première oeuvre importante de Rodin crée un petit scandale à l'époque. "Il a été accusé de moulage sur nature, on a cru qu'il avait moulé son modèle et non modelé sa sculpture", explique Catherine Chevillot, directrice du musée Rodin. Le sculpteur s'en défend et plusieurs artistes le soutiennent. Cette petite polémique lui vaut finalement une reconnaissance sur la scène publique.
Autre scandale, le monument à Balzac commandé par la Société des gens de Lettres en 1891. Après quatre années de travail, le sculpteur avant-gardiste propose un plâtre exposé au Salon de 1898, les critiques se déchaînent : on raille le bloc informe. Il est comparé à un crapaud dans un sac, une statue encore emballée, un bloc de sel qui a subi une averse. On le surnomme le menhir, le bonhomme de neige. La Société refuse cette oeuvre en rupture totale avec les codes en vigueur pour le monument commémoratif, et notamment avec l'exigence réaliste du portrait. Rodin reprend alors la statue, rend l'argent, et refuse toutes les propositions d'achat. Ce n'est qu'en 1939 qu'un bronze est inauguré à Paris, boulevard Raspail.
Meudon aussi, célèbre l'artiste. C'est ici qu'il termine ses jours, et c'est ici que ses esquisses de travail sont conservées. Dans l'antre de la galerie des plâtres, on découvre les différentes étapes de modelage. "Il commençait à travailler la terre, puis il faisait des moulages, et il aimait surtout travailler son sujet nu même si la statue achevée était habillée", explique Benedicte Garnier, la responsable du musée Rodin de Meudon.
Auguste Rodin a 53 ans en 1893 quand il décide de s'installer à Meudon avec sa compagne Rose Beuret rencontrée à 24 ans. Il ne la quittera jamais malgré la passion qu'il vouera à Camille Claudel. Une passion dont les traces épistolaires sont gardées précieusement au musée Rodin. Une correspondance qui montre le caractère de la jeune Camille.Dans une lettre, raconte Hélène Pinet, chef du service des archives du musée, la jeune femme se plaint en disant : vous m'envoyez quelques lignes banales et indifférentes qui ne m'amusent pas... Il y a toujours quelque chose d'absent qui me tourmente"
Un échange qui fait dire à Marylin Desbiolles, auteur de "Avec Rodin" : "On a tort de faire de camille Claudel une victime parce que c'est une femme forte qui choisit de faire de la sculpture. C'est la preuve que ce n'est pas une faible femme qui va se laisser embobiner par Rodin."
La relation entre les deux artistes sera tumultueuse jusqu'à leur séparation au début des années 1890.
Quelques années plus tard Auguste Rodin installe sa galerie de sculptures à l'Hôtel Biron dans le 7e arrondissement de Paris. Il va passer là de longs moments avec sa dernière maîtresse Madame de Choiseul, une "femme haute en couleurs, très expansive, qui danse, qui boit mais qui fait augmenter sa cote de façon considérable... Elle vend SON Rodin" raconte Marylin Desbiolles. Auguste Rodin est enterré à Meudon au pied du "Penseur" et aux côtés de Rose Beuret qui lui a donné un fils que le sculpteur ne reconnaîtra pas."L'Absolution" une inconnue au musée Rodin
Agitation dans les réserves du musée Rodin à Meudon. Une équipe de restaurateurs est en train de redonner vie à "L'absolution"une oeuvre inconnue de Rodin. "Il y a le socle en bois. Dessus est posé Ugolin, explique Laurence Labbé restauratrice du patrimoine. Rodin a placé verticalement une sculpture appelée "La terre" qui est à l'origine plutôt horizontale. Il a greffé sur le buste d'Ugolin la tête de la martyre qui donne l'absolution à "la Terre". Le sculpteur assemblait souvent ainsi plusieurs créations.
Une fois restaurée; l'oeuvre intégre le musée Rodin du 7e arrondissement. Un événement.Cette oeuvre là, Rodin ne l'a jamais montrée de son vivant. Rt elle n'a jamais figuré dans une autre exposition après. Elle a juste été vue une fois après sa mort dans son atelier par un journaliste
Christine Lancestremere
responsable de la conservation du musée Rodin
Rodin a fait don de l'ensemble de son oeuvre à l'Etat.
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