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Le cadeau de Jeff Koons à Paris devient le bouquet de la discorde

"The Bouquet of Tulips" réalisé et offert par Koons en mémoire des attentats du 13 novembre 2015 ne cesse de diviser le milieu de l’art parisien. L'oeuvre monumentale est sur le point d'être achevée dans un atelier en Allemagne et attend la décision de son futur emplacement dans Paris aux alentours du Palais de Tokyo. Aujourd'hui des personnalités de la culture s'élèvent contre son installation.
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le "Bouquet of Tulips" dont Jeff Koons a fait don à Paris au lendemain des attentats de novembre 2015
 (Jeff Koons Courtesy / H. Walker/Shutterstock/SIPA)

C'est la nouvelle tempête du moment qui remue le milieu de l'art contemporain parisien : "The Bouquet of Tulips" de Jeff Koons trouvera-t-il sa place à Paris ? Rien n'est moins sûr, car l'emplacement de l'œuvre-cadeau réalisée en novembre 2016 par l'artiste américain en mémoire des victimes des attentats de novembre 2015, fait débat. Autre polémique au coeur des discussions, offrir à Jeff Koons une vitrine "commerciale" dont il n'a pas besoin. Une pétition est en ligne pour demander à la Mairie de Paris la suspension. 

Reportage : M. Laban / M. Tafnil / S. Sonder

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Les opposants au projet voient surtout dans cette installation, le fait d'une publicité géante au cœur de Paris. "Aujourd'hui Jeff Koons a 100 assistants et des marchands qui sont des multinationales, qui ont beaucoup plus à voir avec le commerce qu'avec l'art. Pour eux c'est un emplacement publicitaire, c'est du placement de produit", affirme Stéphane Corréard, un galeriste à l'origine d'une pétition contre l'installation. 

"Non au cadeau de Jeff Koons" : le milieu culturel s'en mêle

Ce matin des personnalités de la culture, dont le réalisateur Olivier Assayas et l'ancien ministre Frédéric Mitterrand, opposées au projet d'installation d'une oeuvre monumentale de l'artiste américain à Paris rejoignent les arguments de la pétition. Selon eux, "le choix de l'oeuvre, et surtout de son emplacement, sans aucun rapport avec les tragiques événements invoqués et leur localisation, apparaissent pour le moins surprenants, sinon opportunistes, voire cyniques". "Par son impact visuel, son gigantisme et sa situation, cette sculpture bouleverserait l'harmonie actuelle entre les colonnades du Musée d'art moderne de la ville de Paris et le Palais de Tokyo, et la perspective sur la tour Eiffel", jugent les signataires de la tribune.
 

Le texte est également signé par les artistes Christian Boltanski et Jean-Luc Moulène, la designer Matali Crasset, le producteur de cinéma et collectionneur Marin Karmitz ou encore Emilie Cariou, députée (LREM) vice-présidente de la commission des finances.

Un cadeau qui ne se refuse pas 

En novembre 2016, l'artiste américain Jeff Koons avait annoncé faire don de son "Bouquet of Tulips" à Paris. "Un geste d'amitié entre le peuple américain et le peuple français" et un "symbole du souvenir" après les attentats du Bataclan. La sculpture mesure 10 mètres de haut, pèse 33 tonnes et représente un gigantesque bouquet de tulipes colorées.
Bouquet of Tulips de Jeff Koons
 (Jeff Koons, Courtesy Noirmontartproduction)

C'est un cadeau, il y a une générosité des mécènes autour de ça et c'est très bien

Jean de Loisy
Président du Palais de Tokyo
L'œuvre en bronze, acier inoxydable et aluminium poli est en cours de finition en Allemagne et n'attend plus que les autorisations pour être placée définitivement place de Tokyo. 

C'est un chef d'œuvre de Koons et probablement un chef d'œuvre de la sculpture contemporaine

Fabrice Hergott
Directeur du Musée d'Art Moderne de Paris

La ministre de la Culture Françoise Nyssen a demandé des "études complémentaires" à la Drac, afin de "minimiser les risques techniques, mais également juridiques, économiques et patrimoniaux". L'entourage de la maire de Paris assure pourtant au Figaro que "le chantier se fera". Mais aujourd'hui, le lieu n'est toujours pas tranché. 

La production de l'oeuvre, évaluée à trois millions d'euros, doit être financée par le mécénat privé, avait indiqué la Mairie de Paris à l'époque de l'annonce. Jeff Koons, artiste le plus cher du monde dont les œuvres se vendent plusieurs millions de dollars et dont la France ne possède aucune œuvre, demeure fidèle à sa réputation de star controversée de l'art contemporain. 

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