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L'artiste iranien Ghass fait entrer une Renault Alpine au Grand Palais

Aux grandes oeuvres les grands moyens ! A l'occasion de la foire Art Paris Art Fair, la nef du Grand Palais a accueilli une Alpine A 450 métamorphosée par Ghass. L'artiste iranien a totalement redécoré la petite voiture de course l'an dernier à Saint-Leu-la-forêt, lors d'une résidence dans un atelier de la commune du Val-d'Oise.
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La Renault Alpine A 450 redécorée par l'artiste iranien Ghass dans la nef du Grand Palais de Paris
 (PASCAL HAUSHERR / HANS LUCAS)

Ses oeuvres se vendent entre 30 000 et 100 000 euros dans le monde entier, à 53 ans, Ghass Rouzkhosh est un artiste côté que les collectionneurs suivent de très près et qui trouve sa place dans les plus grands musées. Des oeuvres monumentales et chargées d'histoire, comme cette Alpine A 450 qu'il exposait ces jours-ci au Grand Palais.
 
Reportage : T. Watine / L. Simondet  / G. Fontenit / S. Sonder

Tempête dans une voiture 

Ghass est habitué aux oeuvres monumentales. En 2015 il crée une série de treize sculptures immenses érigées dans différentes capitales. Accueilli en résidence dans l'atelier municipal de Saint-Leu-la-Forêt, l'artiste iranien a redonné un coup de jeunesse à la petite Alpine Renault A 450. Durant quatre mois, le plasticien met littéralement les mains dans le pot de peinture et dans le moteur pour bichonner sa nouvelle conquête. C'est directement à la main qu'il pose la peinture sur la carrosserie du bolide. "L'Alpine c'est une voiture très rapide, très technique et je trouvais intéressant de voir l'équilibre entre la tempête de la nature et ce que l'homme peut en faire". 
Ghass dans l'atelier de Saint-Leu-la-Forêt lors de la métamorphose de l'Alpine
 (France 3 / Culturebox)

Le résultat final est étonnant. Toute bariolée de bleu (une première pour le peintre), de blanc de noir et de jaune, la voiture de course semble vouloir prendre son envol vers encore plus de liberté. Une histoire qui résonne fortement avec celle de l'artiste. "Ghass a fui son pays en guerre mais il a gardé son espérance", souligne Sébastien Meurant, le maire de Saint-Leu-la-Forêt. 

L'art au service de l'espérance 

A 53 ans, Ghass n'oublie pas les tragédies qu'il a traversées. Né en 1964 en Iran, il rencontre pour la première fois la guerre à l'age de 14 ans. A l'époque il vit dans un cocon de paix avec ses parents et ses nombreux frères et soeurs à Chiraz, la mythique capitale de l'ancienne Perse. Baigné dans un univers de poésie et de culture, le jeune garçon peint des animaux sortis de son imagination, avec beaucoup de couleurs.
  (France 3 / Culturebox)

Mais en 1979, la République Islamique est proclamée en Iran et le pays s'engage un an après dans un long conflit contre l'Irak. Le jeune homme voit ses proches sacrifiés sous les bombes, il décide alors de s'engager en tant qu'ambulancier pour sauver des vies. Il touche aux pires horreurs de la guerre.

En 1988, la guerre cesse. Ghass s'est exilé en France et tente d'effacer le souvenir avec son art. Mais trois couleurs hantent obstinément ces tableaux : le rouge du sang, le noir de l'obscurantisme et le blanc de son enfance déchiquetée et marquée des linceuls de la mort.
  (France 3 / Culturebox)

En 25 ans d’exil, Ghass n’est jamais retourné en Iran. "Désormais, si je rentre, ce sera pour aller sur la tombe de mes parents. Donc, je retarde l’échéance. Pour qu’ils vivent le plus longtemps possible dans ma tête", déclarait-il en 2015 à RFI. Se battre pour des causes utiles qui sauvent des vies, faire tomber les murs et ne jamais se taire, Ghass l'optimiste, s'engage sans retenue dans des causes humanitaires et intègre progressivement le jaune à sa palette. 

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