Jeff Koons : faire vivre au public "une expérience" non "intimidante"
"Je ne cherche pas nécessairement à faire un art populaire mais un art accessible", a déclaré à l'AFP l'artiste américain lors de la préparation de son exposition au Centre Pompidou.
Le pape du "Néo-Pop" est l'un des artistes vivants les plus chers au monde. Sa sculpture "Balloon Dog", en version orange, a été adjugée au prix record de 58,4 millions de dollars en 2013. Mais l'oeuvre de l'ancien époux de la "Cicciolina", l'ex star italienne du porno, reste controversée, notamment pour ses pièces à connotation sexuelle. L'exposition Koons au château de Versailles en 2008 avait déclenché des débats passionnés.
"Me désigner moi-même comme un cochon"
Se sent-il parfois incompris? "Je pense que les critiques, les jugements, empêchent les gens d'expérimenter l'art", répond d'un ton posé l'artiste au regard bleu sombre, âgé de 59 ans. "Je me souviens que lorsque je faisais des images publicitaires, je m'étais pris en photo à côté d'un gros cochon et avec un bébé cochon dans les bras". "Je voulais me désigner moi-même comme un cochon avant que quiconque puisse le faire."
Reportage : Nicole Bappel, Nedim Loncarevic et Roma Carles
"J'ai saisi la balle du mieux que je pouvais le faire"
Jeff Koons, lui, a "toujours voulu participer". "Lorsqu'on m'a jeté la balle, je l'ai saisie du mieux que je pouvais et c'est ce que je continue à faire", poursuit l'artiste vêtu d'un costume impeccable comme toujours. Juste avant l'entretien, il a dégusté une barre aux noisettes protéinée, en expliquant longuement son "régime alimentaire très équilibré" qui lui permet de rester en forme et de donner le bon exemple à ses six jeunes enfants, issus d'un second mariage. Installé à New York depuis l'âge de 20 ans, Koons règne désormais sur un atelier qui emploie 130 personnes.
Que pense-t-il de la flambée de sa cote? "Je n'y pense pas vraiment", assure-t-il. "J'ai toujours voulu être un artiste, participer au dialogue autour de l'art. C'est cela la vraie valeur de l'art. C'est la récompense que j'en tire, une récompense intellectuelle, le sentiment que je suis peut-être capable de toucher la vie de certaines personnes." "Les autres aspects sont vraiment secondaires", affirme Koons qui a été courtier à Wall Street à la fin des années 1970 pour financer sa production artistique.
Aujourd'hui grand collectionneur
Au fil des ans, Koons a constitué une importante collection d'art, qui comprend notamment des oeuvres de Gustave Courbet. Koons apprécie la France, "le premier pays étranger" dans lequel il s'est rendu à l'âge de vingt ans pour y exposer un de ses aspirateurs à Lyon. Il s'étonne encore d'avoir été invité, en compagnie d'autres artistes, à déjeuner avec Jacques Chirac en 2000, lors d'une exposition à Avignon. "Pour un artiste américain, c'est incroyable de déjeuner avec le président d'un pays comme la France." A ses yeux, "c'était un symbole de l'ouverture" d'esprit de ce pays, de son intérêt pour l'art.
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