Des bronzes, d'une valeur inestimable, exposés une dernière fois à Berlin avant leur restitution au Nigeria
Des œuvres pillées dans les colonies au XIXe conservés en Allemagne vont revenir en terres nigériennes. Elles sont exposés une dernières fois à Berlin avant de retourner dans leur pays natal.
Ce sont des pièces d’une valeur inestimable, des bronzes parmi les plus fins de l’art africain. Parmi ces trésors, une tête commémorative d’un roi, deux trônes qui proviennent d’un palais de Benin City, ancienne capitale du Royaume du Benin aujourd’hui devenue le sud-ouest du Nigeria. Ces œuvres sont exposées pour la toute dernière fois à Berlin, au Humboldt Forum avant d’être restituées à leur pays d’origine.
Les sculptures ont été volées pendant l’ère coloniale par les Britanniques à la fin du XIXe siècle avant d’être éparpillées dans plusieurs musées à travers l’Europe. Cette restitution s’inscrit dans un long processus mis en place par l’Allemagne pour réparer "les injustices coloniales", "c’est le début d’une collaboration qui doit durer longtemps" avec "les partenaires nigériens", ajoute Hermann Parzinger, président de la Fondation du patrimoine culturel prussien.
Regard critique sur son passé
L’Allemagne tente de faire la paix avec son histoire liée au continent africain. En mai 2021, le pays avait reconnu officiellement un génocide perpétré en Namibie, et depuis quelques années il accélère les restitutions des œuvres pillées. "À l'image des Pays-Bas et de la Belgique, l'Allemagne a mis en place des politiques muséales avec un regard lucide sur le passé colonial", explique Pascal Blanchard, historien français, spécialiste du "fait colonial" et des immigrations en France, à l'AFP. Le grand musée consacré à l’Afrique de Tervuren près de Bruxelles prône depuis sa réouverture en 2018, un "regard critique" sur sa collection et la manière dont elle a été formée par le Roi des Belges Léopold II. Même son de cloche pour le musée Tropenmuseum d’Amsterdam. La France a elle aussi restituée au Bénin en novembre 2021, 26 trésors royaux d’Abomey.
Des retours d’œuvres louables mais lents et tardifs pour certains. "Les demandes africaines de restitution remontent à l'indépendance de ces pays, dans les années 1960. Elles ont été pendant des années étouffées, refusées, oubliées", explique l’historienne Bénédicte Savoy. D’autant que d'autres établissements n’ont pas encore entamés ce processus, à l’image du British Museum de Londres qui abrite plus de 700 bronzes issus de la colonisation.
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