Dégradation des œuvres de l'artiste sénégalais Ousmane Sow : deux interpellations à Besançon
Les statues ont été blanchies. L'une d'elles est à l'effigie de l'écrivain Victor Hugo. Ces actes de vandalisme interviennent alors qu'une polémique entoure la restauration de la statue de l'écrivain français.
Deux hommes ont été interpellés, jeudi 24 novembre, suspectés d'avoir commis des dégradations sur deux statues à Besançon, dont l'une à l'effigie de Victor Hugo, œuvres de l'artiste sénégalais Ousmane Sow, a indiqué la police.
Les deux suspects, âgés de 20 et 22 ans, ont été placés en garde à vue dans le cadre d'une enquête de flagrance, ouverte après la découverte le 21 novembre, de dégradations sur la statue de Victor Hugo, dont la rénovation en cours fait l'objet d'une polémique. Une couche de peinture blanche recouvrant le visage et les mains de l'écrivain représenté par l'œuvre.
Polémique autour d'une restauration
La mairie avait annoncé déposer plainte, précisant que la rénovation, tant critiquée, n'était pas terminée. Deux jours plus tard, le 23 novembre, L'homme et l'enfant, une autre statue d'Ousmane Sow érigée à Besançon, a également été recouverte de peinture blanche sur les mains et le visage. "Les blanchissements de ses œuvres sont des actes graves et alarmants qui relèvent d'un racisme profond et décomplexé que certains responsables politiques encouragent et alimentent", a réagi la mairie, appelant "à la cohésion" face à ce vandalisme raciste.
Sur Twitter, jeudi 24 novembre, la ministre de la Culture Rima Abdul Malak s'est dite "scandalisée de voir des sculptures d'Ousmane Sow vandalisées". "Mains et visages de la statue L'homme et l'enfant blanchies : signature d'un acte explicitement raciste", a déploré la ministre, regrettant une attaque "nauséabonde contre l'œuvre d'un immense artiste sénégalais qui aimait tant la France".
Scandalisée de voir des sculptures d’Ousmane Sow vandalisées à Besançon. Mains et visages de la statue “L’homme et l’enfant” blanchies : signature d’un acte explicitement raciste. Attaque nauséabonde contre l’œuvre d’un immense artiste sénégalais qui aimait tant la France. pic.twitter.com/k3prqBiFQV
— Rima Abdul Malak (@RimaAbdulMalak) November 24, 2022
"Victor Hugo a pris un sacré coup de soleil"
La statue de Victor Hugo, inaugurée en 2003, était en cours de restauration quand le quotidien local, L'Est Républicain, a évoqué le travail réalisé par la fonderie de la Fondation Coubertin, insistant sur les couleurs de la statue, et notamment sur l'aspect foncé du visage, en bronze, écrivant "Victor Hugo a pris un sacré coup de soleil".
Le quotidien citait notamment Béatrice Soulé, l'ancienne compagne et agent artistique de l'artiste (décédé en 2016), jointe "au Sénégal", qui semblait désapprouver le travail de restauration réalisé. "On dirait un Victor Hugo noir, ce qui n'a jamais été l'intention d'Ousmane" avançait-elle, soulignant que "le visage original était de couleur chair".
De nombreuses critiques et articles de presse sur la rénovation de la statue ont alors fleuri, en prenant notamment pour cible la maire de Besançon, l'écologiste Anne Vignot. Dans une tribune publiée par Le Figaro Vox, l'universitaire Xavier-Laurent Salvador taclait ainsi "le révisionnisme opportuniste de la mairie de Besançon".
"Il n'était pas terminé lorsqu'ils se sont tous enflammés"
Sollicitée par l'AFP, Béatrice Soulé a regretté "un faux débat autour de la négritude supposée de cette nouvelle représentation" après "un malheureux article sur l'œuvre en cours, bien loin du résultat final", tout en apportant son soutien au patineur chargé de la restauration.
Ses remarques initiales portaient sur "une étape de travail", avant une concertation avec les professionnels de la restauration sur "la reprise à faire", a-t-elle expliqué. Elle a également exprimé son souhait d'adresser un droit de réponse au Figaro. "Il est superbe ce Victor Hugo, une fois terminé", a-t-elle déclaré. "Il n'était pas terminé lorsqu'ils se sont tous enflammés." Le procureur de Besançon, Etienne Manteaux, tiendra une conférence de presse sur cette affaire dans l'après-midi du vendredi 25 novembre.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.