A Versailles, les tags sur la sculpture d'Anish Kapoor seront finalement masqués
"Anish Kapoor a pris le parti de masquer les inscriptions, pour en dissimuler la portée haineuse. Il expliquera lui-même la technique qu'il entend adopter", a expliqué à l'AFP la présidente de l'établissement, interrogée sur la façon dont l'artiste allait s'y prendre. "Il veut cacher les blessures. Cela n'a pas été facile pour lui, c'est le résultat d'un long processus", a souligné Catherine Pégard qui précise que "l'artiste veut garder le témoignage de la violence de cet acte".
Pourtant, dans un premier temps, l'artiste plasticien britannique avait annoncé que les insultes ne seraient pas retirées car désormais "ces mots infamants font partie" de l'oeuvre. "Lors de la première dégradation, je m'étais déjà interrogé sur le bien fondé d'un nettoyage. Cette fois, je suis convaincu qu'il ne faut rien retirer de ces insultes, de ces mots propres à l'antisémitisme que l'on voudrait aussitôt oublier", avait-t-il expliqué au Figaro.
Venu constater les dégâts, il avait ensuite nuancé son propos, soulignant qu'il "avait besoin de temps pour décider". Il avait fait part de sa "grande tristesse" et évoqué un "enterrement de la culture".
Surnommée le "vagin de la reine", la sculpture monumentale, une trompe d'acier de 60 m de long à la connotation sexuelle évidente, a été vandalisée trois fois depuis juin, dont deux ces dernières semaines. Elle avait été recouverte d'inscriptions à la peinture blanche : "La reine sacrifiée, deux fois outragée", "SS Sacrifice Sanglant", "le deuxième VIOL de la Nation par l'activisme JUIF DEVIANT". Puis, quelques jours plus tard, la phrase "Respect Art as U trust God" ("Respecte l'art comme tu crois en Dieu") a été inscrite en grandes lettres à la peinture rose sur la partie inférieure de la sculpture..
Le chef de l'État, qui a reçu l'artiste à l'Elysée, avait fait part de "toute sa solidarité" à Anish Kapoor réaffirmant "son attachement indéfectible à la liberté de création qui a sa place dans les lieux les plus prestigieux de notre patrimoine".
La sûreté urbaine de Versailles a été chargée de l'enquête. La direction du Domaine a renforcé les mesures de sécurité : maîtres-chiens déployés, rondes de police effectuées pendant toute la nuit et nouvelles caméras de surveillance installées. Des inspecteurs du ministère de la Culture ont été dépêchés et doivent produire un rapport, et un audit a été demandé sur la sécurité du site.
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