"Le magasin" de Ben et le "Portrait de Gala" par Max Ernst sortent restaurés des réserves du Centre Pompidou
C'est un peu l'hôpital des œuvres d'art, les réserves du Centre Pompidou conservent et restaurent des sculptures, peintures ou installations endommagées par le temps et par les transports.
Dans quelques jours, "Le Magasin" de Ben et le "Portrait de Gala Eluard" peint par Max Ernst en 1923 sortiront du bloc opératoire, comme s'ils venaient de naître des mains des artistes. Longues et innovantes, ces restaurations ont débuté en novembre 2016 et s'achèvent en ce moment-même au sein du service de restauration du Centre Pompidou.
Les deux pièces réintégreront ainsi le musée dans le cadre du nouvel accrochage de ses collections modernes et contemporaines le 15 juin prochain, grâce au mécénat de la Fondation BNP Paribas qui a apporté 70 000€.
Reportage : G. Faure / G. Bezou / M. Chekkoumy / C. Ngoc
Un magasin pas comme les autres
En 1958, l'artiste ouvre une boutique de disques à Nice qui devient un espace d'exposition. Il s'appelle "Le Laboratoire 32" puis "La galerie Ben doute de tout". Le plasticien le démonte en 1974 pour l'installer au Musée national d'art moderne à Paris qui l'acquiert à cette date. L'artiste prolixe conçoit cette installation dans la lignée de Marcel Duchamp où "tout est art".
400 pièces savamment enchevêtrées dans un cube que le visiteur peut pénétrer. Les multiples éléments chinés dans des brocantes transforment l’espace en une sculpture en perpétuelle évolution : il l’appelle "N’importe quoi". Mais ce n'importe quoi mérite une attention différente que pour une peinture classique. "On vérifie, on stabilise mais on ne va pas tout refaire, on consolide des déchirures sur les cahiers", souligne, la restauratrice Astrid Lorenzen.
Plusieurs fois démonté pour des expositions temporaires, "Le Magasin" de Ben est accompagné d'un véritable manuel technique d'installation où chaque photo, document et commentaire de l'artiste guide le montage. "Lorsque l'œuvre a intégré les collections en 1975, Ben est intervenu à quatre reprises, pour l'enrichir mais aussi pour replacer des éléments", se souvient Isabelle Merly, ingénieur d’études, collections contemporaines du Centre Pompidou.
Un portrait de Gala parmi d'autres
Eluard, Ernst puis Dali de nombreux surréalistes ont succombé au charme de la belle russe Elena Ivanovna Diakonova alias Gala. Son premier mari Eluard lui écrit des poèmes, Ernst, l'amant officiel lui peint son portrait et Dali, le second mari de la belle enchanteresse, ne cesse de la magnifier et de la représenter comme un mythe vivant et une icône moderne. Muse parmi les muses, Gala est un modèle unique d'inspiration pour ces artistes.Réalisé en 1923 par le peintre et sculpteur d'origine allemande Max Ernst, "Le portrait de Gala Eluard" est à l'origine effectué sur le mur du poète. La toile a été déposée puis acquise par le centre Pompidou. Sa restauration totale demande beaucoup de minutie aux expertes. "On voit que la signature a été reprise, quelqu'un a redessiné les lettres. Seul le microscope me permet de dinstiguer l'original de la partie refaite", analyse Véronique Sorano, responsable du service restauration centre Pompidou.
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