Quatre silhouettes exceptionnelles à ne pas rater dans le "Parcours mode, bijoux, design" du Musée des arts décoratifs, à Paris
Jusqu'au 10 novembre 2024, le Musée des arts décoratifs (MAD) présente, pour la première fois, des pièces de haute couture et de prêt‑à‑porter ainsi que de joaillerie et des bijoux fantaisie dans les galeries permanentes dédiées au design du XXe siècle à nos jours.
Parcours mode, bijoux, design, c'est 30 silhouettes de mode et 100 bijoux de créateurs et de maisons prestigieuses qui dialoguent avec les grands noms du design comme Ettore Sottsass, Ron Arad, Philippe Starck et les frères Campana. Le circuit met en lumière des collections de maisons de la place Vendôme, mais aussi l'imaginaire de créateurs et d'artistes comme Jean Desprès, Jean Schlumberger, Florence Lehmann, Costanza et Roger Jean-Pierre.
Nous avons sélectionné quatre silhouettes sur les trente proposées dans cet accrochage, qui pose un nouveau regard sur le design de l'après-guerre à nos jours, tant français qu'international. Habituellement consacrées aux pièces de design, de céramique et de verre, les galeries modernes et contemporaines du musée sont ponctuées de looks de mode et de parures apportant une lecture transdisciplinaire nouvelle.
Ce parcours inédit révèle des pièces iconiques des collections de mode du Musée des arts décoratifs et consacre une place importante aux créateurs à l'instar de Paco Rabanne, Issey Miyake et Rick Owens. Les grandes maisons sont représentées : Balmain par Olivier Rousteing, Christian Dior par John Galliano, Courrèges et son directeur artistique Nicolas de Felice, et aussi Stéphane Rolland, entré récemment dans les collections. Focus sur quatre silhouettes mode.
Balmain et l'Ouest américain
Le parcours débute par un luxueux prototype de défilé réalisé par Olivier Rousteing lors de sa première collection pour Balmain, rappelant l'admiration de Pierre Balmain pour l'Ouest américain. Il s'agit d'un ensemble constitué d'une veste et d'une robe-bustier courte de la collection prêt-à-porter printemps‑été 2012, réalisé en twill brodé de fil or, de tubes, de perles et de strass.
Cette esthétique métallique permet de confronter cette pièce de mode au design du Britannique Ron Arad et aux bijoux art déco de Jean Desprès.
Andrea Crews et l'upcycling
L'upcycling, qui consiste à réemployer des matériaux dont on n'a plus l'usage, est représenté ici par Andrea Crews dont la silhouette est mise en regard des bijoux contemporains de Verena Sieber-Fuchs et de Lisa Walker.
Cette marque a été créée sous l'impulsion de Maroussia Rebecq, artiste se dédiant au recyclage vestimentaire depuis 2001. Ce look mêle des pièces issues de plusieurs de ses collections illustrant divers procédés de surcyclage de vêtements de rebuts (découpe, tricotage, retournement, surimpression). Sa création a la volonté d'inscrire ses défilés performances dans une démarche militante et porteuse d'un espoir postindustriel.
Stéphane Rolland et le Brésil
Notre préférée est une impressionnante robe Icône, réalisée par le couturier Stéphane Rolland en 2023. Scintillante et dorée, inspirée de Notre-Dame d'Aparecida, elle côtoie une armoire des frères Campana mettant en valeur tout le baroque métissé et la sacralité latine de ces œuvres.
Cette robe haute couture printemps-été 2023 a clôturé le défilé que Stéphane Rolland avait dédié au pays de son adolescence. Icône est conçue à l'image de la Notre-Dame d'Aparecida (de l'Apparition) patronne du Brésil. Son étoffe lamée rappelle les costumes de carnaval de personnages d'Orphée et d'Eurydice du film Orfeu Negro de Marcel Camus. Ses moulures nées d'une inspiration Marajoara, en hommage à cette culture de l'Amazone, évoquent aussi l'œuvre d'Oscar Niemeyer. Pour le couturier, il s'agissait de "mettre en avant l'héritage très architectural de Rio et Brasilia", symbolisant dans cette robe de mariée métissage, dévotion et héritage baroque.
Issey Miyake et l'art
En poursuivant la visite, dans les salles suivantes, nous remarquons une robe de chambre de l'artiste Jean Dubuffet dont les motifs contrastent avec les lignes pures et la simplicité de Charlotte Perriand et de Jean Prouvé. On croisera aussi le travail d'Issey Miyake.
"Toutes mes recherches ont toujours été centrées sur le mouvement et la liberté permise par le vêtement. La personne qui le porte lui confère sa dimension finale", rappelait le créateur japonais. En 1996, il exposait à la Biennale de Florence Art et Mode une robe identique, imprimée à partir d'une photographie de l'artiste japonais Yasumasa Morimura réalisée d'après La Source de Jean-Auguste Dominique Ingres. L'évocation du tableau, la réalité du vêtement et celle du corps qu'il habille se confondent en une même silhouette vivante, image complexe de la féminité.
"Parcours mode, bijoux, design" jusqu'au 10 novembre 2024. Musée des arts décoratifs, 107 rue de Rivoli, 75001 Paris.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.