Plantu exposé à la BNF : "J’ai toujours l’impression d’être un escroc"
Jean Plantureux alias Plantu n’est pas seulement exposé à la BNF, comme le furent avant lui Wolinski et Willem, il "entre" à la BNF. Le dessinateur a en effet cédé 500 œuvres à l’institution. Il lui a aussi confié en dépôt 30 000 autres dessins qui retracent cinquante ans de carrière. "Toutes les œuvres qui entrent à la BNF appartiennent au patrimoine national. Les dessins de Plantu appartiennent dorénavant à tout le monde" a déclaré la commissaire de l'exposition Martine Mauvieux, conservateur, chargée des collections de presse.
Interrogé par nos confrères de France 3 Paris Ile-de-France sur cette "entrée" au patrimoine national, Plantu sourit en disant que lui se voit toujours "comme l’ancien écolier qui galérait un peu à l’école". Et d’ajouter : "J’ai toujours l’impression d’être un escroc dans ces cas-là... Je me dis : "Ils vont se rendre compte que je ne suis qu’un dessinateur qui fait des p’tits crobars tous les jours".
Vendeur de meubles... et dessinateur
Cette exposition, c’est aussi l’occasion de rappeler les débuts du dessinateur. Natif de Paris, lycéen à Henri IV, Jean Plantureux se décide, après deux ans de médecine, à vivre sa passion en allant à Bruxelles suivre les cours de dessin de l'école Saint-Luc fondée par Hergé (c’est le dessinateur qu’il admire le plus avec Reiser). Il revient ensuite à Paris. Le jour, il vend des meubles et des escabeaux aux Galeries Lafayette. La nuit, il dessine."Chaque jour, pendant la pause de 11h, je téléphonais au Monde pour leur proposer un dessin. Chaque fois, Bernard Lauzanne, le rédacteur en chef, me disait non. Et puis un jour il m’a dit oui"
La première colombe
Le quotidien publie le premier dessin de Plantu le 1er octobre 1972, sur le thème de la guerre du Viêt Nam. On y voit une petite colombe, un point d'interrogation dans le bec, pour symboliser les doutes sur la mise en œuvre d’un accord de paix. Le jeune dessinateur (il a alors 21 ans) ignore que cette colombe va devenir sa signature.En 1980, Plantu entame une collaboration avec le magazine Phosphore qui va perdurer jusqu’en 1986. Entre-temps, il publie chaque samedi à la Une du Monde un dessin, tout en se faisant connaître du grand public via l’émission hebdomadaire de Michel Polac, Droit de réponse. En 1985, André Fontaine, le directeur de la publication du Monde impose la quotidienneté des dessins de Plantu à la Une du quotidien.
Une grande liberté
Une collaboration qui dure toujours et qui semble convenir au journal comme au dessinateur. Plantu reconnaît jouir d’une grande liberté. Et les attentats qui ont coûté la vie à ses amis de Charlie Hebdo n’ont rien changé. "Si je dois m’en prendre aux salafistes ou à la burka, je le fais, c’est mon boulot".Mais il reconnaît que ces attentats ont changé la vie des dessinateurs de presse : "Des peurs se sont installées dans les rédactions. Les rédacteurs en chef se posent davantage de questions. Moi j’ai de la chance, je fais ce que je veux mais un petit jeune de 20 ans... Je lui souhaite bien du courage !".
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