Yokainoshima : le photographe Charles Fréger dévoile l'île aux monstres gentils
Présentée cet été aux Rencontres d'Arles, "Yokainoshima" est la nouvelle exposition de Charles Fréger. C'est au Japon que la photographe a rencontré de fascinantes communautés humaines.
Figures masquées, monstres sortis de la nature, costumes traditionnels, sa démarche qui fait suite à "Wilder Man" combine l’acuité du regard documentaire avec l’art de la mise en scène.
Reportage : D. Borrelly / F. Ceroni / S. Dumaine / T. Huynh
Groupes sociaux aux rites ancestraux
Après avoir observé et capté les postures des hommes sauvages en Europe pour sa série Wilder Man, Charles Fréger est allé à la rencontre d'autres rituels traditionnels méconnus.C'est dans la campagne japonaise et dans les petites îles de l'archipel qu'il découvre ces hommes et ces femmes qui se parent de masques et de costumes et qui perpétuent des rites ancestraux, païens ou religieux.
"Chaque costume correspond à une tradition particulière et si on ne la connait pas on peut se raconter sa propre histoire", explique Marie-Pia Bureau, Directrice de l'Espace Malraux.
Si l'aspect documentaire de "Yokainoshima" (l'île aux monstres) s'apparente à une sorte de bestiaire nippon, la démarche du photographe normand est avant tout artistique.
Il ne s’agit pas d’une photographie objective. Certes, il y a une part documentaire dans mon travail, mais ce n’est pas le fond de ma démarche. Je mets ces silhouettes dans un environnement qui me paraît cohérent et intéressant afin qu’elles soient en connexion avec l’espace en arrière-plan. Tout est contrôlé, mis en scène et éclairé…
Charles FrégerLa terre et les esprits
Cette nouvelle série de Charles Fréger exprime pleinement le lien que les peuples ruraux japonais entretiennent avec la nature et la terre. Chaque cliché est porté par cet attachement. Tour à tour drôle ou monstrueux, il y a quelque chose de fantasmagorique dans ces personnages symboliques et surnaturels.
Ces figures rituelles imaginées par l’homme racontent les traditions qui rythment la vie des habitants, qui travaillent aux champs et foulent la terre.Je viens du monde rural, je suis fils d’agriculteur et, avant de faire les beaux-arts, j’ai fait des études dans un lycée agricole. J’étais censé devenir agriculteur… Ces gens proches de la nature et qui travaillent avec la nature m’intéressent forcément… tout comme ces rituels et ces croyances qui subsistent alors que le monde se modernise…
-> Retrouvez cette interview de Charles Fréger à propos de Yokainoshima lors des Rencontres d'Arles 2016
YOKAINOSHIMA, qui fait aussi l'objet d'une publication chez Actes Sud est visible dans les halls de L'Espace Malraux de Chambéry jusqu'au 28 octobre 2016.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.