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Rencontre avec Didier Jallais, le dentiste photographe de l'Inde et du jazz !

Le théâtre de Cholet expose ce printemps 2017 les photos de Didier Jallais. Prises lors de concerts de jazz, elles ne représentent qu'une facette du travail de l'artiste. Ce dentiste de 66 ans, également musicien, pilote d'avion et d'hélicoptère fait de fréquents voyages en Inde d'où il rapporte des photos empreintes d'une grande humanité. L'homme est aussi passionnant que son travail.
Article rédigé par franceinfo
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James Carter à Marciac en 2016 (détail)
 (Didier Jallais)

A 66 ans, Didier Jallais, dentiste à Cholet, s'apprête à prendre sa retraite. Le lecteur pourrait se contenter de cette phrase et imaginer un notable bedonnant satisfait de goûter bientôt un repos mérité. Ce serait mal connaître l'homme. Le temps que le dentiste ne passera plus à soigner ses patients, c'est l'aviateur, ou le musicien, et sans doute plus encore le photographe ou le voyageur qui en profiteront. Didier Jallais est tout cela à fois et il est bien davantage que la somme de ses avatars.

Didier Jallais photographe, par exemple, déploie lui aussi plusieurs facettes. Les clichés exposés au théâtre de Cholet en illustrent une, sa passion pour le jazz. L'angle juste, la lumière idéale, le moment précis, chacune de ses photographies donne l'impression de laisser entendre la musique jouée à l'instant même du déclic. L'image porte la musique en elle, sans doute parce que, premier prix de conservatoire à 14 ans, Didier Jallais est lui-même clarinettiste ! Et récipendaire, en 2014, du premier prix du Jazz World Photo en République tchèque. 

Reportage : E. Garcia / A. Ropert / M. Zadunaisky

Vivre !

L'ambition du photographe Didier Jallais n'est pas d'arrêter la vie, de la fixer sur des images. Son désir se cache plutôt dans une envie constante de la célébrer. Dans la fosse d'une salle de spectacle ou devant un regard indien, il garde l'émerveillement du petit garçon de huit ou neuf ans qui découvrait un étrange spectacle sur le mur de la chambre où il devait faire la sieste, une après-midi d'été vendéenne.
 

Ce jour-là, je m'aperçus soudainement que, sur le mur blanc qui faisait face à mon lit, des sortes d'ombres chinoises inversées dessinaient l'activité de la rue. Je voyais assez distinctement les piétons et les feuilles des arbres qui bougeaient, mais à l'envers ! C'était un rayon de soleil qui, passant par un petit interstice des volets en bois, réalisait un petit sténopé. Ce fut vraiment un choc et je crois que je n'ai eu de cesse, depuis, de fixer le monde qui m'entoure sur un support, d'abord argentique puis numérique

Didier Jallais
Archie Shepp à Marciac en 2015
 (Didier Jallais)

L'Inde

Sur les photos indiennes que Didier Jallais a rapporté de ses trente-six voyages dans le sous-continent, transparaissent la même humanité, le même souci de l'autre qui habitent ses clichés de jazz. Malgré l'écart qui sépare les deux sujets, c'est bien le regard du photographe qui fait l'image, qui lui donne une même profondeur. L'Inde est au coeur de la vie de l'artiste. C'est là qu'il a rencontré en 2007 un photographe-voyageur hors du commun. A Bénarès, au bord du Gange, Xavier Zimbardo lui a donné confiance en lui. Avec, lui aussi, beaucoup de générosité, il a su reconnaître dans ses photos un regard parallèle au sien. Un envol d'oiseaux, un geste de dévotion, deux yeux dans la pénombre, Didier Jallais traite l'instant en artiste. Il n'a pas la prétention de montrer la réalité. Comme un peintre, il s'en saisit et la transmet comme il l'a vue. Et qui peut affirmer que la reproduction strictement technique d'un instant aperçu est plus vraie que son interprétation par le geste d'un artiste ? La différence ? La vie tout simplement, et le geste, le regard bienveillant envers son prochain.

Une photo indienne
 (Didier Jallais)

Aider les autres en privilégiant et en essayant de montrer la seule chose qui m'intéresse : la beauté du monde qui existe partout, parfois de façon fugitive, même dans les endroits les plus sordides. L'Inde que j'aime tant et qui m'a accueilli si souvent en est la plus parfaite illustration.

Didier Jallais

 

Sur le Gange, à Bénarès
 (Didier Jallais)

Auroville et Michel Jonasz

Pendant plusieurs années, Didier Jallais a aussi pratiqué son métier de dentiste à Auroville. Dans cette société idéale créée non loin de Pondichéry en 1968, la vie s'organise loin des croyances, des opinions politiques et des différences de nationalités. Chacun participe à la vie quotidienne selon ses aptitudes. C'est là, dans ce havre de paix qui repose sur les principes du philosophe Sri Aurobindo, que Didier Jallais a noué une amitié importante. Avec Michel Jonasz. L'auteur compositeur interprète effectue en effet de fréquents séjours à Auroville. Aujourd'hui, certaines affiches de Michel Jonasz portent la signature de Didier Jallais et les deux hommes se rencontrent régulièrement.

Michel Jonasz et Jean-Yves d'Angelo sous l'objectif de Didier Jallais
 (Didier Jallais)

Projets

Bientôt libéré d'obligations professionnelles qui comptaient aussi parmi ses nombreuses passions, Didier Jallais va pouvoir se consacrer davantage à son activité de photographe. Il entretient déjà plusieurs projets d'expositions notamment dans les mois à venir à Venise. Elles feront suite à celles qu'il avait eu le temps d'organiser à Nantes, à Paris, en République tchèque ou au Luxembourg. Le reste du temps, il pilotera avion ou hélicoptère, disputera encore d'autres marathons à Paris ou à New York, posera son regard sur Ibrahim Maalouf et sa trompette, Awa Ly ou Faada Freddy... et bien sûr, il assistera encore au lever du jour sur le Gange depuis l'un des ghats de Bénarès, son large sourire aux lèvres et le regard bienveillant posé sur une Indienne immergée dans le fleuve sacré. Qui a parlé de retraite ?

Awa Ly, Tiercé en 2017
 (Didier Jallais)

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