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"Villes" : un voyage urbain à travers 150 photographies

Du quartier de Belleville à Paris, de Santiago du Chili à Port-au-Prince, en passant par Oulan Bathor et Belleville-sur-Mer, l'exposition présentée au Pavillon Carré de Baudouin à Paris montre la ville à travers le regard de douze photographes du Collectif Le bar Floréal.photographie.
Article rédigé par franceinfo - Laurence Houot-Remy
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Publié
Temps de lecture : 4min
Santiago du Chili, décembre 2008 (extrait).
 (Éric Facon / Le bar Floréal.photographie)

Plus de la moitié de la population mondiale vit aujourd'hui dans les villes, dans ses centres et dans ses périphéries, populations en perpetuel mouvement. Des visages, des symboles, des signes, la ville dit beaucoup du monde et des hommes d'aujourd'hui, de leurs modes de vie, de leurs bonheurs et de leurs douleurs. L'exposition est un véritable voyage en images dans ces mondes. Si proches et si différents à la fois.

Mongolie : de la yourte à l'appartement

La population mongole se rapproche de plus en plus des zones urbaines. De la steppe à la ville, de la tente circulaire, à l'habitat cubique fixe et moderne, Lucile Chombart de Lawe est allée poser son objectif en Mongolie. Ses photographies parlent autant qu'une longue thèse sociologique, montrant comment un changement d'habitat et d'environnement bouleverse profondément les modes de vie. D'un côté l'intérieur d'une yourte, colorée et remplie d'une famille nombreuse, de l'autre un intérieur glacial, canapé, un couple pose, un seul enfant entre eux. Ou cette steppe proche de la ville, envahie par un entassement de yourtes perdues dans la poussière.

Tempête de sable. Quartier de yourtes. Bayankhongor. Avril 2011
 (Lucile Chombart de Lauwe / Bar Floréal.photographie)

Le travail de Lucile Chombart de Lawe sur les conséquences de la sédentarisation en Mongolie est également exposé plus largement dans les jardins du Musée Albert Kahn (Boulogne-Billancourt) du 5 juin au 29 juillet 2012.

Portrait d'une jeunesse chinoise à Belleville

Mara Mazzanti  a fait un travail photographique et vidéo. Elle a photographié ces jeunes et les a aussi interrogés. Essentiellement originaires de la région de Wenzhou en Chine, ils sont encore ancrés dans la culture chinoise, les pieds bien campés en France,  mais pas encore complètement européens.

Mara Mazzanti a exploré avec son objectif comment ils vivent cet "entre-deux". Fête de la lune, mariage, religion ... Mara Mazzanti dévoile les instants où ces jeunes partagent un même héritage culturel avec leur communauté d’origine et où leur identité chinoise s’exprime.

Fête de la Lune. Dans les rues de Belleville, on attend de voir la plus grande lune de l’année, au moment où elle est la plus ronde et la plus lumineuse. Septembre 2010.
 (Mara Mazzanti / Bar Floréal.photographie)

Dans les entretiens vidéos, on entend par exemple cette jeune fille de 25 ans raconter comment sa famille essaie de la marier. Entre humour et révolte, elle évoque les rendez-vous obligés, les garçons décalés et la pression qui pèse sur ses épaules mais aussi sur celles de ses parents.

"Périféérie" et tensions

Jean-Christophe Bardot s'est arrêté en marge des villes, entre échangeurs d'autoroutes, les zones commerciales et les zones pavillonnaires. Il dessine ces paysages déshumanisés, où se dressent les enseignes et la signalétique, espaces urbains transfigurés sous son objectif en croisements, a-plats de couleurs, tableaux abstraits.

Saclay, 2008. Photographie de la série "En périféérie"
 (Jean-Christophe Bardot / Bar Floréal.photographie)

Au contraire Nicolas Quinette joue les failles, craquelures, figures humaines en mouvement qui circulent dans une ville inquiétante. Photographies de "visions brutes et instinctives d'un monde dans lequel les présences humaines sont imbriquées dans un monde précaire, menaçant à tout moment de basculer".

Gare du Nord, Paris, 2003.
 (Nicolas Quinette / Bar Floréal.photographie)

Les "Vies en suspend" de Laetitia Tura

Leurs parents se sont battus pour la France. Humains oubliés. Sur les traces d'une histoire refoulée, Laetitia Tura photographies des hommes et des femmes sur les lieux emblématiques de ces histoires. Les photographies liées aux expositions coloniales et aux incendies ont été réalisées dans le cadre d’ateliers de création photographique avec des travailleurs immigrés.

Drissa Traoré, monument à la mémoire des soldats noirs morts pour la France, Jardin d'agronomie tropicale, Bois de Vincennes, Paris, 2011.
 (Laetitia Tura / Bar Floréal.photographie)

Le bar Floréal : la photographie comme outil social

Le collectif a été fondé il y a plus de 25 ans par trois photographes, avec pour objectif de s'attacher d'abord aux gens, à leur histoire. "On pourrait dire que ce qui nous intéresse, c'est une photographie de société : de, sur et avec les gens", explique Cécile Lucas, du Collectif Le bar Floréal.photographie. Les projets s'accompagnent toujours d'un mouvement vers les gens. Pour l'exposition "Villes" par exemple, dans le square du Pavillon Carré de Baudouin, les photographes tirent le portrait de ceux qui en ont envie, puis sèment les tirages dans le jardin.

Jardin photographique, Pavillon Carré de Baudouin, Le bar Floréal.photographie
 (Laurence Houot-Remy)

"L'idée est de poursuivre l'exposition hors des murs et d'inciter ainsi des publics à entrer, des publics qui n'y entrent pas naturellement, alors que l'expo est gratuite ! ", sourit Cécile Lucas.

"Villes" : 12 photographes et autant de regards singuliers sur la ville et ses habitants. Et en commun, une certaine manière de concevoir la photographie, qui prend son temps.

"Villes" Le bar Floréal.photographie, jusqu'au 13 juillet 2012
Pavillon Carré de Baudouin
121, rue de Ménilmontant, 75020 Paris
Ouvert du mardi au samedi de 11h à 18h (sauf jours fériés)
Entrée gratuite

 

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