Comment s'installe la paix après un conflit ? La question est au centre de l'exposition phare du Prix Bayeux des correspondants de guerre. Elle propose une réflexion à travers des photos prises pendant et après les combats. Pour cela, neuf reporters sont retournés dans des pays qu'ils avaient déjà couverts pour tenter de montrer la paix.Organisée en partenariat avec la Fondation de l'agence VII, l'exposition Imagine : reflections est présentée à l'hôtel du Doyen de Bayeux jusqu'au 1er novembre 2020. De la guerre à la paix : équilibre fragileCette idée de porter un regard sur des pays meurtris par la guerre est venue du photoreporter britannique Gary Knight. En 2003, après des années à couvrir la guerre en ex-Yougoslavie, Irak, Afghanistan, au Cachemire, au Liberia, au Congo, ou encore en Israël et en Palestine, il a eu envie d’examiner les processus de paix. Et plus précisément ce qui permet une consolidation durable et la fin des conflits. Roland Neveu a photographié le Cambodge en temps de guerre, ses photos racontent l'attente des habitants. "Quand on passe son temps à la guerre on s'accroche à la paix, parce qu'on se rend compte de ce que ça fait aux familles, donc la seule chose à laquelle on doit croire, c'est la paix", témoigne le photojournaliste Roland Neveu. Un soldat du gouvernement tirant sa carabine M1 obsolète sur les Khmers rouges depuis un trou de renard. Kien Svay, Route 1 août 1973 (Roland Neveu / VII) Mais l'équilibre est bien souvent fragile dans ces territoires. Comme en témoignent les photos de Gary Knight également prises au Cambodge, en 2017. La guerre est terminée depuis plusieurs années et dans ce pays au pouvoir autoritaire, les injustices demeurent. "Au Cambodge, il y a eu un échec total afin de créer un système qui soit juste, les femmes n'ont pas le droit de faire de la politique. En fait, il y a un seul parti", rapporte le photographe. Le portrait de Sophary Sophin, ingénieure en neutralisation des bombes, Cambodge (Gary Knight / VII) La paix dans le viseur des photographesLe projet initial a permis d’envoyer une douzaine de reporters et photojournalistes dans des pays qu'ils avaient couverts lors de conflits brutaux. Dans cette grande aventure photographique, des journalistes et des auteurs de renommée mondiale plongent le visiteur auprès des populations qui ont subi la guerre et qui ont survécu. Un voyage à travers le monde qui part à la rencontre des habitants d'Irlande du Nord, de Bosnie, du Rwanda, du Liban, d'Irak ou de la Colombie. Ouest de Mossoul, Irak, novembre 2018. Des écolières arrivent dans une école récemment rouverte. Pour de nombreux étudiants, c'est la première fois qu'ils peuvent aller à l'école depuis des années. (© Nicole Tung) Pour moi, il était primordial de comprendre ce qui est important pour les populations de ces pays et de le transmettre à travers mes photographiesGary KnightPhotoreporterLe rôle des femmes, une aide précieuse pour la reconstructionL'exposition montre aussi l’importance des femmes dans l’établissement et la garantie d’une paix pérenne. Leur rôle dans la justice, l’économie, la santé et l'éducation est central pour permettre la reconstruction. Mur de la paix, côté loyaliste, nord de l'Irlande, 2017 (© Gilles Peress) Un ouvrage de 400 pages publié chez Hemeria rassemble plus de 150 images de ces reportages.."Imagine : Reflections on peace" à l'hôtel du Doyen Rue Lambert-Leforestier à BayeuxOuvert tous les jours du 5 au 11 octobreOuvert du mercredi au dimanche du 12 octobre au 1er novembre de 10h à 12h30 et de 14h à 18h - Entrée libre