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Perpignan : Véronique de Viguerie Visa d'or pour "Yémen, la guerre qu'on nous cache"
C'est la première femme en vingt ans : la photographe française Véronique de Viguerie a remporté samedi à Perpignan le prix le plus prestigieux du festival international de photojournalisme, Visa pour l'image, pour sa couverture de la guerre au Yémen.
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Véronique de Viguerie est la première femme à décrocher le Visa d'or Paris Match News depuis 20 ans, et seulement la cinquième depuis la première édition de Visa pour l'image en 1989 de cette manifestation, présentée comme la plus importante consacrée au photojournalisme dans le monde.
"J'ai une pensée particulière pour les 30 millions de Yéménites qui vivent l'enfer chaque jour", a déclaré la lauréate, après avoir reçu la prestigieuse récompense. Interrogée par l'AFP sur cette première distinction d'une femme en deux décennies, elle a répondu : "Il était temps, et je suis encore plus fière."
Les autres nominés étaient Khalil Hamra (Associated Press), né de parents palestiniens, avec "Pourquoi Gaza ?", l'Italien Emanuele Satolli (Time), déjà finaliste dans cette catégorie en 2017, avec "Gaza Border Killings", et Daniele Volpe, né en Italie, avec "Guatemala, le volcan de feu".
Agée de 40 ans, la lauréate qui se présente sur son compte Twitter comme "photoreporter de guerre, mère de deux enfants, blonde et pas stupide", a travaillé en Afghanistan pendant 3 ans. Elle y avait réalisé son premier grand "coup" avec un reportage, qui avait fait polémique à l'époque, sur le commando taliban ayant tué le 18 août 2008 10 soldats français.
Elle succède au Belge Laurent Van der Stockt, couronné pour sa couverture de la bataille de Mossoul (Irak) et à deux photographes de l'AFP, le Grec Aris Messinis et le Turc Bulent Kiliç, pour leurs travaux sur la crise des migrants.
"C'était un reportage (pour Paris Match et Time) très compliqué à faire, une guerre dont personne ne parle. Accéder au Nord Yémen, ce n'est pas impossible mais presque. Cela nous a pris un an" pour avoir toutes les autorisations, explique-t-elle lors d'un entretien avec l'AFP avant la remise du prix. Et puis, il a fallu "travailler avec les (rebelles) Houthis, puis sans les Houthis. Et ensuite repartir, cela a été très compliqué".
Avec sa consoeur rédactrice, la photographe se déplaçait en abaya avec un voile sur le visage : "On a caché tous les signes montrant que nous étions occidentales. Et comme à tous les check-points, ils (les combattants) ne parlent jamais aux femmes, on n'a pas eu besoin de parler, c'était très pratique."
"On est la première génération à revendiquer le droit d'être (photo)reporter mais aussi d'être une femme. Moi je suis maman de deux petites filles." Mais il y a encore des progrès à faire : "Chez certains (collègues masculins), on dirait que le fait d'avoir des femmes reporters qui partent à la guerre leur enlève un peu de leurs attributs. A-t-on besoin d'avoir ses attributs masculins pour partir à la guerre? Je ne pense pas."
Parmi les autres lauréats 2018 figurent les photographes James Oatway (Visa d'Or région Occitanie), Sergey Ponomarev (Visa d'or presse quotidienne), Sabine Weiss (Visa d'Or d'honneur du Figaro Magazine), Valentine Van Vyve et Olivier Papegnies (Visa d'Or de l'information numérique).
Laura Morton a pour sa part remporté le prix Canon de la femme photojournaliste, Marco Zorzanello, celui de la fondation Yves Rocher.
Luis Tato (AFP) a remporté le prix de la ville de Perpignan Rémi Ochlik, du nom d'un photographe tué en 2012 en Syrie. Jérome Sessini est le lauréat du prix Pierre et Alexandre Boulat et Kasia Strek gagné le prix Camille Lepage.
"J'ai une pensée particulière pour les 30 millions de Yéménites qui vivent l'enfer chaque jour", a déclaré la lauréate, après avoir reçu la prestigieuse récompense. Interrogée par l'AFP sur cette première distinction d'une femme en deux décennies, elle a répondu : "Il était temps, et je suis encore plus fière."
Les autres nominés étaient Khalil Hamra (Associated Press), né de parents palestiniens, avec "Pourquoi Gaza ?", l'Italien Emanuele Satolli (Time), déjà finaliste dans cette catégorie en 2017, avec "Gaza Border Killings", et Daniele Volpe, né en Italie, avec "Guatemala, le volcan de feu".
Un premier grand "coup" en Afghanistan
Véronique de Viguerie rejoint donc le club très fermé des autres femmes lauréates du Visa d'Or News : Nadia Benchallal (France, 1994), Carol Guzy (USA, 1995), Yunghi Kim (Corée du Sud, 1997) et Alexandra Boulat (France, 1998). Elle a également remporté le Visa d'or humanitaire du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).Agée de 40 ans, la lauréate qui se présente sur son compte Twitter comme "photoreporter de guerre, mère de deux enfants, blonde et pas stupide", a travaillé en Afghanistan pendant 3 ans. Elle y avait réalisé son premier grand "coup" avec un reportage, qui avait fait polémique à l'époque, sur le commando taliban ayant tué le 18 août 2008 10 soldats français.
Elle succède au Belge Laurent Van der Stockt, couronné pour sa couverture de la bataille de Mossoul (Irak) et à deux photographes de l'AFP, le Grec Aris Messinis et le Turc Bulent Kiliç, pour leurs travaux sur la crise des migrants.
Yémen : des clichés très forts sur un pays dévasté
Les clichés très forts de son exposition "Yémen : la guerre qu'on nous cache" montrent un pays dévasté par des combats ayant déjà fait plus de 10.000 morts et en proie à la plus grave crise humanitaire actuelle : bâtiments en ruine, nourrissons squelettiques, enfants dans la rue avec une kalachnikov etc..."C'était un reportage (pour Paris Match et Time) très compliqué à faire, une guerre dont personne ne parle. Accéder au Nord Yémen, ce n'est pas impossible mais presque. Cela nous a pris un an" pour avoir toutes les autorisations, explique-t-elle lors d'un entretien avec l'AFP avant la remise du prix. Et puis, il a fallu "travailler avec les (rebelles) Houthis, puis sans les Houthis. Et ensuite repartir, cela a été très compliqué".
Avec sa consoeur rédactrice, la photographe se déplaçait en abaya avec un voile sur le visage : "On a caché tous les signes montrant que nous étions occidentales. Et comme à tous les check-points, ils (les combattants) ne parlent jamais aux femmes, on n'a pas eu besoin de parler, c'était très pratique."
Dans certains pays, c'est un avantage d'être une femme
Interrogée sur le photojournalisme, dans lequel les hommes sont encore largement majoritaires, elle a répondu : "Est-ce qu'on a besoin d'être un homme pour faire ce métier ? Certainement pas. Est-ce un avantage d'être une femme dans certains pays comme le Yémen ? Evidemment, car on a accès aux femmes et on peut se cacher sous une abaya, ou une burqa en Afghanistan, et c'est très pratique.""On est la première génération à revendiquer le droit d'être (photo)reporter mais aussi d'être une femme. Moi je suis maman de deux petites filles." Mais il y a encore des progrès à faire : "Chez certains (collègues masculins), on dirait que le fait d'avoir des femmes reporters qui partent à la guerre leur enlève un peu de leurs attributs. A-t-on besoin d'avoir ses attributs masculins pour partir à la guerre? Je ne pense pas."
Parmi les autres lauréats 2018 figurent les photographes James Oatway (Visa d'Or région Occitanie), Sergey Ponomarev (Visa d'or presse quotidienne), Sabine Weiss (Visa d'Or d'honneur du Figaro Magazine), Valentine Van Vyve et Olivier Papegnies (Visa d'Or de l'information numérique).
Laura Morton a pour sa part remporté le prix Canon de la femme photojournaliste, Marco Zorzanello, celui de la fondation Yves Rocher.
Luis Tato (AFP) a remporté le prix de la ville de Perpignan Rémi Ochlik, du nom d'un photographe tué en 2012 en Syrie. Jérome Sessini est le lauréat du prix Pierre et Alexandre Boulat et Kasia Strek gagné le prix Camille Lepage.
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